Commercialisation de l’arachide : LA CAMPAGNE PAS HUILÉE
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Près de deux semaines après son lancement officiel, si la campagne de commercialisation de l’arachide a démarré dans certaines zones, dans d’autres, ce n’est pas encore le cas. A Ziguinchor, par exemple, la Sonacos annonce avoir déjà collecté plus de 380 tonnes sur un objectif compris entre 80 mille et 100 mille tonnes. A Tambacounda, dans une partie de la région de Kolda, ainsi que la zone centre, notamment Kaolack, Fatick et Kaffrine, la campagne est pour le moment jugée morose. Peu de points de collecte sont fonctionnels dans ces régions du Sud-est et du bassin arachidier. Par Dialigué FAYE –
Dans la zone centre, c’est-à-dire les régions de Kaolack, Kaffrine, Fatick, beaucoup de points de collecte d’arachide ne sont pas fonctionnels, selon l’opérateur économique Sidy Bâ, membre du Cadre de concertation des producteurs agricoles (Ccpa). Mais, précise le producteur agricole, au niveau de certaines coopératives affiliées au Ccpa, il y avait des paysans à qui cette organisation avait prêté des semences d’arachide. «On est en train de se faire rembourser (en nature) et ceux qui ont de l’argent en achètent pour garder. A part cela, il n’y a pas encore de rush. Les opérateurs ne se sont pas encore lancés dans la campagne», explique M. Bâ.
Et pour justifier cette timidité, il invoque la marge de collecte qui est faible. «La marge de collecte de 27.7 est tellement faible que si un opérateur paie le transport, l’ensachage, la manutention, pratiquement il ne se retrouve qu’avec 14 francs sur le kg vendu. Et s’il subit des abattements à l’usine, parce que les paysans n’acceptent pas de faire des cribles, c’est de l’argent qu’il perd et les services du Commerce intérieur peuvent le verbaliser, en disant qu’il est en train de faire une fraude sur la marchandise. C’est ce qui décourage beaucoup d’opérateurs», argue le producteur.
Et ce qui est valable pour les opérateurs membres du Ccpa l’est aussi pour les opérateurs d’autres organisations. Donc, estime-t-il, tant que le problème des cribles n’est pas réglé, les acheteurs ne seront pas très enthousiastes.
Comme autre problème, il pointe du doigt le financement. A son avis, les trois milliards qui ont été décaissés sont en deçà des besoins. Une bonne campagne de commercialisation nécessite la mobilisation d’une centaine de milliards de francs Cfa.
Pour rappel, à Pékessse, dans le département de Tivaouane, région de Thiès, trois gros opérateurs ont été alpagués au marché hebdomadaire de cette collectivité, et plus de 23 tonnes de graines d’arachide saisies, dans le cadre d’une traque menée par le Service régional du Commerce de Thiès contre les opérateurs véreux qui achètent l’arachide à un prix non homologué.
dialigue@lequotidien.sn