Alea Jacta est ! Comme on disait dans la Rome antique, le sort en est jeté. Dame Coupe d’Afrique des nations édition ivoirienne 2023 va connaître son nouveau conquérant dans les jours à venir. Le suspense fait sa loi car toutes les équipes en compétition ont manifesté leurs ambitions légitimes, nonobstant la détermination des «Lions» de conserver leur trophée.

A titre de contribution, je voudrais revenir sur le thème axé sur la fibre patriotique, objet d’un de mes articles précédents, publié dans un quotidien de la place en 2015 intitulé : «Giresse misait sur la fibre patriotique -Christine Lagarde taquinât le «lion» et Pokou… ?»

Si l’on scrute l’histoire de notre football ces dix dernières années, notamment en ce qui concerne la participation du Sénégal aux différentes phases finales de la Coupe d’Afrique des nations, on se rend compte de l’évolution positive des performances de notre Equipe nationale depuis la débâcle des «Lions» à Bata en Guinée Equatoriale, édition 2015, jusqu’au sacre de champion d’Afrique obtenu de haute lutte lors de l’édition 2021 au Cameroun, en passant par la défaite amère subie sur un coup de malchance en Egypte 2019.

Cette évolution s’explique sans doute, par les correctifs apportés par la suite dans le management de l’équipe et dans l’environnement favorable ayant accompagné nos compétiteurs. Tous ces facteurs, me semble-t-il, sont liés à la fibre patriotique, y compris l’engagement des «Lions» qui fut la préoccupation majeure de l’ancien sélectionneur national.

En effet, en guise de rappel, lors de sa prise de fonction à la tête de l’Equipe nationale, au cours de sa conférence de presse où un journaliste lui demandait sur quoi il comptait pour arriver à bon port, Alain Giresse répondit : «Je mise sur la fibre patriotique.» Aujourd’hui, Aliou Cissé, nouveau coach, prêche l’union autour de l’équipe pour l’accompagner et de taire les critiques sur ses choix techniques et son management. D’ailleurs, si l’on se souvient, un climat délétère était à l’origine des mauvaises performances des «Lions» lors de leur débâcle à la Can en Guinée Equatoriale. Après cette mauvaise campagne avec une élimination prématurée au premier tour malgré le potentiel technique des «Lions» qui étaient en deçà de leurs capacités, divers griefs étaient portés soit sur les joueurs, soit sur le sélectionneur, voire même sur l’encadrement et la fédération dont certains réclamaient la démission. C’est cette situation délétère à l’époque, nettement améliorée par la suite, qui nous a conduits aujourd’hui aux résultats satisfaisants obtenus.

Eh oui ! la fibre patriotique me semble être ce qui fédère tous les maillons de la chaîne de solidarité nationale au bénéfice de tous.

De façon imagée, c’est aussi la liesse populaire qui a accompagné la victoire de nos «Lions» aussi bien en Coupe du monde qu’en Coupe d’Afrique ; c’est le saut de joie du premier des supporters, en l’occurrence le président de la République Macky Sall dans le salon de son hôtel à Addis Abeba où il était en mission, suite à la belle victoire des «Lions» face aux Pharaons d’Egypte en Can 2021 ; la fibre patriotique, c’est aussi le défilé populaire dans les rues de Dakar du Président Abdoulaye Wade manifestant avec la jeunesse de notre pays sa joie pour magnifier la mémorable victoire des «Lions» sur les «Bleus» de la France, champions du monde sortants, lors de l’ouverture de la Coupe du monde Corée/Japon 2002 ; la fibre patriotique, c’est également l’angoisse qui étreint le Sénégalais au point de se priver de suivre intégralement la retransmission des matchs à enjeu de notre pays et de ne s’y mettre que quand la situation est vraiment favorable, etc.

Faisant le parallèle entre l’économie et le sport dont le lien ombilical est la performance, je citerais une métaphore empruntée à Christine Lagarde, ex-Directrice générale du Fmi, en visite au Sénégal. Lors de son passage à l’Assemblée nationale, la dame de la prestigieuse institution financière, en conclusion de son discours devant les parlementaires, disait : «Il est grand temps que le «Lion» rugisse !» Elle avait utilisé à l’époque, un pan de notre hymne national pour sans doute nous galvaniser à l’effort pour atteindre des taux de croissance à l’image des «Tigres», entendez pays asiatiques face à nos ambitions pour un Sénégal émergent.

Pour revenir dans le domaine du sport, je s qu’il ne suffit pas au «Lion» de rugir, mais d’attaquer crocs et griffes saillants pour avoir sa part de pitance, entendez le trophée, à la satisfaction du Peuple. Dans mon article cité plus haut, je rappelais l’esprit combatif des «Lions» lors de la Coupe du monde de football 2002. Si cette participation nous avait valu en son temps de belles victoires pour arriver en quart de finale, c’était par la hargne de la bande à El Hadji Diouf et Aliou Cissé, actuel sélectionneur national, qui avait montré l’exemple à la génération suivante.

Eh bien ne disait-on pas à l’époque par la voix d’un célèbre sportif français, avant l’ouverture de la Coupe du monde 2002 pour nous sous-estimer que «la France ne boxe pas dans la même catégorie que le Sénégal» ?

Si cette Equipe des «Lions» du Sénégal était venue à bout de la grande Equipe de France, ce n’était pas parce que le Sénégal était supérieur à la France, mais que la fibre patriotique était passée par là. En effet, nos compétiteurs s’étaient comportés au combat comme de véritables «Lions».

C’est pourquoi, lors de la remise du drapeau à nos représentants à l’édition 2023 de la Can en Côte d’Ivoire, le président de la République Monsieur Macky Sall a demandé aux «Lions» pour les haranguer, de laisser ici la «Teranga» et de se battre comme de véritables «Lions». D’ailleurs, on doit s’offusquer du nom de «Lion de la Teranga» collé à notre Equipe nationale. En effet, le vocable «teranga» de la langue wolof me semble plus approprié dans la promotion de la destination touristique du Sénégal.

En conclusion, suivons plutôt le généreux conseil de feu Laurent Pokou, «l’Eléphant» ivoirien double ballon d’or africain qui disait après la débâcle des «Lions» en Guinée Equatoriale que «le Sénégal ne gagnera jamais de Can si les gens ne sont pas unis». Heureusement aujourd’hui que la dynamique unitaire est maintenue comme en 2022, de grâce soyons constants.

A bon entendeur, salut !
Bonne chance aux «Lions».
Papa Méthiour NDIAYE
Expert en Marketing/Management Touristique Formateur