Le monde commémore le 27 janvier qui marque la libération d’Auschwitz, le plus grand camp de concentration de l’Allemagne nazie, la mémoire des victimes de l’holocauste. Au Sénégal, l’ambassade d’Israël à Dakar a organisé un webinaire. Des témoignages et un message du secrétaire général de l’Onu ont marqué cette célébration.
Le 1er septembre 1939, une jeune femme nommée Sarah quitta sa maison de Varsovie, en Pologne, et partit avec son mari vers l’est, fuyant l’Allemagne nazie. Lorsqu’ils sont arrivés à Lublin, ses parents, sa maison et sa vie lui manquèrent. Elle décida de retourner à Varsovie. Dans les années qui ont suivi, Sarah fut envoyée au ghetto de Varsovie, puis à celui de Chenstokhova, enfin au camp d’extermination de Majdanek. Elle était jeune et forte et a pu survivre jusqu’à ce que l’Armée rouge soviétique la libère en 1945. Son jeune frère, Avraham Zvi, avait 19 ans lorsque la guerre a éclaté. Il s’est enfui à Kaunas, en Lituanie, mais les Nazis l’ont pris là-bas. Il a été emmené aux travaux forcés. Et juste avant de l’envoyer mourir à Auschwitz, il s’est enfui et a rejoint les groupes de guérilla qui ont combattu les Nazis dans les forêts. Ces deux histoires sont celles de la grand-mère et du grand père de Roi Rosenblit, ambassadeur d’Israël à Dakar. C’est en partageant cette histoire familiale que M. Rosenblit a lancé ce 27 janvier la Journée internationale de commémoration de l’holocauste des Juifs européens. Ce jour marque la libération d’Auschwitz, le plus grand camp de concentration de l’Allemagne nazie. Et pour le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (Onu) Antonio Guterres, 2021 doit surtout être une année de guérison. «Cette année doit être celle de la guérison. Guérir de la pandémie et guérir nos sociétés brisées, au sein desquelles la haine a trop facilement pris racine», lance-t-il comme message au monde.
Dans ces camps de la mort, 6 millions de Juifs, soit un tiers du Peuple juif dans le monde, ont été tués par l’Allemagne nazie de 1939 à 1945. «Sarah et son jeune frère, Avraham Zvi, étaient les seuls de leur famille à avoir survécu à l’holocauste. Immigrés en Israël, ils fondèrent de nouvelles familles. Leurs parents et quatre de leurs frères et sœurs ont été assassinés dans le camp de la mort de Treblinka, avec des millions d’autres Juifs», poursuit l’ambassadeur qui intervenait au cours d’un webinaire organisé en collaboration avec le bureau de l’Unesco à Dakar. «Par devoir historique, nous devons lutter contre la haine et la violence entre les Peuples. Nous n’avons pas le droit de faire l’apologie de la violence contre qui que ce soit sur la base de la couleur de la peau, du sexe, des croyances, des appartenances ethniques ou linguistiques», a souligné l’ambassadeur.
Fils d’une survivante de l’holocauste, Henri Goldberg s’est longtemps refusé à évoquer ces souffrances vécues par sa mère. «Ma mère témoignait régulièrement dans des écoles secondaires. Elle en revenait épuisée moralement et physiquement et cela alarmait mon père. Mais elle avait la satisfaction de remplir un devoir de mémoire à l’égard de celles et ceux qui n’avaient pas eu, comme elle, la chance de survivre au génocide», raconte-t-il en expliquant que par la suite, après le décès de celle-ci, il s’était investi dans la mission de transmettre les témoignages qui lui avaient été confiés. «A quoi bon parler encore de nos jours du génocide des Juifs ? Si on en croit la formule célèbre ‘’Ceux qui ne peuvent se rappeler le passé sont condamnés à le répéter’’, alors oui, il faudrait parler des camps nazis et de l’extermination des Juifs. La mémoire pourrait peut-être prévenir le retour de l’extrême-droite et des idéologies racistes au pouvoir», souligne M. Goldberg qui a joint sa voix à celle de tous les autres pour que, plus jamais, le monde ne revive pareille tragédie.
Message de Antonio Guterres
«L’holocauste a constitué le paroxysme de deux millénaires de discriminations, d’attaques et d’expulsions subies par les Juifs et de meurtres de masse périodiques. L’antisémitisme aurait dû s’éteindre définitivement à ce moment-là. Mais cela n’a pas été le cas. L’antisémitisme demeure hélas bien vivant», constate dans son message le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, Antonio Guterres. Comme tous les ans, le monde se mobilise pour se remémorer cette page sombre de l’histoire de l’humanité. La commémoration de la mémoire des victimes de l’holocauste est aussi un moment d’action en faveur de la paix. «J’interpelle chacun de nous à cultiver la paix, l’amour, l’acceptation de son semblable en exerçant les droits de l’Homme reconnus à l’échelle internationale», appelle l’ambassadeur Rosenblit.