Cinéma – 6e festival Films Femmes Afrique : Les urgences climatiques en réflexion
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La sixième édition du festival Films Femmes Afrique, qui marque les 20 ans d’existence de cet évènement cinématographique, organisé par l’Association Trait d’Union, a démarré à Dakar ce vendredi. Pendant une semaine à Dakar et une autre dans les régions, le public va pouvoir apprécier près de 70 films. Jusqu’au 4 mai prochain, projections, panels et rencontres permettront de réfléchir sur le thème de cette année : «Urgence climatique et paix.»
En 20 ans, le festival Films Femmes Afrique a eu le temps de grandir. L’édition 2024 en est la preuve. Des films de haute facture, des invitées venues de plusieurs pays du monde. L’ouverture du festival ce vendredi a été l’occasion pour une de ses fondatrices et présidente, Martine Ndiaye, de mesurer le chemin parcouru. De la première édition dédiée aux violences faites aux femmes à la thématique de cette année : «Urgence climatique et paix», le festival a su, d’une année à l’autre, mettre en lumière un septième art par les femmes, mais aussi pour les femmes. «Pour nous, le cinéma, c’est d’abord faire honneur au public et avant tout, lever le voile sur la vérité du monde, se poser des questions sur les droits des femmes, sur nos habitudes de vie, se sentir solidaire des femmes du monde entier», a souligné la directrice du festival, Martine Ndiaye, au cours de la cérémonie d’ouverture accueillie par le Cinéma Pathé. En 20 ans, ce sont des destins de cinéastes qui se sont écrits à Dakar mais aussi dans les régions. Pour cette édition 2024, les 70 films de la sélection, en compétition et hors compétition, seront projetés à Dakar pendant une semaine, mais aussi pendant une autre semaine dans 11 localités du pays dont Ngaparou, Mbour, Sédhiou, Ziguinchor, Bargny ou Kolda.
Ces projections permettront aux différents jurys de départager les films en compétition. Cette année, le jury professionnel est présidé par la réalisatrice nigérienne multiprimée, Aïcha Macky. A ses côtés, l’Ivoirienne Naky Sy Savané, les Sénégalais Berthe Da Sylva et Yoro Niang. Un jury de la critique, composé de Adama Aïdara Kanté, Théodora Sy Sambou et Bathie Samba Diagne, sera également à l’œuvre aux côtés d’un jury de lycéennes à qui reviendra la tâche de primer le meilleur court métrage de la compétition.
Le thème de cette édition : «Urgence climatique et paix» est d’autant plus actuel, rappelle Martine Ndiaye, que 80% des refugiés climatiques dans le monde sont des femmes. A côté, une jeunesse de plus en plus consciente du péril ne cesse de demander des mesures fortes. «Nous constatons depuis plusieurs années que les peuples, particulièrement les jeunes de notre planète, manifestent un intérêt considérablement accru pour sa protection. Les jeunes, à juste raison, nous accusent et nous demandent des comptes. Ils demandent ce que nous allons leur laisser. La culture n’est pas tout, mais elle nous dit de cultiver notre humanité», souligne Mme Ndiaye. Devant les nombreux cinéphiles qui avaient envahi le Cinéma Pathé, la ministre de la Jeunesse, des sports et de la culture a souligné l’importance de cette thématique. «Le festival a mis le doigt sur les préoccupations de toutes les régions du globe», souligne Khady Diène Gaye. La ministre a ainsi pris l’engagement d’accompagner toutes les initiatives dans le domaine du cinéma à travers le Fonds de promotion de l’industrie cinématographique (Fopica) dont elle compte «améliorer les performances».
«Goodbye Julia» en ouverture
Julia est noire et vient du Sud Soudan. Noura est arabe du Nord. A Khartoum, Noura vit dans une cage dorée aux côtés de son mari Akram. Le ménage ne semble pas si heureux que ça. Mais quand la tragédie arrive, le couple plonge encore plus dans la mélancolie. L’arrivée dans leur vie de Julia et de son fils va ouvrir des portes. La question du racisme entre Arabe et Noir est traitée avec subtilité dans cette belle proposition de Mohamed Kordofani. Goodbye Julia, qui a fait sensation au dernier Festival de Cannes, a ouvert les projections de cette 6e édition du festival Films Femmes Afrique. D’autres pépites du cinéma seront aussi à l’honneur. Il y aura notamment le film de la Tunisienne Kaouther Ben Hania, Les filles d’Olfa, prévu le jeudi soir au Centre culturel français. Le Spectre de Boko Haram de la Camerounaise Cyrielle Raingou, L’envoyée de Dieu de la Nigérienne Amina Mamani Abdoulaye, No simple way de la Sud-Soudanaise Akuol de Mabior, Sira de Apolline Traoré, Xalé de Moussa Sène Absa ou encore Coconut head génération du Nigérian Alain Kassanda, La promesse d’Imane de la Canadienne-Algérienne Nadia Zouaoui et Big Little women de l’Egyptienne-Suisse Nadia Farés, Banel et Adama de Ramata-Toulaye Sy, Amchilini du Tchadien Alamine Kader et 20 ans après de Moussa Touré.
A côté des projections, un village du festival sera accueilli pendant deux jours par la mairie de Dakar. Occasion de permettre à près de 500 élèves de faire des activités ludiques et pédagogiques autour de l’écologie. Ces activités seront clôturées par un panel sur la question de l’eau, ce mardi.
Par Mame Woury THIOUBOU – mamewoury@lequotidien.sn