Commémoration – Journée internationale : Plus de 800 migrants disparus recensés

La Croix-Rouge sénégalaise et le Comité international de la Croix-Rouge (Cicr) ont commémoré, samedi dernier, la Journée internationale des personnes disparues, en partenariat avec la Fédération nationale des associations de familles de migrants disparus. Leur constat est au désespoir. Par Alioune Badara CISS –
La cérémonie de commémoration de la Journée des personnes disparues, qui s’est tenue à Mbour, est revenue sur le sort de milliers de personnes portées disparues en migration, un phénomène qui constitue la première cause de disparition au Sénégal. La migration irrégulière, en particulier par voie maritime, expose les familles à une souffrance indescriptible, aggravée par la complexité des recherches. L’appel à un soutien accru des autorités nationales et internationales est au cœur des préoccupations.
Selon Nicolas Mendy, responsable au département de protection du Cicr à Dakar, la Croix-Rouge sénégalaise a déjà recensé plus de 800 cas de migrants disparus. Cette statistique alarmante reflète le fait que la migration est la principale cause de disparition dans le pays. La recherche de ces personnes est un défi de taille en raison de plusieurs facteurs, notamment le manque de documents d’identité, la difficulté d’accès aux zones de transit comme les routes maritimes et désertiques, et la nécessité d’impliquer les autorités étatiques pour obtenir des données.
Le réseau mondial de la Croix-Rouge, axé sur le rétablissement des liens familiaux, est le principal outil utilisé pour échanger des informations et localiser les migrants. Cependant, le succès est limité. «Le nombre de personnes retrouvées, il n’y en a pas beaucoup, pour dire vrai. Mais quand même, on est parvenus à retrouver des personnes, notamment à travers d’autres stratégies de recherche qu’on a pu développer», a déclaré Nicolas Mendy. A ce jour, au moins 12 personnes ont été retrouvées vivantes, et d’autres cas ont pu être élucidés grâce notamment à des prélèvements Adn.
Pour les familles, l’incertitude est une douleur constante. Elles vivent dans l’ambiguïté, sans savoir si leurs proches sont vivants ou décédés. Yayou Bayam Diouf, présidente de la Fédération nationale des associations de migrants disparus, insiste sur l’impact psychologique dévastateur de cette situation. «Psychologique-ment, ils sont toujours avec nous», dit-elle, soulignant le besoin crucial de soutien en matière de santé mentale pour les familles.
En plus de l’aspect psychologique, les familles sont confrontées à des difficultés économiques, juridiques et sociales. C’est pourquoi la fédération lance un appel au président de la République, demandant une prise en compte des besoins des familles dans les politiques publiques. Mme Diouf s’est félicitée des avancées locales, comme la mise en place d’un comité de suivi à Mbour pour mieux recenser les disparus et cartographier les cas. Le soutien du Tribunal de grande instance a également été salué pour faciliter les démarches de déclaration d’absence et de décès, essentielles pour des questions de succession ou de remariage.
Nicolas Mendy a également noté une avancée positive de la part de l’Etat sénégalais. «Au niveau du ministère des Affaires étrangères, on voit qu’il y a des actes qui sont en train d’être posés, notamment la nomination d’un Point focal des migrants disparus et décédés. Cette mesure témoigne de la volonté du gouvernement de faire de cette problématique une priorité.» Malgré ces efforts, les deux porte-parole ont réitéré l’importance d’une implication plus forte des autorités pour aider les familles à avoir des réponses et mettre fin à leur souffrance.
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