Au total, 313 réfugiés mauritaniens vont recevoir leur décret de naturalisation. La célébration, hier, de la Journée mondiale des refugiés a été l’occasion pour le Comité national de gestion des refugiés, personnes déplacées et apatrides (Cnrpd) de procéder à une remise symbolique.Par Mame Woury THIOUBOU –
Sur près de 11 mille réfugiés qui vivent au Sénégal, la grande majorité sont des refugiés de la Mauritanie, arrivés au Sénégal à cause de la crise de 1989. Plus de trente ans après, certains d’entre eux, qui ont opté pour la naturalisation, voient enfin le bout du tunnel. L’aboutissement d’un long combat. Hier, à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale des refugiés, le Comité national de gestion des refugiés, personnes déplacées et apatrides (Cnrpd) a remis symboliquement des décrets de naturalisation à certains d’entre eux.
Samba Ousseynou Diallo est l’un des bénéficiaires. Natif d’un petit village près d’Ogo, situé dans le département de Matam, il est arrivé au Sénégal en 1989. Aujourd’hui, il n’envisage plus son avenir qu’au sein de la Nation sénégalaise. En recevant son décret de naturalisation, le désormais chef du village de Wouro Ousseynou ne cache pas sa joie et son optimisme. «Je ne compte pas retourner en Mauritanie. Ici, je n’ai vu que de la bonté autour de moi et ce décret va me permettre d’avoir accès à des terres pour y vivre et cultiver», dit-il. Au total, ce sont 313 réfugiés qui ont reçu leur décret de naturalisation. Et selon le Vice-amiral Omar Wade, chef d’Etat-major particulier du président de la République et président du Cnrpd, près de 400 autres refugiés recevront leur décret de naturalisation cette année. Ces actions, dit-il, ouvrent la voie à une meilleure intégration socio-économique de ces personnes qui ont quitté leur pays, parfois dans des conditions d’extrême précarité. «Cette journée d’aujourd’hui est placé sous le signe de la solidarité, pour que ces gens qui ont cherché à s’établir dans notre pays, après avoir fui leurs patries, soient dans des conditions de vie satisfaisantes, que leurs droits fondamentaux, santé, éducation et le droit à un environnement sûre soient garantis», souligne l’Amiral Wade. Il rappelle d’ailleurs que le thème de cette année, axé sur la solidarité, est en phase avec la politique du Sénégal qui a pris l’option d’intégrer les réfugiés dans le pays. Et à ce titre, la révision de la Loi 2022-01 vient renforcer la protection juridique de cette couche de la population.
La Journée mondiale des refugiés, placée cette année sous le thème de la solidarité : «Pour un monde qui accueille les réfugiés», a été célébrée au Centre international du commerce extérieur de Dakar (Cices). L’occasion était belle pour Lambert Koliti, président du Comité des réfugiés résidant au Sénégal, d’égrener une série de doléances. Et parmi elles, justement, la lenteur du processus de naturalisation. Entre 2019 et aujourd’hui, rappelle M. Koliti, seules 319 personnes ont été naturalisées. «L’accès au rapatriement volontaire lorsque les conditions le permettent, l’inclusion des refugiés à tous les niveaux et aussi l’insertion des jeunes diplômés et autres opportunités pour l’entreprenariat, l’accès aux financements de l’Etat, à la terre pour les ruraux, à la Couverture maladie universelle, la création d’un centre d’accueil dédié aux réfugiés.» Selon M. Koliti, nombre de réfugiés sont obligés de dormir dans des conditions précaires, sans accès à des services essentiels tels que l’hébergement, les soins de santé et l’éducation. Sur ce dernier point, c’est la petite Fatou Gaye, grande gagnante du Concours de poésie de cette année, qui porte le plaidoyer. En effet, cette année, le Haut-commissariat aux refugiées (Hcr) n’a accordé aucune bourse aux enfants des réfugiés. «Les bourses scolaires aidaient des élèves à payer inscription et fournitures», dira cette jeune élève.
Il faut dire que le Hcr, qui fait face à l’érosion de ses ressources et à la multiplication des foyers de tensions, n’a pas les moyens, présentement, de satisfaire cette doléance, indique le représentant à Dakar, Ali Mahamat. Lisant le message du Haut-commissaire, M. Mahamat a relevé qu’au moment où les crises se multiplient, «le droit d’asile est menacé». Et des zones comme le Soudan, où 700 milles personnes ont fui dans les pays voisins comme l’Ethiopie, le Tchad, l’Egypte, viennent ainsi conforter l’idée selon laquelle les 3/4 des réfugiés dans le monde vivent dans des pays à revenus modestes.
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