Dans les régions de Saint-Louis, Matam, Tambacounda et Kédougou, la montée des fleuves Sénégal et Gambie reste une menace permanente. L’Etat tente d’apporter des solutions pour essayer de limiter les crues de ces cours d’eau.Par Dieynaba KANE – 

Le gouvernement s’est penché sur la gestion des crues au niveau des fleuves Sénégal et Gambie lors d’un Conseil interministériel tenu mardi. Dans un document sur cette rencontre, l’on note que le Premier ministre a pris un certain nombre de décisions.
Ainsi, il est souligné que le «ministre des Infrastructures et des transports terrestres et aériens, en relation avec les ministres chargés du Commerce et de l’Hydraulique et de l’assainissement, dans le prolongement des mesures conjoncturelles déjà déployées, mettra en place des mesures structurelles de sécurisation du corridor Dakar-Bamako, notamment à hauteur de Kidira». Ce, soulignent les auteurs du document, «pour éviter tout arrêt de la circulation sur celui-ci».
Il est indiqué que «d’ici fin septembre 2024 au plus tard», le ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique, en relation avec ceux des Forces armées, de l’Hydraulique et de l’assainissement, de la Famille et des solidarités, de l’Urbanisme, des collectivités territoriales et de l’aménagement des territoires, de l’Agriculture, de la souveraineté alimentaire et de l’élevage, des Infrastructures et des transports terrestres et aériens, «élaborera un plan d’urgence de riposte pour faire face aux crues exceptionnelles». De même, les services du gouvernement informent qu’au «plus tard en fin mars 2025, le ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique, en relation avec les autres ministres cités supra, élaborera des fiches détaillées sur les quartiers, les populations, les établissements publics, les espaces agricoles et autres installations susceptibles d’être impactés par les crues des fleuves ou tout autre phénomène naturel relatif aux comportements des fleuves, en vue de la mise en place de plans de contingence pour faire face à d’éventuelles catastrophes».
Au-delà de ces mesures, il est demandé au ministre des Finances et du budget, à celui de l’Urbanisme, des collectivités territoriales et de l’aménagement des territoires, ainsi qu’à leur collègue de l’Hydraulique et de l’assainissement, d’établir «la cartographie précise des zones à risque d’inondations pour permettre de planifier l’aménagement dans les bassins fluviaux du Sénégal et de la Gambie». L’objectif, renseignent les auteurs du document, «étant d’interdire toute construction et certaines activités agricoles inadaptées sur les rives des cours d’eau, notamment les lits majeurs, mais aussi les plaines d’inondations, les bas-fonds ou les cuvettes qui sont les réceptacles naturels du trop-plein d’eau des fleuves, ainsi que de prévoir des zones tampons pour la dispersion des crues». Le Pm a aussi donné des instructions afin que des dispositions utiles soient prises «pour interdire les lotissements sur les défluents du fleuve Sénégal au niveau de la région de Saint-Louis, notamment dans les quartiers de Khar Yalla et de Médina Chérif qui doivent être libérés par les sinistrés». «Dans ce cadre, les actions idoines devront être mises en œuvre en vue de favoriser la réinstallation planifiée et volontaire des populations établies dans les lits majeurs ou zones à haut risque d’inondations.
Cette stratégie doit être accompagnée d’une mise en place d’infrastructures et de services sociaux de base», a-t-on fait savoir dans le document. Le gouvernement a aussi prévu de réaliser, «au courant de l’année 2025, les travaux de protection» et «les initiatives de déplacement de sinistrés d’un coût de près deux 2 milliards identifiés au niveau de certaines localités du Nord, à savoir les villages de Donaye, d’Aram, de Bokissaronkobé, de Ngouye et Kharé, ainsi que les communes de Richard-Toll, Matam, Thilogne et Saint-Louis».
Par ailleurs, dans le but de renforcer la coopération entre les pays traversés par les fleuves Gambie et Sénégal, le ministre de l’Hydraulique et de l’assainissement, en relation avec sa collègue de l’Intégration africaine et des affaires étrangères, «entreprendra toutes les diligences nécessaires pour un suivi et une surveillance hydrologiques intégrés des bassins à travers la mise en place d’un réseau commun ultra moderne de stations hydrométriques accessibles à l’ensemble de nos services». Cette même démarche, renseigne la Primature, «devra être adoptée pour la conduite d’études conjointes sur les effets futurs du changement climatique sur les régimes hydrologiques des fleuves Sénégal et Gambie pour mieux anticiper sur les crues et adapter les stratégies de gestion en fonction des projections climatiques». Il est également prévu d’entreprendre, en relation avec l’Omvs et l’Omvg, «les démarches nécessaires pour la tenue de rencontres réunissant les Etats membres de ces organisations pour une évaluation et une revue conjointes des problématiques actuelles des fleuves Sénégal et Gambie, et pour prendre des mesures appropriées».
Le gouvernement a également annoncé, lors de cette réunion, qu’avant «le début de l’hivernage 2025, et au plus tard à fin avril 2025, le ministre de l’Hydraulique et de l’assainissement, le ministre des Infrastructures, des transports terrestres et aériens et le ministre des Finances et du budget devront prendre les dispositions appropriées pour moderniser et renforcer les réseaux de surveillance hydrologique et météorologique de la Direction de la gestion et de la planification des ressources en eau et de l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (Anacim)». Il précise que «les systèmes d’alerte précoce basés sur des modèles de prévision des crues devront être accessibles aux populations et aux porteurs d’activités via des technologies appropriées».
Pour ce qui est de «la réalisation d’ouvrages et d’aménagements, ainsi que la mobilisation des ressources financières requises», il est indiqué que «le ministre de l’Hydraulique et de l’assainissement entreprendra, auprès de l’Omvs, les diligences nécessaires pour faire accélérer les travaux du barrage de Sambangalou et faire démarrer ceux des barrages de Gourbassi et Koukoutamba, ainsi que les endiguements de Diama qui auront un impact considérable sur la régulation des débits des fleuves, la lutte contre les inondations et la gestion des crues». Et les auteurs du document de préciser : «En appui à cette démarche, les ministres chargés de l’Economie et des Finances veilleront, chacun en ce qui le concerne, à la libération des contributions financières ou à la formulation des requêtes de financement relevant de l’Etat du Sénégal.»
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