La montée du Red Star en Ligue 2 française est à l’image de la complicité de deux hommes : Habib Bèye et Cheikh Ndoye. D’ailleurs, les éloges de l’entraîneur envers son compatriote et capitaine sont révélateurs, à l’image de cette phrase : «Entraîner Cheikh Ndoye est un privilège pour moi.» Des mots très forts. Par Hyacinthe DIANDY –
C’est fait ! Le Red Star est en Ligue 2. Battue sur sa pelouse par Dijon (0-2) vendredi, la formation entraînée par le Sénégalais Habib Bèye accède malgré tout à l’étage supérieur, après le match nul de Martigues face à Cholet. Du coup, le Red Star est assuré de finir au pire au deuxième rang du championnat de D3.
Descendue en National 1 à l’issue de la saison 2018-2019, l’équipe parisienne retrouve donc la Ligue 2… 6 ans après. Un exploit historique qui est à mettre à l’actif de toute l’équipe. Mais surtout de deux hommes : Habib Bèye et Cheikh Ndoye. L’entraîneur et son capitaine ont en effet établi une telle complicité qui leur a valu une si belle performance.
«C’est le plus beau cadeau que le football puisse m’offrir pour une jeune carrière d’entraîneur», s’est exprimé d’emblée celui qui a pris les rênes de l’«Etoile Rouge» il y a trois ans, et qui a trouvé son compatriote sur place. Depuis, les deux hommes ne sont plus quittés. Entre-temps est née une forte complicité entre eux, qui a conduit à cette montée historique.
D’ailleurs, l’ancien Marseillais, faisant les éloges de son capitaine, avait lâché cette phrase : «Mon rêve ultime, c’est Cheikh Ndoye. C’est exceptionnel, je vis avec l’homme qu’il est, le footballeur qu’il est. C’est un exemple pour tous les jeunes qui veulent réussir une carrière. Il m’aide beaucoup au quotidien.
Entraîner Cheikh Ndoye est un privilège pour moi. Ce qu’il représente dans mon vestiaire est précieux.» Des mots très forts qui viennent mesurer le degré de complicité, d’estime, de respect entre les deux anciens Lions.
Soutenus par leurs compatriotes, Bissenty Mendy, Kémo Cissé et Alioune Fall, Habib Bèye et «Capi Ndoye» ont donc conduit leur troupe à bon port.
Habib Bèye : «Je vois Cheikh Ndoye comme un futur entraîneur…»
Pourtant, ce n’était pas gagné d’avance pour les deux potes. Si Bèye a débarqué comme entraîneur-adjoint avant de prendre en main le club parisien en 2021, Cheikh Ndoye a rejoint le Red Star dans les ultimes heures du mercato, en octobre 2020, venant d’Angers, après une saison sans club.
Une arrivée du technicien franco-sénégalais de 46 ans, avec un statut de coach-intérimaire (il préparait son diplôme d’entraîneur à l’époque), et qui avait d’ailleurs été saluée par Cheikh Ndoye, faisant part de sa «fierté de voir un compatriote» avoir cette promotion.
«Ça fait plaisir, même si c’est une situation intérimaire, et on espère avec lui qu’on va rebondir. On sait très bien que ça va être dur, mais on ne va pas lâcher ! Le club veut monter», avait-il réagi dans un entretien avec l’Aps. Avant d’expliquer son choix de descendre jouer en National, après être resté sans club durant toute la saison dernière, par son désir de se faire plaisir. «J’avais envie de rejouer au foot. Vivre une saison sans club, c’est difficile, mais, comme on dit, en bon croyant, en bon pratiquant, ma force, c’est de croire en Dieu et de croire en moi. Les clubs se demandaient si j’étais revenu à mon niveau. C’était ça l’interrogation vu que j’avais subi une blessure aux ligaments croisés (en avril 2019). Il y avait des doutes. Mais je savais que tout allait bien. Mon genou va très bien. Je n’ai pas de souci. En arrivant au Red Star, je veux me faire plaisir, car à mon âge, je n’ai plus rien à prouver, pour quelqu’un qui a fait une Coupe du monde, qui a été capitaine en Ligue 1, qui a disputé une Coupe d’Afrique des nations», a soutenu celui qui est arrivé en France un 25 septembre 2009 à Epinal, à l’âge de 23 ans. Qui est passé par Angers, Birmingham et qui a signé son premier contrat professionnel à 26 ou 27 ans avec Créteil. Un club avec qui il est monté de la National en Ligue 2.
Un même parcours qu’on retrouve aujourd’hui avec le Red Star. Le natif de Rufisque, qui a eu ses 38 ans le 29 mars dernier, va sûrement commencer à réfléchir à sa reconversion. Pourquoi pas sur le banc, comme le souhaite son coach ?
«Voir Cheikh à l’entraînement tous les jours, pour moi, c’est l’humilité. Quand je vois qu’il a plus de 400 matchs au plus haut niveau, également avec l’Equipe nationale du Sénégal, l’implication qu’il met et le fait d’être un guide, c’est extraordinaire. Je le vois comme un futur entraîneur», témoignait Bèye.
En attendant, laissons l’ancien taulier de Aliou Cissé et son coach savourer leur «sacre».
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