C’est devenu une habitude. Aliou Cissé aime changer de système de jeu. Sûrement pour dribbler ses prochains adversaires, comme il l’a avoué à la fin du match : «C’est bien d’avoir deux à trois systèmes pour ne pas permettre à l’adversaire de nous lire. Le système à Lens est différent d’aujourd’hui ou de celui du match contre le Brésil. Les joueurs s’adaptent et c’est une bonne chose.»

En effet, face au Soudan du Sud samedi, «El Tactico» nous a encore servi un autre dispositif de base. En effet, après le 3-4-3 contre le Cameroun, modulable en 4-3-3, le coach des Lions a opté samedi pour un 4-4-2, avec un milieu en losange, composé de Gana Guèye en pointe basse, Lamine Camara et Pape Matar Sarr sur les côtés, Iliman Ndiaye en rela­yeur, derrière les deux attaquants, Sadio Mané et Habib Diallo.

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Tout marchait bien en première mi-temps, grâce à un jeu fluide des Lions, dominateurs à souhait et qui ont regagné tranquillement les vestiaires avec un écart de 3 buts.

Mais c’est à partir de la 62e minute, après le 4e but, signé Sadio Mané sur pénalty (56e), que l’animation du jeu va prendre un sacré coup, suite aux «changements groupés» opérés par Cissé, avec les sorties de 4 joueurs : Krépin Diatta, Pape Matar, Iliman Ndiaye, Mané, remplacés par Nicolas Jackson, Pathé Ciss, Dion Lopy et Formose Mendy. Une brochette presque de joueurs à vocation défensive que Abdou Diallo va rejoindre… au milieu et qui va gripper l’animation offensive, avec une domination stérile marquée par des séquences désordonnées et approximatives. Normal quand ceux qui donnaient du rythme au jeu, à savoir Sadio et Iliman, se retrouvent sur le banc. Ce qui explique sûrement le fait que le score en restera là (4-0).

A l’approche d’une Can, on doit peaufiner les acquis et certitudes
On peut comprendre qu’un entraîneur s’essaie à plusieurs systèmes. Une manière de varier ses options tactiques. D’ailleurs, contre le Cameroun, Cissé a aussi changé de système après avoir démarré avec une défense à 3. Mais est-ce que le contexte s’y prête à deux mois seulement d’une Can où le Sénégal va devoir défendre son titre de champion d’Afrique ? Normalement, la veille d’une Can, tout sélectionneur doit s’affairer à polir son système préférentiel et ses certitudes. Et qu’on arrête de nous parler d’«espions» !

Mais ce qui est encore incompréhensible, c’est cette tendance à lancer dans le bain certains profils de joueurs dans un match à sens unique où les 1000 jeunes spectateurs privilégiés du Stade Abdoulaye Wade s’attendaient sûrement à un score beaucoup plus lourd, tellement l’adversaire a montré une faiblesse criarde.
Demain mardi, à Lomé, l’adversaire sera d’un autre niveau. Sûrement Cissé va donner une idée de son système préférentiel en vue de «Côte d’Ivoire 2023». Encore faudrait-il que les «espions» ferment les yeux…

Par Hyacinthe DIANDY – hdiandy@lequotidien.sn