A force de voir les rangs clairsemés des manifestations qu’ils se proposent d’organiser tous les vendredis, les responsables de l’opposition au régime du Président Macky Sall, commencent à être gagnés par la nervosité. Ainsi, s’en prennent-ils aux populations qui ne daignent pas battre le macadam à leurs côtés. Comme s’ils étaient les plus éclairés, les plus conscients de tous les citoyens sénégalais et que leurs choix et comportements devraient s’imposer au reste de leurs concitoyens. Un démocrate devrait accepter à son concitoyen le droit et la liberté d’avoir une opinion différente de la sienne. Il faut dire que les responsables de l’opposition étaient les seuls à encore croire qu’ils pouvaient continuer à mobiliser les populations autour de la question de la défense du patrimoine national qui aurait été mis en péril par le régime de Macky Sall, à cause de concessions pétrolières et gazières. Dans une chronique en date du 16 juin 2019 intitulée «Quand vont-ils s’interdire d’interdire les marches de l’opposition ?», nous prédisions qu’il n’y aurait pas grand monde aux marches répétées de l’opposition si les autorités publiques ne les interdisaient pas. En effet, s’il y avait foules à Ziguinchor et Dakar, à l’occasion des marches de Aar li nu book du vendredi 13 juin 2019, c’était notamment du fait que de nombreux citoyens avaient décidé de braver l’interdiction faite par la police. Ces citoyens avaient, en quelque sorte, tenu à défendre l’une de leurs libertés fondamentales. Une fois que cette liberté ne serait plus menacée, d’aucuns n’ont plus estimé devoir se joindre à des marches dont le prétexte ne leur semblait pas très évident. Surtout qu’à l’occasion, ils ont pu observer le degré d’immaturité et d’incohérence des responsables de l’opposition. En levant un «lièvre à cinq pattes» pour dénoncer les conditions et circonstances des concessions gazières et pétrolières, les leaders l’opposition n’ont pas pu fournir des preuves de leurs accusations. La population, pas dupe pour un sou, n’a pas manqué de relever qu’il est assez facile de porter des accusations sans apporter la moindre preuve. Mieux, quand l’occasion leur a été donnée d’accabler le régime de Macky Sall pour ses «forfaitures» devant une enquête judiciaire ouverte par le Parquet de Dakar, les Abdoul Mbaye, Ousmane Sonko, Thierno Alassane Sall, Mamadou Lamine Diallo et autres, ont brillé soit par leur refus de répondre aux enquêteurs, soit en finissant par avouer n’avoir pas de preuves à leur fournir pour étayer leurs accusations. Cette posture est apparue renversante car ces personnalités politiques avaient tenu en haleine les populations sur cette question durant les cinq dernières années. On attendait beaucoup de l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye, qui disait avoir été trompé pour signer les décrets d’attribution de concessions à Timis Corporation. Mais devant les enquêteurs, il a été gagné par une amnésie, «ne se souvenant plus des circonstances dans lesquelles il avait été amené à signer». Quand les médias ont relayé cette dérobade, Abdoul Mbaye a vu rouge et s’en est pris aux policiers enquêteurs. Comme si ce serait seulement dans ce cas d’espèce et maintenant que les médias ont pu pénétrer les secrets des dépositions en justice ! Il s’y ajoute que la population n’a pas manqué d’être déroutée par la volte-face des anciens membres du gouvernement de Macky Sall, son ancien Premier ministre Abdoul Mbaye et son ancien ministre de l’Energie, Thierno Alassane Sall. Ces deux personnalités politiques tenaient un autre discours sur cette question, du temps où elles étaient encore aux affaires. C’est dire que Abdoul Mbaye et Thierno Alassane Sall défendaient, bec et ongles, la régularité des concessions accordées à Franck Timis. De nombreuses vidéos et d’autres documents de médias en attestent. C’est dire que c’est parce qu’ils ont été limogés de leurs fonctions que Thierno Alassane Sall et Abdoul Mbaye ont trouvé illégales ou illicites les attributions de concessions à Franck Timis.

Sonko serait respectable s’il rendait son mandat de député
Les leaders de l’opposition n’en sont pas à une incohérence près. Thierno Alassane Sall, Abdoul Mbaye, Ousmane Sonko ou Mamadou Lamine Diallo avaient clamé urbi et orbi refuser de répondre à la justice. Ils disaient ne pas faire confiance aux magistrats sénégalais. Paradoxalement, ce sont les mêmes qui étaient allés déposer une plainte, avec constitution de partie civile, devant la même justice sénégalaise. Déjà qu’ils avaient toute la latitude de le faire mais ont attendu que le Parquet de Dakar ouvre une enquête judiciaire, pour qu’ils se décident à déposer une plainte parallèle. Quel est l’objet d’une telle plainte sinon d’être un stratagème pour chercher à entretenir une nébuleuse, une confusion, à chercher à justement tromper les populations pour les embarquer dans des causes absurdes. Les populations semblent avoir compris le manège et donc refusent d’aller à leurs marches. On peut dire la même chose de l’initiative de Ousmane Sonko, après la publication du rapport de la Commission d’enquête parlementaire sur les accusations de détournements de deniers publics, pour un montant de 94 milliards de francs dans le cadre des péripéties des transactions sur le Tf1452/R. Ousmane Sonko qui fustigeait l’attentisme du Parquet de Dakar à ouvrir une enquête judiciaire, attend maintenant que la personne qu’il mettait en cause, en l’occurrence l’ancien directeur des Domaines, Mamadou Mamour Diallo, déclare qu’il entend porter plainte contre Ousmane Sonko son accusateur, pour que le même Ousmane Sonko décide de déposer une plainte avec constitution de partie civile contre Mamadou Mamour Diallo pour «détournement de deniers publics». Ousmane Sonko sait parfaitement qu’il n’a aucune qualité pour le faire, mais il engage de ce fait une manœuvre qui lui permettra de pouvoir, après, dire que la justice est aux ordres. Sa plainte sera à coup sûr infructueuse, mais Ousmane Sonko pourra dire que cette justice a refusé d’instruire sa plainte tout en privilégiant éventuellement celle de son adversaire. Ce serait le même sort pour l’autre plainte qu’il brandit contre les membres de la fameuse commission d’enquête parlementaire. L’annonce est ridicule et insulte l’intelligence des citoyens. Comment peut-on porter plainte contre des députés pour le fait qu’ils ont été membres d’une commission d’enquête parlementaire. A moins que Ousmane Sonko ignore tout, vraiment tout du rôle, de la mission et des attributs d’un député à l’Assemblée nationale. Voilà des attitudes qui révulsent les populations et qui discréditent la classe politique. Les populations ont une certaine maturité, une conscience politique et une connaissance de la vie politique pour se refuser à gober de pareilles sornettes. Donc pourquoi s’étonner de ne pas les voir aux marches de l’opposition ?
