Parallèlement au dialogue politique initié par le Président Sall, le F24 a aussi dévoilé les premières conclusions du «Dialogue du Peuple» qu’il a initié. Sans surprise, il appelle à la résistance pour invalider une troisième candidature, à la réforme de la Justice, à la mise en place d’une charte qui sera signée par tous les participants… Par Bocar SAKHO –

Débuté le 19 juin dernier en bimodal, le dialogue du Peuple initié par les Forces vives du Sénégal (F24) a livré hier ses conclusions. Evidemment, la candidature éventuelle du Président Sall était au cœur des débats. Face à une «Constitution en péril», le F24 parie sur la «résistance et la responsabilité du Peuple» pour invalider une participation de Macky Sall à la Présidentielle du 25 février 2024. Pour la Commission sur le troisième mandat, présidée par Abdourahmane Diouf, il faut «agir de manière salvatrice contre une menace d’un coup d’Etat constitutionnel».

Pour elle, le débat juridique est clos : Macky Sall n’a pas droit à une autre candidature. «Il reste la sensibilisation et la résistance parce que le Peuple n’acceptera pas une nouvelle violation de sa souveraineté, de sa Constitution», note la Commission sur le troisième mandat. Dr Abdourahmane Diouf espère que la parenthèse sera fermée demain par le Président Sall, qui va recevoir les conclusions du dialogue politique qu’il a initié avec une autre partie de l’opposition : «Je vais rester sur ma grande naïveté. Dimanche, j’espère que le Président Macky Sall va remercier les Sénégalais qui lui ont donné un deuxième mandat et qu’il ne sera pas candidat pour la troisième fois.» Selon lui, il y a «le Sénégal des souvenirs et le Sénégal des avenirs, le dialogue des souvenirs et le dialogue des avenirs. Ils savent qu’ils sont en train de manipuler le Peuple parce que le Président Macky Sall n’a pas droit à un troisième mandat. Mais, je suis lassé de donner des arguments juridiques».

Charte du dialogue
Pour la commission «Justice à deux vitesses», présidée par Cheikh Tidiane Dièye, les recommandations sont évidentes : il faut rendre l’Etat de Droit réel, appliquer aussi des conclusions de la Commission nationale de la réforme des institutions (Cnri), des Assises nationales, du colloque de l’Union des magistrats sénégalais (Ums) des 28-29 décembre 2017.

Lors de cette rencontre, l’Ums avait suggéré une autre gestion de la carrière des magistrats en faisant des appels à candidatures pour assurer l’indépendance de la Justice. En outre, la plénière a aussi suggéré l’institution d’un juge des libertés. Dans le même sillage, le F24 demande la «libération des détenus politiques», dénonce le surpeuplement carcéral et la torture effectuée sur certains jeunes.

Il faut noter que la deuxième phase du «Dialogue du Peuple» est prévue après la célébration de la Tabaski. Les commissions «Refondation de l’Etat face à l’hyper présidentialisme» et «Elections» vont dévoiler aussi leurs recommandations. Au mois de juillet, le document final du F24 va être validé et partagé aux Sénégalais. Quid de son application ? «C’est une autre histoire», note un participant. Mais, il est prévu une charte que tous les candidats issus de la plateforme vont signer et s’engager à appliquer ses conclusions. «Cette fois-ci, il n’y aura pas de réserves. Nous sommes en train même d’étudier les moyens de contraindre les signataires à les respecter», dit un participant.
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