Les Rencontres Tenk de coproduction de Saint-Louis se sont déroulées entre le 6 et le 9 décembre. Cette année, 17 projets ont été présentés à des producteurs et des diffuseurs d’Europe et du continent. Selon le coordonnateur de la manifestation, Sébastien Tendeng, il s’agit d’un excellent cru.

Pour les réalisateurs, les Rencontres Tenk de coproduction, qui se tiennent à Saint-Louis, sont un moment crucial dans la formulation des projets de films. C’est en effet au cours de cet évènement qu’ils peuvent présenter leurs projets de films à des producteurs et des diffuseurs dont l’intérêt déterminera la réalisation ou non du film. Souvent, la tension qui habite les porteurs de projets est perceptible et déteint sur l’atmosphère des lieux. Pour l’édition de cette année, ce sont 17 projets de films documentaires qui ont été présentés aux producteurs d’Europe et du continent. Mais avant d’en arriver à ce stade, ces projets ont d’abord muri dans la tête des auteurs. Ils sont ensuite passés par des résidences d’écritures encadrées par des professionnels avant d’arriver à Saint-Louis. «Par rapport aux autres années, c’est un excellent cru. Cela est dû au nombre, parce que nous avons eu beaucoup moins de projets cette année. On recevait 24 à 25 projets pour trois jours. Là, on était à 17 et avec le même nombre de formateurs. Ce qui fait que les formateurs ont eu plus de temps avec chacun d’eux. Et ça s’est senti dans les présentations puisqu’il y a eu beaucoup plus de temps consacré à chacun lors des prepa-tenk qui commencent une semaine avant le Tenk et où les formateurs qui les ont eus en résidence viennent voir comment le projet a avancé entre la fin de la résidence et le temps du Tenk. Et ils essaient de les conduire sur des pistes par rapport aux présentations à faire devant les producteurs», a expliqué Sébastien Tendeng, coordonnateur du Tenk.
Cette année, Saint-Louis a accueilli pour la première fois, des auteurs algériens. Comme beaucoup de projets documentaires présentés ici, les films évoquent souvent des histoires familiales qui viennent épouser les contours d’une histoire plus grande, celles des régions ou des pays d’origine. Natif de Nguet Ndar, à quelques centaines de mètres de l’Hôtel Mermoz où se tenaient les Tenk, Fara Konaté porte un projet intitulé «La Colas ou le chapelet». Ce projet évoque l’histoire récente de ce quartier, où la municipalité a décidé de mettre en œuvre un projet d’assainissement et de désengorgement des berges du fleuve. Ce projet entraine la destruction de deux mosquées et d’une école coranique installée sur les rives du fleuve. Ancien journaliste à la radio municipale de Saint-Louis, Fara entend par ce film, instaurer un débat au cœur de la communauté des pêcheurs de Guet Ndar.
Loubna Regragui du Maroc, a présenté un projet intitulé «Les chants de Mririda» qui évoque la musique traditionnelle berbère. La Burundaise, Diane Kane­za, ambitionne de faire un voyage dans le cœur blessé du Burundi, un pays qui a aussi vécu avec violence, les antagonismes entre Tutsis et Hutus. «Cette année, on a de jeunes auteurs avec déjà de l’expérience. Ce qui s’est fait sentir dans la maturité des projets, des approches et de la préparation de ces rencontres», estime Dominique Ollier, coordonnateur d’Africa­doc, organisateur de ces rencontres.

Cinq jours de projections dans les quartiers
A côté de ces rencontres de coproduction, le festival de films documentaires a mobilisé beaucoup de spectateurs. Pendant cinq jours, les quartiers de Saint-Louis ont pu participer aux projections des dernières réalisations des documentaristes africains. Ces films, primés dans les festivals du monde entier, sont quelques fois issus des résidences organisées par le réseau Africadoc. De même, les écoles ont aussi eu leurs moments. «Dans le documentaire de création en particulier, il n’y a pas beaucoup de productions adaptées à un jeune public. Donc presenter des films dans les écoles élémentaires, secondaires permet d’intéresser les plus jeunes au documentaire de création. Et c’est en étant jeune qu’il faut commencer à y intéresser les enfants», indique le responsable des projections du festival, Makha Bao. Parmi les films projetés dans ces écoles, il y a la collection «Une journée avec», qui filme le quotidien de jeunes enfants à l’école.
Le Festival du film documentaire est également un des moments forts de ces rencontres. Cette année, sur 300 films reçus, 27 étaient en compétion dans les catégories cour, moyen et long métrages. «La sélection était très intéressante cette année avec des films qui ont pu joindre le côté artistique et cinématographique au côté populaire et ça a fait un bel équilibre dans les films présentés dans les différences catégories en compétition», se réjouit Sébastien Tendeng.
Le Festival de Saint-Louis, qui a accueilli Safi Faye en invitée d’honneur, a également projeté 4 des films de celle que l’on considère comme la première réalisatrice d’Afrique francophone. «On a fait découvrir son œuvre à la population saint-louisienne mais aussi à la jeune génération de cinéastes qui est venue cette année de 24 pays», a informé M. Tendeng.
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