Concert du Super Diamono 4ème Génération : Omar en valait la Pène

Il vient de loin. Après son concert d’il y a 3 ans, Omar Pène a réussi ce vendredi avec brio son grand come-back au Grand Théâtre. Il a ravi le public en chantant d’une voix juste et une savante symbiose entre acoustique, danse hip-hop et mbalax. Aidé par son orchestre recomposé, le Super Diamono 4e Génération, son fils Assane Pène et des chanteurs de talent comme Youssou Ndour, Mbaye Dièye Faye, Thione Seck…, le lead-vocal de Super Diamono a célébré ses 62 ans face à des fans qui n’ont cessé de lui témoigner leur affection tout le long du concert.
Il avait des rastas ébouriffés, jean déchiré, tee-shirt blanc, veste multicolore, baskets argentés. Ce n’est pas Omar Pène, mais un jeune break-dancer que le lead-vocal du Super Diamono a tenu à associer à son spectacle vendredi dernier au Grand Théâtre. Fêtant ses 62 ans, Omar Pène a, comme s’il voulait tisser la vieille corde à la nouvelle, fait venir en ouverture sur scène la jeunesse. Un break-dancer, puis après 4 se retrouveront sur la scène et accompagnent le chanteur durant presque tout son concert. Dansant aux sons des différents instruments à vent, à corde, guitare électrique et basse, trombones, trompettes, koras, claviers, batteries et autres percussions… ces jeunes ont tenu leur spectacle dans le spectacle et ont failli ravir la vedette au lead vocal du Super Diamono. Mais le talent du chanteur s’est imposé. Il a su user de sa voix magique et de l’ingéniosité de ses jeunes musiciens de la 4e Génération pour s’attirer les bonnes grâces du public qui, déjà au 4e morceau, était à ses pieds.
«Diamono, Diamono, Diamono» debout, les mains jointes, la salle applaudissait et scandait ce refrain pour motiver Goorou Banna Ndiaye, qui n’en était qu’à la première partie de son concert. Dans ce même public, un homme dans un costard s’inventait un instrument imaginaire et mimait les gestes du tromboniste. C’était sa manière à lui d’approuver les bonnes notes qui se répandaient dans la salle du Grand Théâtre. De l’autre côté, un membre d’Afsud (le fan club de Omar Pène), une main en l’air, l’autre sur le cœur, montrait comment il portait l’artiste dans son cœur. Callés dans leurs fauteuils, d’autres buvaient les paroles du chanteur qui, à travers ses chansons, véhicule des leçons de vie. «Sa doom diangalko, ngir mou xam, meune ga dika wone, dika tété» (Ndlr : Qui aime bien châtie bien), un titre dans lequel Omar Pène chante l’importance d’inculquer une bonne éducation à ses enfants. Ou encore de préserver les relations humaines et amicales «fonk naala kii sama nitt leuh, danio yag lool» (Je t’estime profondément mon cher ami) ou pour s’ériger contre les maux de la société «Ki sa dooom la boulka sanni… goné moy magg ba doon leeneene» (C’est ton enfant, ne le jette pas !) Parfois les paroles du chanteur étaient si profondes et énigmatiques que le jeune public avait du mal à en démêler le sens. Qu’à cela ne tienne ! Tous se laissent emporter par la douce mélodie acoustique et vivaient presque en transe leur Diamono folie.
L’hommage unanime à un ndaanaane
Ndaanaane parmi les Ndaanaanes (Ndlr : vedette parmi les vedettes) Omar Pène a reçu un grand hommage des artistes qui ont tenu à le chanter. Avant son entrée sur la scène, Awadi, Bakhaw de Da Brains, Gorgui Ndiaye, Baba Hamdy et bien d’autres artistes s’étaient succédé sur scène pour jouer leur partition. L’auteur de Myamba, lui, va ouvrir son concert avec ce titre, laissant quelques minutes plus tard son fils lui empoigné le micro pour lui rendre à son tour un hommage. Il reprend successivement Sama yaaye, Sama baaye. Le jeune artiste avait les gestes délicats, la voix imposante. Ce passage de Assane Pène a été fortement apprécié par le public. En l’écoutant, on aurait cru entendre chanter Omar Pène himself. Tellement la ressemblance dans la voix était déroutante. Reprenant plus tard le micro, le père de Assane Pène poursuivit sa symphonie musicale. L’acoustique se muera en mbalax et cette fois-ci, il sera rejoint par d’autres grandes voix à l’instar de Soda Mama Fall, Thione Seck et pour fermer la boucle Youssou Ndour et Mbaye Dièye Faye qui ont repris le morceau Silmakha avec lui. Tous ont tenu par leur présence à rendre hommage à cette grande icône de la musique sénégalaise.
