Dans le cadre du volet «Off» de la 14ème édition de la Biennale de Dakar, la Délégation de la Wallonie-Bruxelles à Dakar a organisé la projection du film «GifaarT, une histoire de mussor» de la journaliste et réalisatrice, Oumy Ndour. Occasion pour cette dernière de demander à ce que ce film aille dans les établissements scolaires et qu’il soit vu surtout par les jeunes générations. Par Ousmane SOW –

Autorités, cinéastes, cinéphiles, stylistes, costumières, bref, les sénégalais se sont rués vers les locaux de la Délégation de Wallonie-Bruxelles de Dakar, samedi dernier, pour découvrir et/ou participer au finissage de l’exposition Gifaart. Des femmes bien habillées, arborant des mussors grandioses, avaient embarqué dans un univers de mode. Des planches à tendance au sourcing, en passant par le choix des tissus textiles, perles et cauris, elles ont apporté une superbe valeur ajoutée à cet univers consacré à la mode avec bien sûr, un clin d’œil aux types de coiffures reprises avec dextérité par Marième Ngom. Pour sa première découverte par le grand public, le film de Oumy Ndour, Gifaart, une histoire de mussor, réalisé dans le cadre de cette exposition, «nous apprend davantage sur ce patrimoine. Elle est allée à la rencontre des personnalités qui se sont réapproprié le foulard et qui en ont fait une identité de marque», a expliqué Pascal Montoisy, Délégué général de la Wallonie-Bruxelles, ce samedi lors de la projection du film. Gifaart, c’est un mot balante qui signifie foulard de tête en français, autrement dit, un accessoire de tous les us et coutumes vestimentaires. A travers ce documentaire, Oumy Ndour revient plus en détail sur les particularités du foulard communément appelé «mussor» en wolof. «Je ne connaissais pas beaucoup d’aspect sur le mussor à part le côté esthétique qui servait juste à embellir la toilette d’une femme. Mais en faisant ce travail, j’ai découvert son aspect mystique.
Toute la symbolique que le mussor avait dans certaines ethnies du Sénégal et je dis qu’il y a encore plein de choses à découvrir autour du mussor. C’est un accessoire féminin très méconnu, surtout par les jeunes générations et il faut le revaloriser. J’aimerais bien qu’on diffuse le film dans les écoles, dans les associations de femmes et que les gens en apprennent un peu plus sur le mussor», a-t-elle déclaré. La réalisatrice, qui a réussi à produire un film qui reflète la sensibilité de la femme et qui permet d’identifier la femme, de lui donner de l’assurance, du prestige et de l’élégance, regrette tout de même, de n’avoir pas interviewé Diouma Dieng Diakhaté. «Dans un travail de recherche, on ne peut pas parler du mussor au Sénégal sans parler d’une grande dame comme Diouma Dieng Diakhaté. Mais malheureusement, je n’ai pas pu l’interviewer mais ce n’est que partie remise», dit-elle.
Dans la culture musulmane, une femme n’a pas le droit de sortir nu-tête.
Répondant à la question de savoir si le fait de mettre un mussor, est une conviction religieuse ou pour l’esthétique ? Oumy Ndour, la réalisatrice de ce film de 52 minutes, souligne qu’au Sénégal, le mussor était présent bien avant l’arrivée de l’islam, bien avant le processus d’évangélisation avec la colonisation. «Chez nous, le port du mussor n’a rien d’un acte religieux. Maintenant, au fil des ans, les femmes, pour que ça concorde avec leurs convictions religieuses, l’ont adapté. Mais à l’origine, le mussor est un accessoire féminin typiquement africain et qui n’a rien à avoir avec la religion», a-t-elle répondu d’emblée. Respectivement styliste-costumière et styliste-accessoiriste, Maguette Guèye et Bineta Seck sont à l’origine de cette généreuse restitution. Associée à ce projet par la commissaire d’exposition, Melanie Sadio Goudiaby, qui voulait, en plus des œuvres créées par les deux stylistes, un film qui raconte toute l’histoire du mussor et ce que ça représente pour la femme sénégalaise. «Et donc c’est ainsi que j’ai été choisie pour réaliser ce film», conclut Oumy Ndour, la réalisatrice.