Comportements de l’Administration : LE COUP DE GUEULE DE ABDOULAYE SOW

Le ministre de l’Urbanisme, de l’habitat et de l’hygiène publique, qui présidait, hier à la Somone, une retraite annuelle pour évaluer et planifier les projets et programmes de son département, a profité de l’occasion pour donner une leçon de courtoisie et d’élégance aux chefs de service de l’Urbanisme. Face au refus de certains directeurs ou chefs de service de ne pas répondre aux courriers qui leur sont souvent adressés, Abdoulaye Saydou Sow a mis les points sur les i. «La réponse, c’est une question de courtoisie administrative, d’élégance. Il faut aussi qu’on accepte d’investir dans la communication. Si vous travaillez et que vous ne communiquez pas, ça ne passera pas. Beaucoup de conseillers techniques en communication ou de chargés de communication déplorent la modestie des moyens qui leur sont affectés», souligne M. Sow.
Très en verve, le ministre dénonce aussi le manque de rigueur dans l’organisation de certaines activités comme la cérémonie de remise des clés des logements sociaux organisée lundi dernier à Kébémer par la Sn Hlm. «Ce n’est pas acceptable ce qui s’est passé lundi à Kébémer. Une tribune qu’on ne peut pas maîtriser, et c’est la deuxième fois que cela nous arrive. On a échappé à une catastrophe lors du «Bessoup Settal» au Lycée militaire Sergent Malamine Camara, la bâche s’est effondrée 2 mn après le départ du président de la République. Et si c’était tombé sur le Président ? Il y a un minimum. Hier (lundi) à Kébémer, on n’a pas eu de bâche. Au moindre coup de vent, la bâche a disparu. Il faut qu’on y mette le prix. Il ne faut pas être pingre, le minimum c’est d’avoir une bâche correcte. On n’est pas dans des calculs d’épicier. On a pu sauver la cérémonie par l’ingéniosité de ceux qui étaient sur place. Cela ne doit plus se répéter. Une société comme la Sn Hlm, un cabinet ou même le ministère ne peut pas avoir une bonne bâche correcte. Ça, ce sont des images catastrophiques. C’est pourquoi j’attire l’attention du Directeur général de la Sn Hlm», a averti Abdoulaye Saydou Sow.
En plus de ces couacs, le ministre de l’Urbanisme, de l’habitat et de l’hygiène publique a aussi fustigé le comportement vestimentaire de certains chefs de service. Il relève : «Certains chefs de service sont venus ici avec une chemise débraillée. Au temps de Senghor, personne n’osait le faire. L’habit ne fait pas le moine, mais il y a quand même un minimum. Si nous voulons être respectés dans les Comités départementaux de développement (Cdd) ou dans les Comités régionaux de développement (Crd), il y a un minimum. Il faut qu’on se fasse respecter. Si vous ne le faites pas, quelle que soit la communication que vous allez faire, ça ne passera pas. Ce n’est pas une question de richesse ou d’argent. Quand on est chef de service, il y a une certaine posture qu’on doit avoir. Un chef de service doit soigner son image…»
Toutefois magnifie-t-il le comportement de certains collaborateurs. «Je vois qu’il y a des collaborateurs qui ont une excellente mine et qui nous représentent très bien dans les régions et dans les départements. Il faut donner une autre image de notre administration. L’administration, c’est d’abord un comportement. C’est le respect de l’heure, des usagers du service public. Nous devons les respecter par un accueil décent. Dans la plupart de nos services, l’accueil est catastrophique, alors qu’il contribue beaucoup à l’image de marque du service. Ce n’est pas seulement au niveau des chefs de service départementaux, même au sein de nos ministères. Il faut qu’on travaille ensemble sur comment améliorer l’accueil et le traitement des courriers des usagers du service public», suggère-t-il.
Avant de clôturer ses propos, il a aussi invité les chefs de service à avoir un minimum de respect et de courtoisie, et de tenir compte des pesanteurs socioculturelles. «Une fois, un chef de service a convoqué un imam à Koungheul chez lui pour une affaire de construction d’une mosquée. C’est vrai que les imams sont des citoyens, mais il était plus décent que le chef de service aille rencontrer l’imam chez lui pour lui expliquer qu’il est dans l’illégalité. Il faut humaniser les codes», a encore recommandé le ministre.
Par Alioune Badara CISS
Correspondant – abciss@lequotidien.sn