A Mbour, les enseignants et le ministre de l’Education ont du mal à s’entendre sur les questions à discuter lors des Concertations partenariales annuelles ouvertes à quelques jours de la rentrée des classes.

A la veille de la rentrée des classes, le ministère de l’Educa­tion a ouvert hier à Saly, les deuxièmes Concertations partenariales annuelles, regroupant les organisations syndicales et les associations de parents d’élèves. Serigne Mbaye Thiam insiste sur le thème de cette rencontre, qui est la «Consolidation de la confiance entre acteurs au service des performances scolaires». Il dit : «J’invite les partenaires sociaux à un dialogue, franc et sincère et sans tabou. Cet espace n’est pas un espace de revendications, ni un espace de négociation ni un espace d’affrontement. Ce n’est pas non plus une réunion entre le gouvernement et les syndicats mais plutôt une réunion de la famille éducative.» Interpellé sur le manque de confiance, qui a abouti au dépôt de préavis de grève des enseignants à la veille de l’ouverture des classes, il se dit «confiant et pense que durant ces trois jours de concertations, l’espoir est permis».
Il faudra relativiser ces propos si on se fie aux déclarations des organisations syndicales, qui ne sont pas convaincues par son discours. Saourou Sène, Secrétaire général du Saems/­Cusems, reste très dubitatif : «Quand nous parlons de concertation, il fallait le faire en amont en ce qui concerne la thématique qui devait être choisie. Je crois que le ministère, s’il peut se satisfaire de ce qui s’est passé l’année dernière, ce n’est pas le cas pour notre organisation syndicale. Je considère que ça ne sert à rien de vouloir faire une opération de charme en termes de communication pour dire que oui nous avons vécu une année scolaire apaisée. Nous allons consolider cette année scolaire apaisée en ne faisant absolument rien qui va dans le sens du règlement des préoccupations légitimes que posent les enseignants. C’est la raison pour laquelle à la cérémonie d’ouverture, les syndicats n’ont pas pris la parole pour la bonne et simple raison que nous étions venus pour écouter.» Et ceux qu’ils ont entendus ne semblent pas les avoir convaincus. M. Sène insiste : «Il n’y a pas quatre chemins pour aller vers une année scolaire apaisée, il y a un seul chemin : c’est le respect des accords dûment signés. Si le gouvernement ne revient pas sur le système de rémunération, ne règle pas la question de l’indemnité de logement des enseignants, pense continuer ainsi conjurer le sort des enseignants par la magie du verbe, il se trompe.» S’ache­mine-t-on vers une année scolaire mouvementée ? «Toute la cou­­leur de l’année scolaire dé­pen­dra du gouvernement. En tout cas, nous ne serons plus des faire-valoir.  Le Saems n’est pas là pour ça, nous ne sommes pas là pour consolider quoi que ce soit, nous nous attendons à ce que le gouvernement nous dise exactement dans ces accords qui sont signés, dans ces préoccupations longtemps exprimés, qu’est-ce qu’ils sont prêts à faire pour l’éducation ? Si cela n’est pas le cas, nous assumerons l’entièreté de nos responsabilités.»
En écho, Abdoulaye Ndoye, patron du Cusems, ne se fait d’illusions. Il avance : «Nous refusons d’être mis dans un carcan, le ministre a dit qu’il n’y a pas de sujet tabou alors que lui-même dit qu’il ne faut pas parler de revendications, c’est contradictoire. Ce qui donne sens au dialogue social, ce sont les revendications. Nous on attend rien de ces concertations, nous sommes vigilants, la ruse ne passera pas.» Dialogue de sourds !
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