Au regard de la colère récurrente des étudiants et sans être spécialiste des sciences de l’éducation, il nous semble que deux explications, entre autres, sont à la base de cette colère, à savoir la peur de l’incertitude et la pauvreté des universités. En effet, les universités, en tant qu’institutions intellectuelles et scientifiques, doivent s’affirmer comme telles. Car elles sont faites pour produire le savoir, la culture et des connaissances. Ce faisant, elles doivent avoir une image valorisante. C’est pourquoi leur production intellectuelle ne peut être faite sans un minimum de garantie tenant compte des conditions économiques et sociales des étudiants. Or, aujourd’hui le constat est qu’il y a un sous-développement dramatique des universités en termes d’administration, d’équipements techniques, de logements et de documentations, et surtout du faible niveau de l’enseignement dispensé.
Par ailleurs, concernant les emplois, les étudiants savent très bien que les universités n’ont aucune prise sur l’emploi qui dépend de la situation économique, de l’état du marché. Les universités peuvent concevoir des diplômes correspondant mieux au monde professionnel, mais elles ne peuvent pas donner des garanties quant aux possibilités d’emplois. Par conséquent, la sélection qui est faite au niveau des universités n’est pas en soi une garantie d’efficacité, en ce sens que les diplômes trop pointus peuvent devenir plus dangereux lorsque les emplois auxquels ils conduisent sont saturés. C’est pourquoi les universités doivent mettre l’accent sur les formations plus utiles en termes de débouchés que des formations trop spécialisées. Par ailleurs, une plus large autonomie doit être accordée aux universités ce, pour accroître leur capacité d’initiatives et d’intervention. Enfin, il y a lieu de retenir que les universités ont été inventées par la loi Faure, il est donc temps de redonner aux universités une identité en les repensant fondamentalement pour qu’elles soient en corrélation avec nos réalités socio-économiques endogènes.
KOSSORO CISSOKHO
Docteur en Droit
Spécialiste en Administration Publique
Certifié de l’Institut International du Droit de Développement de Rome