Une enquête nationale pour avoir des données réelles, à temps par rapport à l’usage de drogue. C’est ce que demande l’Association sénégalaise pour la réduction des risques infectieux chez les consommateurs de drogue injectable (Asrdr). Elle permettra de favoriser la prise en charge des consommateurs et de régler leurs vulnérabilités.

Par Ousmane SOW – C’est un constat : il n’y a pas une étude au niveau national sur la prévalence des consommateurs de drogue. La dernière enquête, menée par l’Asso­ciation sénégalaise pour la réduction des risques infectieux chez les consommateurs de drogue injectable (Asrdr), date de 2011. Et c’était une étude surtout localisée à Dakar et qui concernait uniquement une population très vulnérable : les consommateurs de drogue injectable. «Et dans cette population, les gens qui utilisent l’héroïne et la cocaïne, quel que soit le mode d’utilisation, la prévalence était à 5,2% de Vih. Donc, c’est une enquête qui avait concerné plus de 600 consommateurs de drogue injectable. C’est-à-dire à cette époque, on avait une prévalence du Vih au niveau de la population générale de 0,7%. Donc, c’est une prévalence qui était 6 fois supérieure à la prévalence de la population générale. Ce qui montre une extrême vulnérabilité de cette population», note Pr Idrissa Ba, psychiatre addictologue et président de l’Association sénégalaise pour la réduction des risques auprès des groupes vulnérables. Il a révélé également que cette enquête avait aussi montré que la prévalence de l’hépatite était à 23%.
Pr Ba a livré hier ces informations au siège du Conseil national de lutte contre le Sida (Cnls) à Dakar. Attirant l’attention des autorités, il estime que dans ce pays, on parle très peu de l’hépatite C, qui est une très grande préoccupation et une maladie qui tue de façon silencieuse. «Il n’y a pas un programme comme le programme Vih pour pouvoir assister ces patients. C’est pourquoi ce programme de lutte contre les comorbidités chez les consommateurs de drogue injectable a été mis en place par le Cnls pour pouvoir assister ces patients», a-t-il fait savoir.
Président de l’Association sénégalaise de la réduction des risques auprès des groupes vulnérables, il demande une enquête nationale pour avoir des données réelles, à temps par rapport à l’usage de drogue. En effet, le Sénégal, rappelle Pr Idrissa Ba, depuis son accession à l’indépendance, a mis en place un cadre juridique pour faire face aux consommateurs de drogue injectable, mais aussi et surtout au trafic de drogue. Mais, le Code des drogues date de 1997 et a besoin d’être contextualisé. «C’est un Code des drogues qui est beaucoup plus axé sur la répression que sur le traitement et la réhabilitation des patients», ajoute-t-il. A son avis, le trafic doit être plus réprimé que l’usage. «Nous disons que quelqu’un qui est usager a besoin d’être accompagné», assure-t-il. Comment l’accompagner ? «Il y a un paquet de services qu’il faut mettre à sa disposition», répond le Pr Idrissa Ba, qui demande une législation qui va faciliter, favoriser l’accès aux soins de prévention, de traitement, mais aussi l’accès aux soins de réhabilitation.
En écho, Dr Safiétou Thiam, Secrétaire exécutive du Conseil national de lutte contre le Sida (Cnls), a rappelé le rôle de sa structure dans la mise en place du programme chez des consommateurs de drogue. Elle souhaite que la Stratégie nationale de lutte contre la drogue soit orientée plus sur le soutien et la prise en charge des consommateurs de drogue. Selon elle, la prévalence du Vih était très élevée chez les consommateurs de drogue. «Ça allait même jusqu’à 9,2% et près de 6% chez ceux qui s’injectent la drogue», rappelle l’ancienne ministre de la Santé et de l’hygiène publique.