Concert – Hommage musical : Jam Jazz revisite la playlist de Amadou Mahtar Mbow

Amadou Mahtar Mbow, premier Africain nommé Directeur général de l’Unesco, est décédé à l’âge de 103 ans le 24 septembre 2024. Amoureux des arts et amateur de musique, plus particulièrement du jazz, Amadou Mahtar Mbow a reçu un hommage de la Place du Souvenir où le Jam Jazz a revisité sa playlist.Par Amadou MBODJI –
Amadou Mahtar Mbow n’est plus de ce monde, mais les souvenirs que ses proches et ses collaborateurs ont de lui restent intacts. Premier Africain à être nommé Directeur général de l’Unesco, Amadou Mahtar est un homme multidimensionnel, un homme de culture et un inconditionnel de la musique, le jazz plus particulièrement. C’est ce qui lui vaut de voir la playlist qu’il avait l’habitude d’écouter de son vivant, revisitée. Une initiative de la Place du Souvenir qui s’est tenue samedi dernier. «Jazz’Afrika», animé par Jam Jazz sur l’esplanade de la Place du Souvenir, a revisité des titres dont une partie provenant du répertoire de Samba Diabaré Samb, le virtuose du xalam qu’aimait écouter l’ancien ministre sénégalais. «On a revisité la playlist de Amadou Mahtar Mbow qui est très riche, qui comporte du jazz mondial, mais particulièrement des musiciens africains et sénégalais. Tout de suite, sa fille a parlé de Diabaré Samb qu’il aimait écouter. Donc les sons de Samba Diabaré Samb sont interprétés en jazzy. Amadou Mahtar Mbow lui-même était jazzy parce qu’il aimait la liberté, il aimait la justice, et donc c’est toute cette panoplie de valeurs qu’aujourd’hui, la Place du Souvenir et le Jam Jazz montrent au public qui est ici présent, mais surtout aux jeunes», soutient Ngakane Gnuingue, administratrice de la Place du Souvenir, avant que le groupe Jam Jazz, qui était déjà sur scène, ne commence son spectacle.
Mme Awa Mbow Kane, fille de Amadou Mokhtar Mbow, se souvient des liens que son regretté père avait avec le monde de la musique. «Concernant la musique, il a invité au Palais de l’Unesco de nombreux musiciens. Il était très éclectique en matière de musique. Le jazz, il l’aimait, d’autant plus que son jeune frère, Gana Mbow, était lui-même percussionniste. Il aimait aller à ses concerts en France notamment. Gana Mbow a joué avec Joséphine Becker», fait savoir sa fille. Amadou Makhtar Mbow aimait Tshala Muana, révéle sa fille. Mme Khady Diéne Gaye, ministre de la Jeunesse, des sports et de la culture, a rendu un hommage au patriarche, en se réjouissant de l’héritage laissé par ce dernier, qui a été le premier à occuper un ministère avec la même dénomination qu’elle, à savoir le ministère de la Jeunesse, des sports et de la culture. «Je suis aussi une très proche héritière de ses portefeuilles ministériels», souligne la ministre, qui décrit M. Mbow comme un «patriote émérite, panafricaniste convaincu et défenseur infatigable du dialogue des cultures». Une conférence sur le parcours de Amadou Makhtar Mbow a été animée par Pr Penda Mbow, en compagnie du Pr Ibrahima Wane, avec comme thème : «Pr Amadou Mahtar Mbow, un homme de conviction.» «Il a cherché à libérer les intellectuels opprimés et est allé les récupérer. Les Sénégalais ne savent pas que cette homme est l’humanité», estime l’historienne Penda Mbow. Le panel a permis de rappeler l’engagement du patriarche dans des causes nobles comme le retour des biens culturels et le combat contre le monopole dans les médias, entre autres.
Ce qui est recherché dans le cadre du «Jazz’Afrika», selon l’administratrice de la Place du Souvenir, «c’est de redécouvrir le riche et élogieux parcours, mais aussi la vie et l’œuvre de grandes personnalités qui ont fait l’ineffaçable mémoire des peuples noirs». ««Jazz’Africa» vise également à donner en exemple l’œuvre de ces personnalités-là», poursuit Mme Gningue, «pour que les jeunes générations, mais également celles à venir puissent avoir des repères et être fières de s’identifier aux personnalités emblématiques de l’Afrique et de la diaspora».
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