Monsieur le directeur de la publication, dans votre édition du 21 octobre 2021, vous avez publié, à la rubrique «Opinions et débats», une tribune signée par quatre cinéastes et intitulée « Mauvais film à l’Organisation internationale de la Franco­phonie (Oif)». Ce texte, mettant gravement en cause l’action de notre organisation en faveur des cinémas du Sud nous a paru mériter une réponse car il comporte un grand nombre d’allégations fausses ou trompeuses que nous nous permettons de rectifier ci-après.

«Un règlement en date du 5 mars 2020 limite le nombre d’aides à la production dont peut bénéficier un réalisateur.»
FAUX. L’article du règlement du Fonds Image de la Francophonie auquel il est fait référence a été introduit en 2017 et non en 2020. Il visait à donner plus de place aux jeunes professionnels, objectif qui a été atteint, deux ans plus tard, par une autre mesure, plus efficace : l’introduction d’une procédure d’aide au développement de projets. Le bien-fondé de la limitation du nombre d’aides à la production a été questionné en 2020 par un collectif de professionnels et, à la suite d’une réunion de concertation, l’Organisation internationale de la Franco­pho­nie s’est engagée à le retirer en 2021.

«On réduit drastiquement le montant des subventions accordées aux projets des pays d’Afrique subsaharienne au motif de l’obtention automatique du «bonus Acp» pourtant supposé accroître les moyens de produc­tion. L’art de trans­former un bonus en malus et d’en faire une variable d’ajustement.»
FAUX. Les montants octroyés par l’Organisation internationale de la Franco­phonie à des projets de films et de séries d’Afrique subsaharienne sur son propre budget s’élevaient à 555 000 € en 2019 (avant l’introduction du supplément d’aide sur fonds européens appelé «bonus Acp»). Ils ont atteint 578 000 € en 2020 et 639 000 euros en 2021. La progression est encore plus spectaculaire si l’on inclut les Caraïbes et le Pacifique, également concernés par les financements européens.

«On supprime dans une première version du règlement, avant de se dédire, l’aide au développement aux cinéastes de Djibouti, du Gabon, du Cameroun, de la Côte d’Ivoire, de la Mauritanie, du Sénégal, du Cap-Vert, du Congo, au motif que ces pays ont un Pib trop important.»
FAUX. Le Fonds Image de la Francophonie ne disposait d’aucune procédure de demande d’aide au développement avant 2019. Cette procédure a été introduite cette année-là pour un nombre limité de pays (les pays à faible revenu par habitant) avant d’être élargie en 2020 à l’ensemble des Etats Acp, suite à un accord entre l’Organisation internationale de la Francophonie et l’Orga­nisation des Etats Acp. Il n’y a donc jamais eu de retour en arrière, bien au contraire.

On décide que dorénavant, les représentants de l’Oif, présents dans les commissions, composées de professionnels, prendront part au vote, contrairement aux usages de la plupart des fonds et du précédent règlement qui réservait aux fonctionnaires de l’Oif un rôle d’observateurs et de conseillers techniques.
FAUX. Le règlement du Fonds d’aide de l’Organisation internationale de la Franco­phonie a toujours stipulé qu’un membre de l’Organisation prenait part aux commissions de sélection en tant que membre permanent. Il dispose donc d’une voix sur les sept voix qui s’expriment dans chaque commission.

Que dire de cet autre nouveau fonds, intitulé Oif -TV5, dont un des articles stipule que les œuvres de fiction long métrage doivent être parlées majoritairement en français et, pour les autres genres (court métrage, documentaire et série), la langue usitée doit être le français intégralement ? Ce règlement impose la langue française à des œuvres originales de di­vers pays en violation du plurilinguisme inscrit dans la charte de l’Organisation internationale de la Fran­co­phonie, sans qu’aucun organe interne de supervision ne s’en soit alarmé.
FAUX. Le Fonds Franco­phonie TV5MONDEplus soutient des œuvres tournées majoritairement en français parce qu’il vise à augmenter la place des productions du Sud sur la plateforme TV5MONDE­plus,  qui propose des œuvres en langue française. Mais ce nouveau guichet n’enlève pas un euro au Fonds Image de la Francophonie, qui demeure le principal outil de financement de l’Organisation internationale de la Franco­phonie et soutient des œuvres où toutes les langues des pays bénéficiaires peuvent être utilisées. L’action de l’Organisation a toujours reposé sur deux piliers : la défense de la langue française, langue commune des Etats membres, et la promotion de la diversité culturelle et linguistique.

S’il est un organisme où la notion de diversité ethnique et de genre est consubstantielle à sa nature, l’Oif devrait être un modèle du genre.
TRES CONTESTABLE. L’Organisation internationale de la Francophonie n’a jamais eu recours à la notion de «diversité ethnique» mais plutôt à celle de diversité culturelle et linguistique, notion beaucoup plus ouverte et positive. La culture n’est pas seulement une donnée dont on hérite comme un patrimoine génétique ou un arbre généalogique, c’est un univers auquel on peut adhérer sans en avoir hérité, c’est aussi un espace que l’on peut soi-même créer et enrichir.

Le choix du coordinateur du programme Acp au sein de l’Oif, poste éminemment important, n’aurait-il pas dû faire l’objet d’un appel à candidatures trans­­parent, public, res­pectant l’équité et ouvert à toute la zone géographique des pays Acp ou, à tout le moins, aux pays francophones ?
La question est légitime mais les textes régissant le fonctionnement de l’Organisation in­terna­tionale de la Franco­phonie permettent, à titre exceptionnel, un recrutement sans aucun appel à candidatures pour des postes financés sur des fonds extérieurs au budget général de l’Organisa­tion. Toutefois, dans le cadre du projet Clap Acp, cette possibilité, destinée à permettre une mise en œuvre rapide de projets faisant l’objet d’un engagement sur un calendrier contraignant, n’a pas été utilisée. L’Organisation a tenu à procéder à un appel à candidatures restreint. Le profil du poste à pourvoir a été adressé à 26 professionnel(le)s de 11 nationalités différentes. Douze d’entre eux/elles, de huit nationalités différentes, se sont porté(e)s candidat(e)s et le choix proposé par la Direction de la Langue française et de la Di­versité des cultures francophones de l’Organisation internationale de la Francophonie, après pré-sélection sur dossiers et entretiens, a été validé par l’Admi­nistratrice de l’Organisa­tion.
Si l’action de l’Organisation internationale de la Franco­phonie faisait l’objet des «dérives néfastes» évoquées par les auteurs de la tribune que vous avez publiée, comment expliquer que 27 films et séries soutenus par le Fonds Image de la Francophonie aient été programmés lors de l’édition du Fespaco qui vient de s’achever, soit 40 % de plus que lors de l’édition précédente. Et comment expliquer que 12 de ces films et séries aient reçu des prix ou des mentions, soit 100 % de plus que lors de l’édition précédente ?
L’Organisation internationle de la Francophonie