La célébration du cinquantenaire des évènements de mai 68 survenus à l’Université de Dakar se prépare activement. A l’Université Cheikh Anta Diop, une rencontre a réuni samedi dernier les acteurs, étudiants à l’époque, afin de retenir un programme, une date et le lieu des commémorations.

Mai 68. Cette date marque la révolte des étudiants de l’Université de Dakar. Dans deux mois, le cinquantenaire des évènements sera célébré par les témoins encore vivants. Une réunion préparatoire a réuni samedi dernier à l’Université Cheikh Anta Diop les grévistes de l’époque, aujourd’hui pour beaucoup à la retraite.
Pour l’heure, aucun agenda n’est encore retenu, mais différentes commissions ont été mises en place pour une meilleure coordination des activités prévues pour la circonstance. Le principe de la tenue d’une rencontre tous les 15 jours entre les organisateurs a été aussi arrêté. Et les discussions vont porter sur le choix du lieu, de la date, des thèmes pour la journée et des tables rondes. Déjà samedi dernier, plusieurs propositions ont été faites par rapport aux thèmes. Il y a, entre autres, les Origines du mouvement, L’environnement idéo­logique de l’époque, Les conséquences de mai 68. Pour le Professeur Abdou­laye Bathily, «ce n’est pas de l’autoglorification, nous avons un devoir de génération».
La principale raison de la grève de mai 1968 est liée au fractionnement des bourses des étudiants par le régime du président de la République d’alors, Léopold Sédar Senghor. La 2ème revendication était académique. En effet, ils réclamaient la «sénégalisation» du temple du savoir qui était une «université française avec 80 à 90% de professeurs français». D’après les mémoires vivantes, c’est un certain 29 mai que le mouvement a connu une ampleur avec l’intervention des Forces de l’ordre. Plusieurs étudiants sénégalais ont été arrêtés. Les étrangers, composés de Maliens, Nigériens, Gui­néens et autres, ont été expulsés chez eux. Parmi eux, il y a l’ancien président de la Commission de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa), le Malien Ismaïla Cissé. Et c’est après d’âpres négociations qui ont duré une journée et une nuit que les étudiants étrangers ont rejoint Dakar aux frais du gouvernement. Fer­mée, l’Université fut ouverte à nouveau avec deux sessions séparées – seulement de 15 jours – qui ont été organisées. Les révolutionnaires apprennent par la suite que des «efforts importants ont été faits par le gouvernement pour accorder le maximum de bourses».
Ce mouvement de grève n’a pas été mené par les étudiants seulement. D’autres couches de la société, comme les syndicalistes et les opérateurs économiques, ont aussi pris part à la manifestation. Il faut rappeler que le Professeur Abdou­laye Bathily a écrit un ouvrage sur les événements, intitulé Mai 1968 à Dakar ou la révolte universitaire et la démocratie aux éditions Chaka, Paris, 1992. Un autre auteur du nom de Omar Guèye a publié Mai 68 au Sénégal.
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