Dura Lex… Sed Lex… La Loi est dure, mais c’est la Loi… Il arrive même parfois qu’elle puisse être bête… Mais comme quand il était question de réfléchir à ce scrutin inédit et à organiser son déroulement, par le biais d’un dialogue qualifié de politique, de nombreux acteurs politiques avaient opté pour des postures censées illustrer leur validation du «tiokki fin», ils ont bien du mal aujourd’hui à dénoncer les réelles insuffisances d’une loi dont les mailles les ont ligotés et ficelés dans leurs filets d’incohérences et… d’inconséquences.
Ces séquences grand-guignolesques qui ont ponctué la course des candidats à la candidature de l’élection présidentielle du 25 février, sont chargées d’un climat qui confine au paradoxe, voire, c’est un comble, à l’oxymore, puisqu’elles nous ont presque fait oublier qu’il y avait justement… une élection présidentielle dans… 5 semaines.
Il n’y a aucun doute, dans le registre du «dangereusement ridicule», le «ça-m’est-égal», pardon, le Sénégal, tient bien son rang. Le processus électoral a débuté par un improbable «Bal des Prétendants», où 160 candidats ont joyeusement considéré que l’élection présidentielle sous nos comiques latitudes, avait valeur d’élection de «Miss Khawaré» ou de «Mister Nobody».
Les médias, faisant l’émotion, firent focus sur cette exception sénégalaise, et tout ce que nous aurions dû comprendre des nouvelles règles du «parrainasse», passa naturellement sous les radars, confirmant une fois le goût immodéré des Sénégalais pour la gaudriole, le futile et le facile.
C’est alors que dans un amateurisme inquiétant, pour des hommes et des femmes qui ont prétention à diriger le Sénégal, avec des équipes ignorant tout des subtilités cachées dans les lignes de notre Droit constitutionnel, préférant la drague facile des groupements féminins, qui auront bien profité de leur légèreté en se vendant en de multiples enchères, se foutant comme de l’An 40 du caractère délictueux de leurs démarchages soudoyant, nos hommes et nos femmes politiques assumèrent leurs délits qui en achetant des listings, qui en se faisant parrainer par des députés fictifs, virevoltant dans une impréparation étonnante et une stupéfiante désinvolture, pour finir avec des doublons par milliers dans leurs dossiers, de candidats a priori chevronnés, là où des novices comme Anta Ngom ou Serigne Mboup, non rompus aux méthodes des appareils politiques, ont obtenu leurs parrainages, avec une stratégie méthodique, de la sincérité, sans tambour ni trompette et surtout sans bourse délier.
Faisant fi de l’idée qu’on ne peut se prévaloir de ses propres turpitudes, les disqualifiés hurlent au boycott et la fronde prend de l’ampleur, jusqu’au point d’envisager le report du scrutin… Eupeuteleuw !!! Rien que ça ? Une quarantaine de personnalités dont Ousmane Sonko s’est démarqué d’un «not in my name» responsable, parmi lesquels Idrissa Seck, Aminata Touré ou encore Thierno Alassane Sall, saisissent Macky Sall, dénonçant de «graves manquements» lors du contrôle. Ils réclament d’être rétablis dans leurs droits avant le scrutin et souhaitent que l’élection soit reportée afin de permettre aux acteurs de dialoguer pour trouver un consensus. Khalifa Sall est foncièrement contre, et argumente son refus ainsi : «On est à J-45 de l’élection présidentielle et on ne doit même pas penser à un report de cette élection. C’est nous qui avions donné notre accord sur le Code électoral et c’est anormal qu’on parle maintenant de report. C’est trop tard. On ne doit pas accepter qu’on repousse l’élection, ce serait une menace contre la démocratie, et tous les futurs présidents de la République pourront faire pareil. Ils attendront à quelques jours de l’élection présidentielle pour créer des problèmes et exiger un report. C’est pour éviter des situations de ce genre que j’avais décidé de participer au dialogue politique.»
Evitons d’ouvrir la boite du «PAN qui DORT» …
Un report de l’élection présidentielle serait la porte ouverte à de dangereuses aventures. Si à 5 semaines d’une élection inédite et cruciale, où les Sénégalais devront choisir l’homme ou la femme qui va présider à leur destinée et dessiner en le réenchantant, le futur de millions de jeunes en désespérance, nos politiciens font surgir des incertitudes porteuses de tous les funestes possibles, pour prendre le Peuple à témoin et en otage, cela relèverait au mieux de la forfaiture, au pire de non-empathie envers un Peuple sénégalais en danger.
Et comme qui peut le plus peut le moins, au brouhaha diffusant et amplifiant nos incompréhensions sur ce qui motive véritablement nos «zooms polotiks» à mener des bagarres de borne-fontaine, expurgées d’arguments pouvant changer notre destin, mais qui souvent garantissent les leurs, nous avons inventé, exception universelle, singularité mondiale, l’élection présidentielle sans débats. Les Sénégalais, s’ils veulent savoir à quel domoda ils vont être mangés, n’ont que Jakaarlo Bi et Ndoumbélane pour se faire une idée des velléités programmatiques des uns et des autres… à travers les jugements prétentieux et à l’emporte-pièce d’autoproclamés politologues et de squatters de plateaux télévisés. Tout simplement parce que nos législateurs abscons ont décidé que durant ce qu’ils appellent la pré-campagne, tout propos de candidat sera estampillé «propagande» et que ce n’est qu’à partir du 5 février que nous aurons la chance d’écouter, juchés sur leurs bruyants camions-scènes, nos hommes et femmes candidats, délivrer leurs obscures paroles, tartinées de toute la démagogie et du populisme dont ils vont habiller leurs prétentieuses incompétences.
Jamais au Sénégal une élection présidentielle n’aura autant exigé que les citoyens de ce pays aient droit à un véritable et sérieux débat, propre à éclairer nos choix des futurs porteurs de paix, de concorde et de Nation réconciliée. C’est la continuité des parrainages, c’est un tirage au sort, ce n’est pas une élection. Rien ne va plus… Faites vos jeux !!! Le Sénégal est un grand Casino. Rempli de «machines à fous»…
Jean-Pierre CORREA