Le taux officiel de réussite au Baccalauréat 2022 dépasse 60% selon l’office du Bac, il est meilleur que les deux dernières années, il faut s’en féliciter. La prédominance des bacheliers littéraires nous interpelle tous, des mesures et actes concrets sont attendus des autorités pour encourager les vocations scientifiques et technologiques chez nos jeunes potaches. En attendant, le rouleau compresseur s’accélère pour les parents et les autorités académiques pour le démarrage officiel des premières classes préparatoires en mathématiques supérieures et spéciales pour la fine crème de nos bacheliers dans les séries scientifiques, ceux qui ont au moins la mention «Bien».
Partout dans le monde, le système des Classes préparatoires aux grandes écoles (Cpge) attire de plus en plus d’élèves et d’étudiants. Pour notre pays, c’est un cursus court et intense hyper sélectif qui participe à la formation d’une élite -dans les sciences et techniques- capable de piloter l’essor du pays en vue de lui faire gravir les échelons du progrès scientifique et technologique.
Dans le contexte de nos pays qui aspirent à l’émergence en 2035, le vivier est plutôt congru tant les filières S et E attirent de moins en moins d’élèves, d’où l’urgence de réformes en profondeur de notre système pour ré-équilibrer par rapport aux littéraires. Ce sera entre autres, l’objectif des futures classes préparatoires, packager ou promouvoir des parcours scientifiques moins théoriques mais suffisamment pratiques et ciblés pour nos potaches, afin de positionner le Sénégal dans les technologies de pointe en rapport avec nos objectifs de progrès économique et social. En toile de fond, nous serons un pays pétrolier et gazier qui doit former aux techniques et métiers pointus et sophistiqués.
La rationalisation de nos budgets d’éducation et de formation s’en trouvera positivement impactée, les bourses d’excellence, à l’exception de celles du fonds d’action et de coopération, pèsent énormément sur les crédits publics affectés à l’enseignement supérieur. Aussi, il y a l’impératif de sécuriser nos futures élites après l’épisode de la disparition brutale et mystérieuse d’une d’entre elles, qui avait inquiété ses proches et engendré un emballement médiatique et diplomatique sans précédent entre la France et le Sénégal. Il faut trouver une digne héritière à Rose Dieng Kuntz, pionnière en intelligence artificielle dont le brillant parcours de Van-Vo à X (L’Ecole Polytechnique Fr) doit inspirer les nouvelles bachelières candidates aux prépas. Elle fit la première femme africaine admise à l’Ecole Polytechnique (France).
Pour nous, le Maroc est un bon benchmark, le Royaume chérifien a pu tisser et densifier un système huilé de classes prépas qui va au-delà des grandes écoles marocaines et françaises, pour s’étendre dans les filières aussi bien scientifiques que techniques, voire même commerciales. Il faut souligner qu’au Maroc, l’implication du secteur privé avec la fondation Ocp (Office Chérifien des Phosphates), le plus grand conglomérat du pays et l’une des plus grandes entreprises d’Afrique, y est pour quelque chose. Aujourd’hui, les candidats marocains ont fini de conquérir X (Polytechnique Fr), ils se projettent sur Mit (Massachusetts Institute of Technology) et le top des universités du fameux classement Shanghai (Academic Ranking of World Universities). C’est justement l’objectif : il faut diversifier les sources de formation des futures élites, avec un accent particulier sur le home-grown, c’est-à-dire la formation ici au Sénégal pour les plus brillants. Notre pays doit protéger et incuber ses pépites.
Notre système éducatif demeure un baobab, malgré les secousses cycliques, il s’agira avec les futures prépas d’y ajouter un palier manquant pour un nivellement par le haut, qui garantit son enracinement local et renouvelle l’élite nationale.
Moustapha DIAKHATE
Expert en infrastructures
Ex-Conseiller Spécial PM
Ex-Conseiller Spécial Présidente Cese