3 ans après son décès, Randy Weston a reçu un hommage posthume de son ami Bara Diokhané. A l’aide d’une tablette et d’un smartphone, l’avocat et ami de plus de 40 ans du célèbre pianiste a projeté le 1er septembre à Ngor un documentaire sur ce monument du panafricanisme. «Randy Weston, un Africain né en Amérique» est un documentaire que la jeunesse doit impérativement voir. Par Malick GAYE –

«Il y a beaucoup d’intermédiarités et d’intertextualités dans la poésie et dans les repères du film. Il y a une symbolique qui est liée à ce film. C’est un Africain qui rend hommage à un Africain d’Amérique, en faisant ressortir tout le combat de Randy Weston, l’attachement viscéral de Randy à l’Afrique et le fait de le célébrer de son vivant. Ce film est une autre forme de célébration.» Le décor est campé par l’homme de lettres. Le Professeur  Magueye  Kassé vient de résumer le film documentaire Randy Weston, un Africain né en Amérique. Projetée en avant-première mondiale à la maison Yadikoone sur l’île de Ngor, cette œuvre est une invite dans la vie du célèbre jazzman. Bara Diokhané, ami depuis 40 ans de Randy Weston, n’a utilisé qu’une tablette et un smartphone pour le réaliser. C’est une façon de lui rendre hommage, trois ans après son décès. Dans ce documentaire, Bara Diokhané s’est plus appesanti sur le combat du pianiste. Pour lui, sa reconnaissance de la civilisation noire est un préalable dans ce concert des Nations. Depuis ses débuts dans la musique, en passant par ses liens avec le Sénégal et Cheikh Anta Diop, le réalisateur sollicite l’envie de découvrir cet homme qui a passé plus de 70 ans à ce combat. Il était certes grand, mais ça n’a jamais été une histoire de taille pour Randy. La partie la plus émouvante de ce documentaire est sans doute quand les cendres du légendaire jazzman furent jetées à l’eau par sa femme Fatoumata Weston au Sénégal. C’était un vœu de celui qui avait une maison à Mbao et qui s’est toujours considéré comme un Sénégalais à part entière.
D’origine jamaïcaine, mais né à Brooklyn, Randy Weston a très vite plongé dans l’univers du jazz. Il côtoie les grands tels que Duke Ellington, Count Basie ou encore Thelonius Monk. Suite à son album Uhuru Afrika,  composé à partir de percussions et de rythmes africains, il part vivre en Afrique dans le but de renouer avec ses origines. Le Nigerian festival est alors pour lui l’occasion de découvrir comment des artistes de styles très différents (jazz, blues, samba…) conservent dans leur jeu leur héritage africain. Depuis, il n’a cessé de mêler jazz et musique africaine.
Depuis son premier enregistrement Cole Porter in a modern mood, Randy Weston n’a cessé de composer et de se produire sur la scène mondiale. Sa renommée le conduit sur la scène de nombreux festivals tels que le Festival panafricain de danse où il est ambassadeur culturel, le Panama jazz festival ou le Queen Elizabeth Hall à Londres avec le BBC big band. Il reçoit de nombreux prix tout au long de sa vie et est nommé «Docteur honoris causa» par le Brooklyn College en 2006, le Colby College de Waterville en 2012 et le New England Conservatory de Boston en 2013. Il s’est produit sur la scène mondiale, accompagné par son African Rythms Club. Ce même orchestre l’a accompagné jusqu’à sa dernière demeure.
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