La 23e commémoration du naufrage du bateau Le Joola s’est tenue, hier dans l’esplanade du Mémorial-musée Le Joola, dans la solennité. Le ministre des Forces armées, qui a présidé la cérémonie, a assuré d’une écoute attentive aux préoccupations des familles des victimes et rescapés du Joola, afin de compléter les mesures déjà prises concernant l’accompagnement social et la politique mémorielle.Par Khady SONKO –

23 ans de douleur, de revendications, avec les mêmes mots. Le ministre des Forces armées a réaffirmé, hier, la solidarité et la compassion de l’Etat à l’endroit des familles des victimes et des rescapés du naufrage du bateau Le Joola. «Nous n’avons pas oublié, le souvenir du Joola reste gravé dans nos mémoires», a soutenu Birame Diop à la cérémonie officielle de commémoration du naufrage du Joola. Il a assuré que «le gouvernement maintient une écoute attentive aux préoccupations des familles des victimes et rescapés du Joola, afin de compléter les mesures déjà prises concernant l’accompagnement social et la politique mémorielle dont le Mémorial-musée Le Joola est la meilleure illustration». «Ces préoccupations sont portées avec responsabilité, franchise, dignité et courage par les associations des familles des victimes et rescapés du Joola», a-t-il souligné. «L’écoute active et les consultations avec elles dans tous les domaines, notamment l’accompagnement social et la politique mémorielle, resteront des priorités constantes du gouvernement», a promis le ministre des Forces armées. «Le gouvernement reste engagé à vos côtes non seulement pour honorer la mémoire de vos proches, mais aussi pour faire des enseignements de cette tragédie un levier de transformation de notre société», a-t-il indiqué.
Le nouveau ministre de la Culture, de l’artisanat et du tourisme a plaidé pour que pour les commémorations à venir, ce soit toute la Nation, tout le territoire national qui porte le deuil de cette journée tragique. Amadou Bâ appelle le président de la République à instruire que tous les drapeaux de ce pays soient mis en berne le jour de la commémoration. «Nous demanderons à l’ensemble des maires de manifester la célébration de ce jour, nous demanderons, comme cela se fait dans d’autres pays où il y a eu moins de victimes, qu’à l’heure où on commence la cérémonie de prière et de recueillement, que chaque citoyen observe une minute de silence et de recueillement pour que cette tragédie ne soit jamais un souvenir oublié», a-t-il promis. Il a également demandé à tous les touristes qui ont eu à prendre Le Joola depuis sa mise en œuvre, de partager les souvenirs qu’ils gardent certainement chez eux dans leurs familles.
Les attentes renouvelées des familles des victimes et rescapés
Pour Djibril Sonko, maire de la commune de Ziguinchor, «au-delà du devoir de mémoire, notre attitude devra être orientée vers un élan nouveau, celui du refus de la négligence, de la légèreté et du laxisme, faire une projection positive vers un avenir sûr». Le président du Conseil départemental de Ziguinchor a sollicité le renflouement de l’épave, l’identification et le jugement des véritables responsables du drame, mais également un mémorial-musée à Dakar, ainsi que l’adoption de la loi instituant la Journée nationale du souvenir et la prise en charge psychologique des rescapés.
Pour l’Association des familles des victimes et rescapés du Joola, le temps est venu de réaliser les promesses de près d’un quart de siècle. «Le moment est venu de faire justice pour 1954 morts. Il serait fatal à notre Nation d’ignorer qu’il y a péril en la demeure. Il est temps de restituer l’honneur des victimes, car le courage de la justice est une nécessité morale. Il est temps de rétablir la vérité sur cette tragédie, non pas comme un devoir, mais une obligation… il est temps de mettre en place une prise en charge psychosociale, non pas pour satisfaire des doléances de l’Association nationale des familles des victimes et rescapés du Joola, mais pour soigner les familles au bord de la rupture. Il est temps de prononcer un renouvellement à travers le retrait des ossements, non pas comme une exigence hostile, mais pour épargner les victimes cette houle agressive, pour permettre aux familles de faire enfin le deuil», a demandé Siga Gassama, orpheline du naufrage. Dans son allocution au nom de l’Association des familles des victimes et rescapés, elle a réclamé la réouverture du dossier du Joola classé sans suite.
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