Dakar a son Festival international de courts métrages. Depuis ce lundi, une quinzaine de courts métrages venus de la Tunisie, de la Suisse, de la France entre autres sont projetés dans la capitale. Une initiative de l’Asso­ciation Cinéma rekk.

Un peu partout dans le monde, des festivals mettent à l’honneur le court métrage. Désormais, le Sénégal a le sien. La première édition du Festival international de courts métrages, Dakar court, a démarré hier. Grand-messe du cinéma organisée par les jeunes cinéastes de l’Association Cinéma rekk, le festival a démarré par un hommage aux anciens. Ainsi, ce sont les films de Ousmane William Mbaye, Ben Diogoye Bèye et Mansour Sora Wade qui ont ouvert le bal. Dakar clando, Les princes de Saint Germain des Près et Picc mi ont ainsi reconnecté les générations de cinéastes le temps de la projection. Pour le président de Cinéma rekk, Moly Kane, le pari est d’ores et déjà réussi. «Etant jeune, notre devoir c’est de donner du respect aux aînés. Ce sont des sages et ils ont accepté de nous accompagner», se réjouit le jeune cinéaste. Il faut dire que ce genre de festivals manquait cruellement au calendrier culturel de la région. Raison pour laquelle, avec le soutien de plusieurs partenaires, les membres de Cinéma rekk se sont investis dans la tâche. «Il y a deux ans, on a rencontré des amis du festival de Clermont Ferrand. C’est le plus grand festival de courts métrages au monde et ils ont vu qu’au Sénégal, les jeunes se débrouillent pour faire des films. Il y a des collectifs partout à Diamniadio, Ziguinchor, Saint-Louis, Colonne vision de Thiès, Ciné banlieue, Ciné Imax. Et aussi à Banjul en Gambie. Du coup, nous nous sommes dit pourquoi ne pas réunir nos énergies et nos forces pour mettre en place ce festival pour promouvoir le court métrage», explique Moly Kane. Selon le président de Cinéma rekk, l’importance prise par ce format ces dernières années justifie amplement l’organisation d’une telle manifestation. «Le format court métrage est très important et des jeunes font des films même avec leurs téléphones portables ou leurs petites caméras, et ces films honorent aujourd’hui le Sénégal. Récemment, Pape Bounama Lopy a eu le Tanit d’argent au Festival de Carthage. Moi je viens du Clap ivoire d’Abidjan avec 5 prix», souligne M. Kane. Venu présider la cérémonie, le conseiller technique du ministre de la Culture, M. Aziz Dieng, n’a pas manqué de saluer «le bouillonnement et la vitalité remarquable du secteur cinématographique ces trois dernières années». Selon M. Dieng, c’est là un gage d’espoir pour l’avenir de l’image animée au Sénégal. Il en veut pour exemple l’allocation de 90% des ressources du Fonds de promotion de l’industrie cinématographique (Fopica) à des jeunes, dit-il. Seulement, regrette Moly Kane, tous ces efforts n’ont pas encore suffi pour mettre en place une véritable industrie du cinéma dans le pays.
Au total, une quinzaine de films de la Tunisie, de la Suisse, du Burkina Faso, du Togo, de la France et du Sénégal sont en compétition pour le Grand prix du festival dédié à Djibril Diop Mambety, le prix du meilleur film francophone, celui du meilleur film sénégalais dédié à Annette Mbaye d’Erneville et le prix du public. Dakar court, c’est également des rencontres professionnelles entre les jeunes et les professionnels du secteur. «Nous avons démarré les rencontres professionnelles ce lundi avec ‘’Talent court’’, un programme du Centre national du cinéma français (Cnc), de Unifrance et des professionnels de l’audiovisuel. Pendant 5 jours, ils vont encadrer 30 jeunes du Sénégal venus de toutes les régions. Ces jeunes vont participer à des master class et des ateliers d’écriture de scénarios. Ils ont pris un des films de notre doyen Alain Gomis, Petite lumière. Ces jeunes vont relire le scénario, le réécrire à leur manière et le réaliser pour le montrer à la fin.» Des tables rondes sont aussi au programme. Elles concernent le court métrage, l’exploitation et la production de films, mais aussi un zoom sur les métiers du cinéma, informe Moly Kane.

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