Concert d’ouverture du Saint-Louis jazz : Sekouba Bambino, prophète à Ndar

Pour la 30ème édition du Festival international de jazz de Saint-Louis, la sous-région est à l’honneur. Pedro Kouyaté du Mali et Sékouba Bambino de la Guinée ont animé le concert d’ouverture. Le Guinéen a confirmé son statut de grand musicien d’Afrique et Pedro Kouyaté a mesuré le chemin qui le sépare de ses devanciers.Par Malick GAYE (envoyer spéciale à Saint-Louis)
– 30 ans ! C’est l’âge de la maturité. Saint-Louis jazz le matérialise avec une affiche partagée par Pedro Kouyaté du Mali et Sékouba Bambino de la Guinée, Sélène Saint-Aimé de la France, African jazz roots, Djiby Diabaté du Sénégal, Alune Wade du Sénégal, Flavio Boltro de l’Italie et Avishaï Cohen d’Israël. Pour le concert d’ouverture, Pedro Kouyaté du Mali a tenté de réchauffer, avec un résultat mitigé, le public composé comme d’habitude majoritairement d’expatriés. Mais la magie a opéré à l’annonce de Sékouba Bambino. Le Guinéen, accompagné par des notes de Xalam, s’assoit, tout de blanc vêtu, sur la scène installée sur la place Baya de Ndar, anciennement appelée Faidherbe. Le morceau d’ouverture étant une exclusivité, les mélomanes se sont tout simplement contentés d’écouter religieusement les paroles, aidés en cela par Sékouba Bambino qui a affirmé que «ce morceau fait plaisir à l’esprit et aux oreilles. Quand on l’interprète, on s’assoit et on écoute». Koumakelalou est un titre qui exalte le rôle du griot dans une Afrique qui se veut de plus en plus moderne, sur un rythme dépouillé qui charrie le style musical de Sékouba Bambino. La teneur des paroles étant méconnue, mais la musique est à l’image du répertoire du Guinéen. Les sonorités mandingues y sont à profusion. L’impression d’être familier à la musique est le sentiment le mieux partagé après avoir écouté Koumakelalou.
Ce nouveau titre présenté aux festivaliers, Sékouba Bambino administre une piqûre de rappel en interprétant les morceaux qui ont fait sa réputation. Diougouya, Saratenite ou encore Apollo étaient attendus. Dès les premières notes de ces morceaux, la clameur du public vient sanctionner positivement. Certains mêmes, tiraillés entre la nécessité de faire bonne figure et l’envie de danser, vont finalement céder. Avec des pas de danse dignes des amateurs de jazz, c’était un spectacle dans le spectacle. Les expatriés se perdent littéralement dans les sonorités mandingues. On se croirait devant des enfants qui apprennent à marcher tant les pas de danse et la musique étaient opposés. C’est le charme du festival de jazz. On chante et on danse pour s’évader et vivre la musique sans standard, sans peur de choquer. «J’avais toujours entendu du bien de ce festival. Mais je peux affirmer ici qu’il constitue aujourd’hui, du haut de ses trente ans d’existence, l’une des valeurs sûres de l’Afrique», a affirmé Sékouba Bambino, sans ironie, juste après la fin de son spectacle jeudi passé.
Si le concert d’ouverture n’a pas drainé la foule des grands soirs, les travaux de rénovation du pont Faidherbe y sont pour quelque chose. En effet, pour rallier le centre-ville, certains festivaliers doivent patienter car la route est à sens unique. A défaut de trouver un taxi, il faut marcher car beaucoup de chauffeurs refusent catégoriquement d’y aller.
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