«Omar c’est un grand ami, je ne pouvais qu’être présent. On a démarré ensemble, cela fait 40 ans. La moindre des choses c’est que je sois là et ça me fait plaisir de le retrouver ce soir sur scène», a lancé dans la foulée Thione Seck. Baba Hamdy, lui, s’inclinera devant la grandiose et riche discographie du chanteur. «Il est important de rendre hommage à des hommes de sa trempe qui ont balisé le chemin à la jeune génération», a-t-il commenté. Youssou Ndour et Mbaye Dièye Faye ont, eux, chanté un happy birthday pour ses 62 ans, et le bonheur de retrouver sur scène un ami de 40 ans. Venu fraîchement de Saint-Louis où il a tenu un concert, Youssou Ndour a dès son entrée en scène obtenu un standing ovation, signe de reconnaissance et de sollicitude de la part des fans de Omar Pène. Ce dernier s’est excusé auprès de fans saint-louisiens de Youssou Ndour, car à cause de ce concert du Grand Théâtre, le roi du mbalax a été obligé de commencer son concert à Saint-Louis à 18h pour pouvoir être sur Dakar à temps. «Il devait se rendre à Ndar, mais a promis d’être là. Je suis persuadé que les Saint-louisiens vont m’en vouloir, puisque c’est très rare de voir Youssou Ndour sur scène à 18h», réalise-t-il. Mais pour You, il est clair que le bonheur de partager la scène avec Pène est inégalable. «Omar, tu nous as trop manqués. J’ai tout fait pour être là ce soir. Et je suis très ému et heureux de voir que notre légende vivante, notre fan et ami, Omar Pène, est de retour», a-t-il dit avec beaucoup d’émotion dans la voix.
Un brillant retour
Il était hors de question pour le chanteur longtemps alité de faire une fausse note après sa dernière prestation au Grand Théâtre. Saisissant un moment de liesse générale, il va remercier ses fans, les musiciens de Super Diamono 4e Génération, sa femme Banna Ndiaye, le chef de l’Etat Macky Sall, et tous ceux qui l’ont soutenu dans les moments où il était dans «une période sombre». «C’est grâce à vos prières et à votre soutien que j’ai pu le surmonter. Je vous remercie. Le chef de l’Etat m’a beaucoup aidé lorsque j’étais à Paris pour me soigner et je le dis sans aucune gloriole», a-t-il mentionné, remerciant encore sa femme qui, malgré ma maladie, n’a jamais perdu espoir. «Tu as même plus de fans que moi. Ils t’aiment bien plus que moi», souligne-t-il. Rappelant qu’à son dernier concert, beaucoup étaient sortis de la salle les larmes aux yeux. Cette fois-ci, c’est plutôt un sourire béat qui s’affichait sur le visage du public au sortir de la salle. Journaliste-blogueur Papa Ismaïla Dieng avoue avoir eu quelques appréhensions en entrant. En sortant, il était plutôt rassuré. «J’avais beaucoup d’appréhensions avec le changement de musiciens, mais j’ai découvert des musiciens que je ne connaissais pas et qui ont merveilleusement bien joué le set du Super Diamono habituel. En tant que fan et observateur, je n’ai pas été déçu. C’était grandiose», a-t-il noté.
Même son de cloche chez la journaliste culturelle Oumy Régina Sambou. Elle a trouvé la prestation de Omar Pène, «vachement mieux» que celle à laquelle elle avait assisté il y a 3 ans. «Il y avait plein d’artistes, mais la voix de Omar Pène n’était pas au top à l’époque. Ce soir, nous avons vu un artiste beaucoup plus au top, beaucoup plus présent sur scène. Même s’il n’y avait pas une foule d’artistes, le public s’est fait plaisir et la prestation très appréciée. C’est un spectacle de qualité. Chapeau ! Omar Pène est de retour», a affirmé la présidente de l’Association de la presse culturelle du Sénégal.
Avec une telle prestation, l’espoir de voir le prochain album de Pène est donc permis. L’on annonce sa sortie au cours de l’année 2018 et cet opus, apprend-on, sera musicalement fait de belles surprises.
aly@lequotidien.sn