Des années après la conférence de Bandung, les pays du Sud cherchent encore à renforcer leur coopération. C’est dans ce cadre que Dakar accueille depuis hier, une concertation régionale africaine sur le réseau francophone de la coopération sud/sud et tripartite. Selon le Dr Cheikh Tidiane Dièye, il s’agit de faire en sorte que chaque pays partage son expertise.
La part des pays en développement dans le commerce mondial a doublé et représente désormais plus de la moitié du commerce mondial. Mais pendant ce temps, le commerce intra- africain reste à un niveau très faible. Pour le directeur de Cabinet du ministre du Commerce, M. Augustin Faye, cette situation dont l’une des causes reste l’absence de logistique adéquate, pourrait être corrigée si des initiatives comme la zone économique continentale de libre échange en gestation, sont mises en place. En attendant l’achèvement de ce projet continental, la coopération sud/sud et tripartite peut y aider, souligne M. Faye, qui a présidé hier la cérémonie d’ouverture de la concertation régionale africaine sur le réseau francophone de la coopération sud/sud et tripartite. Cette rencontre, organisée par le Centre africain pour le commerce et le développement (Cacid), vise à mettre ensemble les acteurs, afin de faciliter le partage d’informations, les bonnes pratiques et la mobilisation autour de projets concrets. Depuis la conférence de Bandung, beaucoup de travaux et d’efforts ont été faits pour mobiliser les pays du Sud, développer des espaces de coprospérité, d’échanges d’expériences. Aujourd’hui, c’est la dimension économique qui a pris de l’ampleur, explique Dr Cheikh Tidiane Dièye, directeur exécutif du Cacid. «La plupart des pays émergents sont des pays du Sud et ce sont des pays qui ont une bonne expérience en matière de développement, de lutte contre la pauvreté, parce que beaucoup ont réussi à se mobiliser et à se libérer des contraintes qui empêchaient leur développement. Et c’est toute cette expérience qu’il est possible de transférer à des pays du Sud un peu moins avancés», explique Dr Dièye. Mais pendant très longtemps, les pays du Sud ont plutôt lorgné vers leurs voisins du Nord pour bénéficier de l’Aide publique au développement (Apd). Mais aujourd’hui, l’Apd entre pays du Sud représente plus de 10% du volume de l’Apd, alors qu’elle était quasiment inexistante au milieu des années 90, informe M. Faye.
Quant à la coopération sud/sud, elle avait dépassé les 20 milliards de dollars dès 2013, dit-il. «Les pays émergents du Sud offrent de nouvelles opportunités aux pays du Sud en retard en termes d’accès à des technologies nouvelles et en termes d’accès à des capitaux et d’attrait de l’investissement», précise Dr Dièye.
Et c’est tout l’intérêt de la mise en place de ce réseau francophone. Cette initiative permettra de partager des connaissances et des expériences. «Il y a deux mois, nous avons été à Hanoi au Vietnam pour faire la même forme de concertation avec les pays d’Asie et du Pacifique. Cette deuxième concertation avec les pays francophones d’Afrique permettra de finaliser le cadrage du réseau que nous sommes en train de mettre en place et qui sera lancé bientôt», explique le directeur exécutif du Cacid. Ce réseau devrait ainsi permettre au secteur privé africain d’être mis en relation directe avec les secteurs privés des pays asiatiques. «On voudrait que chaque pays puisse partager son expérience et que des pays qui ont une expertise, comme le Maroc, la Tunisie ou le Sénégal, faire en sorte que ces pays puissent transférer ces compétences aux pays qui en ont besoin dans le cadre d’une coopération pensée et assumée», précise-t-il.
L’exemple de l’anacarde
Pour M. Dong The Quang, de la Direction de la francophonie économique et numérique à l’Organisation internationale de la francophonie (Oif), quelques secteurs d’activités peuvent illustrer l’intérêt de cette coopération. Il donne l’exemple de la filière anacarde. «Dans l’agroalimentaire, on parle beaucoup de l’anacarde. La Côte d’Ivoire est la première productrice au monde et elle exporte plus de 75% de sa production vers les pays asiatiques. De l’autre côté de la chaine de valeur, il y a le Vietnam qui est le premier pays transformateur et qui ne peut pas importer directement de la Côte d’Ivoire. Le sens de notre démarche tripartite est de rapprocher les deux parties et faciliter les flux d’échanges directs», explique-t-il.
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