Cinéma – Nouvelles salles : Le Sea Plaza ouvre son «Seanema»

Après Canal Olympia, le Complexe Sembène du Magic Land et Pathé Cinéma, voilà le Groupe Teylium qui arrive avec un ensemble de 3 salles de 810 places au total, logées au cœur du centre commercial Sea Plaza. Pour lancer le complexe, le film «Xale, les blessures de l’enfance» de Moussa Sène Absa a été projeté.
Par Mame Woury THIOUBOU – Petit à petit, l’oiseau fait son nid. Et petit à petit, le Sénégal installe une industrie cinématographique. Après Canal Olympia, le Complexe Sembène Ousmane et les Cinémas Pathé, voici que le Sea Plaza se dote également de salles. Les trois nouveaux espaces d’une capacité totale de 810 places, ont été inaugurés ce jeudi. Cerise sur le gâteau, c’est le tout dernier film du réalisateur Moussa Sène Absa, Xale, les blessures de l’enfance, qui en a fait l’ouverture. Une première hautement symbolique et qui est dans la logique de la boîte que dirige l’homme d’affaires Yérim Sow. Une expertise locale que le nouvel exploitant compte ériger en norme. «Pour nous, ce complexe est d’abord un complexe culturel qui doit être au service de la culture sénégalaise et africaine. Et il sera également question de voir quelle contribution on peut apporter à l’industrie cinématographique africaine. Donc, nous ne nous donnons aucune limite par rapport à notre programmation, qui va mettre en avant des films de notre pays», souligne Hamidou Badji de Teylium.
Le réalisateur, Moussa Sène Absa, ne cache pas sa joie devant cette renaissance des salles obscures dans la capitale sénégalaise. «La chaîne de valeur du cinéma est en train de se reconstruire petit à petit. On a souvent fait des films sans que personne ne les voie. Et on ne pouvait pas espérer mieux que d’avoir cette salle qui n’a rien à envier à aucune autre salle au monde.» Selon le réalisateur, il est tout à fait dommage qu’une partie de la jeunesse ait grandi sans poser le pied dans un cinéma. «Ces salles vont déjà réconcilier les sénégalais avec le cinéma, leur faire renouer avec ces moments de tendresse, de communion avec les amis, la famille. C’est quelque chose qui manquait beaucoup à Dakar», indique Moussa Sène, qui s’est adressé à la presse au terme d’une projection très suivie dans la nouvelle salle Seanema. «Quand j’étais petit, il y avait 25 salles à Dakar. Aujourd’hui, des jeunes de 30 ans n’ont jamais mis les pieds au cinéma. Mais il faudrait que le cinéma se déplace dans les quartiers populaires», ajoute-t-il. Pour le ministre de la Culture, Dr Aliou Sow, «le cinéma vaut tous les investissements». Il salue ainsi la mobilisation du secteur privé, qui contribue de ce fait à construire un maillon de la chaîne de valeur du cinéma sénégalais.
Il faut dire que l’opération est une première. En effet, les films sénégalais ont longtemps souffert de cette absence de canaux de diffusion dans le pays. De quoi les estampiller comme des films de festival, uniquement distribués au sein de ces espaces et souvent hors du pays. Avec l’arrivée de ces salles, le problème tendrait à trouver une solution. Même si, il faut le dire, ces salles ne sont pas accessibles à tous, mais sont plutôt réservés à une élite. Les nouvelles salles du Sea Plaza proposent ainsi une tarification allant de 3500 à 5000 francs le ticket. Et selon Hamidou Badji de Teylium, l’objectif est de proposer «un écosystème dédié à la satisfaction du client dans un environnement confortable et sécurisé».
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