Ousmane Sonko n’en est véritablement pas à une incohérence près. Il est député à l’Assemblée nationale, et refuse de répondre à une commission d’enquête parlementaire mise en place justement suite à ses propres déclarations. Ousmane Sonko voudrait sortir le débat du terrain de l’Assemblée nationale pour, dit-il, déposer une plainte devant la justice. Quelle contradiction ! Comment Ousmane Sonko, dans l’exercice de son mandat de député, pourra-t-il une prochaine fois demander par exemple la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire ? Comment Ousmane Sonko pourra-t-il user de ses prérogatives de député pour interpeller le gouvernent sur des questions essentielles. A moins que pour Ousmane Sonko, le mandat de député ne se réduise qu’à venir à une séance plénière pour prendre la parole, faire un show, porter des accusations, sachant que ses propos prononcés dans le cadre d’une procédure parlementaire sont couverts d’une certaine immunité. Notre confrère, Jean Pierre Corréa, a parfaitement raison quand il relève : «De quoi Ousmane Sonko est-il le nom ? De l’inconséquence pardi ! Mâtinée d’incohérence peu soucieuse de son statut de député qu’il se doit d’honorer, ne pouvant jouir des avantages matériels de sa fonction d’Honorable et de considérer la Chambre qui abrite ses mandats comme illégitime à vouloir recueillir son précieux témoignage…». En d’autres termes, Ousmane Sonko acceptera-t-il pour l’institution judiciaire ce qu’il refuse à l’institution parlementaire à laquelle il fait partie ? Franchement, Ousmane Sonko aurait été plus conséquent en rendant son mandat de député ! Encore une fois, ce sont des attitudes du genre qui révulsent les populations et les détournent des responsables de l’opposition. La situation est devenue si grotesque que d’autres figures de proue de l’opposition, comme Idrissa Seck et Malick Gakou, ont fini par ne plus marcher avec leurs camarades de l’opposition. Dans une chronique en date du 10 août 2015, nous conjurions les responsables de l’opposition en les suppliant : «Méritez de nous gouverner !» Il faut dire que la situation n’a point changé. Les opposants se montrent incohérents dans leurs prises de position et ce qui est plus grave, c’est qu’il se trouve que leurs seuls arguments politiques sont l’invective et l’injure. Diantre, qui va leur faire comprendre que les populations sont révulsées par le discours politique alimenté et fondé sur des invectives, des injures et des insanités ? Le Peuple sénégalais semble avoir plus de maturité que sa classe politique.

Post Scriptum – Vacances gouvernementales inopportunes
Les réunions du Conseil des ministres sont suspendues pour une durée d’un mois. Cette décision prise par le gouvernement mais non rendue publique, équivaut simplement à des vacances gouvernementales. L’absence de communication sur cette décision traduit le malaise ou la gêne à l’assumer. Il est assurément inopportun de mettre en vacances un gouvernement formé il y a seulement quatre mois de cela. Quel travail l’actuel gouvernent a-t-il effectué pour mériter des vacances ? On ne peut pas non plus, manquer de relever que la plupart des nouveaux ministres (plus d’une vingtaine) ne sont pas encore imprégnés des dossiers de leurs ministères, pour déjà aller en vacances. En outre, qu’elle idée d’aller en vacances au moment où les populations rurales vivent de grosses inquiétudes par rapport à la prochaine campagne agricole et à cette période de soudure assez délicate dans les campagnes. Quelle idée de mettre un gouvernement en vacances dans un contexte où on annonce le retour des délestages dans le secteur de l’électricité ? Comment expliquer que le Président Macky Sall puisse encore prendre des vacances, lui qui s’était tapé des vacances de presque un mois, après l’élection présidentielle de février dernier ? Un gouvernement en vacances traduirait que tout va bien, qu’il n’y aurait aucun nuage à l’horizon. Il faudra y prendre garde, si, comme il est annoncé, les coupures d’électricité reviennent pendant que le gouvernement est en farniente. Il ne faudra pas s’étonner que les populations sortent dans la rue, pour marcher et protester. Elles n’auront pas besoin d’y être invitées par un quelconque responsable politique. En outre, il semble curieux de mettre en vacances le gouvernement qui n’a même pas eu le temps d’éprouver les réformes institutionnelles engagées, comme la suppression du poste de Premier ministre ou la division de l’ancien ministère de l’Economie, des Finances et du Plan. La fonctionnalité des différents services de l’Etat a-t-elle déjà fini d’être testée ?