Des intellectuels réunis depuis ce 22 mars à l’Ucad 2 pour un colloque international ont discuté hier du thème «Les médiations ethnologiques et interculturelles». A l’occasion, le chercheur Elhadj Malick Ndiaye a exposé l’histoire du Musée Théodore Monod et de sa collection. Il ambitionne de faire de celui-ci un milieu de médiation culturelle. Jann Pasler de l’Université de Californie pense, quant à elle, que la musique est aussi une forme de médiation africaine ethnologique.
Dans le cadre du colloque sur les médiations africaines dans la construction et la réappropriation d’un savoir ethnologique qui a débuté le 22 mars dernier à l’Ucad 2, les intellectuels ont débattu hier du thème «Les médiations ethnologiques et interculturelles». A ce propos, Elhadj Malick Ndiaye, chercheur à l’Ifan, a axé son intervention sur le Musée Théodore Monod, sur l’objet de sa recherche qui est de voir comment le musée a évolué du fonctionnalisme ethnographique vers un formalisme esthétique. C’est-à-dire qu’au début, le musée avait une collection fortement dominée par des objets qui avaient été utilisés par des sociétés qui usent des plumes, du sang, parfois du sang humain, du sang d’animal etc. «A l’époque, pour le colon il s’agissait à partir de ces objets de mieux comprendre la dynamique des sociétés traditionnelles, comment ces sociétés pensent. Mais ces objets sont les témoins d’une technologie traditionnelle. Une technologie qui relève de la capacité de ces sociétés à bien penser leur environnement», explique-t-il.
A en croire Elhadj Malick Ndiaye, les temps ont évolué et à partir des années 50 et 60, il y a eu des collectes qui s’appesantissaient davantage sur le caractère artistique des objets. Conscient que sa mission consiste à conserver les objets du musée, les sauvegarder et les valoriser afin que la société puisse les transmettre aux générations futures, il affirme : «Notre ambition aujourd’hui, c’est de faire de ce musée un point de ralliement de toute la communauté artistique sénégalaise, mais aussi un lieu de médiation culturelle pour les sociétés, les écoles et avant tout sa propre communauté, celle universitaire.» Pour cela, il y a une stratégie qui a été mise en œuvre depuis l’année dernière. Elle consiste à doter ce musée de toutes les commodités qui peuvent lui permettre d’accomplir sa mission.
Jann Pasler de l’Université de Californie, dans sa présentation, a abordé la musique comme un point de médiation. «Dans la médiation africaine ethnologique, il faut mettre la musique. La musique était, comme dit Pepper, la synthèse de la vie africaine. Donc si on veut travailler sur le savoir ethnologique, il faut travailler sur la musique aussi», préconise-t-elle. Mais pas la musique seulement qui se limite au son et aux rythmes. «Il y a toute l’ambiance sonore comme j’ai fait avec la berceuse, les sons faits par le bébé et la mère», martèle Mme Pasler. «Herbert Pepper a passé toute sa vie ici en Afrique, ensuite à Libreville. Et ici, c’est Senghor qui lui a demandé de venir créer les archives culturelles. Il a compris que la musique c’est beaucoup plus que les notes, c’est aussi le langage de communication», a-t-elle ajouté.
Stagiaire