Clémence, Excellence Monsieur le président de la République

Ce n’est pas la première fois que j’aborde ce sujet. Je ne suis pas seul à l’aborder, même si j’ai été le premier à le faire, et à deux reprises sur la Rfm. Babacar Ba et Alioune Tine, mon vieux compagnon de lutte pour le règlement de conflits, en ont parlé. Il s’agit du dossier de Farba Ngom et de l’épouse de Madiambal Diagne. Babacar et Alioune ont soulevé cette question sur la base des informations qu’ils ont reçues. Moi, j’en parle parce que j’ai, personnellement, vu les deux détenus concernés.
J’étais avec Farba qui, je le précise, n’est pas mon ami. Je l’ai rencontré une seule fois, sur instruction du Président Macky Sall, à l’occasion du referendum. Il n’est donc pas mon ami, mais j’ai été le voir pour des raisons humanitaires. Pourquoi le juge, malgré les résultats médicaux qu’il avait lui-même demandés, refuse de le libérer ? Il devait y avoir de bonnes raisons, me disais-je.
C’était suffisant pour que je lui rende visite. Ma première rencontre avec Farba ne m’avait pas permis de bien l’observer parce qu’il y avait du monde, beaucoup même. Je suis revenu un autre jour, une autre heure.
Cette fois, j’ai vu et approché un homme digne, courageux et croyant, mais j’ai aussi vu un homme malade, un homme qui cherche à cacher sa souffrance, qui, assis, change souvent de position comme pour contenir et masquer sa douleur. Farba maigrit. La couleur de sa peau change. Monsieur le président de la République, Farba que j’ai vu est malade.
Mais au moment où j’étais avec lui, deux agents aidaient difficilement une dame à rejoindre sa cellule. Curieux, je demandais son identité. C’était l’épouse de Madiambal qui, lui, est mon ami.
Alors, j’invite les associations de défense et de soutien aux femmes à rendre visite à leur sœur très, très malade. Nul n’a le droit de se taire face à ce drame.
Sont-ils coupables ou non, ce n’est pas mon problème. Un juge indépendant, parce qu’inamovible, nous le dira. Là, je parle en tant qu’humain. Nul ne peut m’accuser d’être un pourfendeur du régime actuel, bien au contraire.
Aussi, je suis convaincu que Bassirou Diomaye n’est pas comme le Président à qui on a dit que tel détenu est malade et qui avait répondu : «Que quelqu’un meurt en prison ne me dérange pas.» Je crois à son humanisme, à son sens de responsable de famille, car il est le père de la Nation.
Alors, Excellence Monsieur le Président, j’en appelle à votre clémence.
Serigne Mbacké NDIAYE
smnpca@yahoo.fr

