«Sembène, la plume et la caméra» est l’intitulé du film documentaire réalisé par Coumba Diakhaté Mar, journaliste à la Rts. Dans ce projet, elle met l’accent sur l’œuvre littéraire et cinématographique de Sembène Ousmane. Cela, pour pousser les jeunes à découvrir le «père du cinéma africain», surtout dans le domaine de la littérature. Par Ousmane SOW –
La troisième édition du festival de cinéma «Camera 72» : Les Journées du documentaire artistique de Dakar s’est achevée avec la projection de deux films documentaires. Sembène, la plume et la caméra de Coumba Diakhaté Mar, journaliste sportive à la Radio Télédiffusion sénégalaise (Rts), et Cadences d’une danse de Cheikh Sadibou Diagne. Dans Sembène, la plume et la caméra, Coumba Diakhaté Mar met l’accent sur l’œuvre littéraire et cinématographique du «père du cinéma africain», Sembène Ousmane, avec ce qu’il a laissé comme héritage aux jeunes générations. Ce documentaire-reportage de 26 minutes a été réalisé dans le cadre de la célébration du centenaire de la naissance de Sembène Ousmane. Une idée qui vient du Directeur général de la Radio Télédiffusion sénégalaise, Racine Talla. C’est ce qu’a fait savoir la journaliste Coumba Diakhaté Mar, lors de la clôture du festival de cinéma «Camera 72», organisé par le journaliste culturel Alioune Diop. «Racine Talla m’a appelée et m’a dit : «Coumba, dans le cadre du centenaire de Sembène, tu me fais des propositions et on va voir». Et du coup, quand j’ai fait la proposition du sujet, il a tout de suite validé. Et il a mis les moyens en me disant qu’au-delà du journal télévisé, tu peux faire un film sur Sembène Ousmane», a expliqué Coumba Diakhaté Mar, après la projection du film au Grand Théâtre Doudou Ndiaye Rose.
Premier coup d’essai, coup de maître
Cependant, la journaliste sportive voulait juste travailler pour le compte du journal télévisé et la production de la Rts, mais ne s’attendait pas à ce que le film sur l’œuvre de Sembène puisse avoir une telle ampleur. Une surprise ! «C’est une grande surprise pour moi quand Alioune Diop m’a appelée pour me dire qu’il voulait projeter le film que j’ai réalisé sur Sembène Ousmane au festival. Donc, c’était juste un coup d’essai parce que ce n’était même pas destiné à un festival mais pour le journal», a affirmé Mme Coumba Diakhaté Mar. Pour la journaliste sportive, entre le sport et la culture, il n’y a pas de barrières. «J’ai toujours aimé la culture, même si le sport est mon domaine de prédilection dans le cadre de mon métier de journaliste», a-t-elle précisé. Dans ce film, elle illustre par des images d’archives et témoignages, la vie et l’œuvre de Sembène Ousmane, grand pionnier de la littérature et du cinéma africain. L’objectif du documentaire, dira-t-elle, c’est de pousser les jeunes à découvrir Sembène, surtout dans le domaine de la littérature. «Mieux faire connaître Sembène qui a beaucoup œuvré dans la littérature africaine, c’était mon objectif car l’œuvre de Sembène m’a beaucoup marquée. Sembène, c’est quelqu’un qui est engagé socialement et politiquement. Et ça, on le ressent dans son œuvre», raconte la réalisatrice. A l’en croire, Sembène Ousmane s’est toujours battu pour améliorer les conditions des Africains et surtout aussi de la femme. Et pour toucher le plus grand nombre, il choisit le cinéma, tout en poursuivant sa carrière d’écrivain. «Il avait deux moyens pour pousser l’Afrique au développement : la caméra et la plume. D’où le titre du documentaire», justifie la journaliste de la Rts. En réalisant ce documentaire, Coumba Diakhaté Mar lance un appel aux autorités étatiques pour qu’elles fassent des efforts afin de mieux préserver encore le «patrimoine Sembène». Elle plaide également pour la réhabilitation de la maison du cinéaste, Galle Ceddo, qui se trouve aujourd’hui dans un état de délabrement très avancé comme le démontre le film. «On a perdu le patrimoine de Sembène. Beaucoup de ses œuvres sont aujourd’hui aux Etats-Unis, à l’Université d’Indiana. Tout le monde est interpellé», s’indigne-t-elle. En tant que réalisatrice, elle s’est rendu compte après ce film que Sembène, malgré toutes les difficultés qu’il a eues, dit-elle, «a réussi à être pionnier dans la littérature, pionnier dans le cinéma en Afrique. Il a su être résilient».
Sembène, une école pour les jeunes et les panafricains
En écho, à la fin de la projection, le journaliste Alioune Diop se dit également très satisfait de cette troisième édition de «Camera 72», tournée autour de la restitution des biens culturels africains. «Je crois qu’on peut dire que l’objectif est atteint si on tient compte de la diffusion du programme qui a été prévu», souligne-t-il. Comme à chaque activité, le journaliste culturel dédie un après-midi spécial à la Rts qui, d’ailleurs, a produit ce film de Coumba Diakhaté Mar, qui rentre dans le cadre du centenaire de la naissance de Sembène Ousmane. Parlant de ce dernier, Alioune Diop dira : «Sembène Ousmane, c’est une école. Une école pour les jeunes. Une école pour les panafricains comme nous tous.» Le travail de Sembène, a-t-il révélé, était basé sur le panafricanisme. «Il ne parlait pas pour le Sénégal mais pour l’Afrique. Aussi bien dans le domaine de la littérature que dans le domaine du cinéma, Sembène reste pour moi un modèle. Et je crois que si on suit attentivement son œuvre, on ne peut qu’en tirer quelque chose de bénéfique», conclut-il.