Alors que, depuis cet été, les festivals s’adaptaient aux mesures sanitaires avec le port du masque et le pass et que les salles de spectacle préparaient leur rentrée et le calendrier de la saison 2022, les nouvelles annonces ­ sur le retour des jauges (2000 sièges à l’intérieur, 5000 à l’extérieur) et, surtout, l’interdiction des concerts debout provoquent pas mal de remous dans la profession et chez les artistes mis au pied du mur. Reste à savoir si ces mesures prévues à partir du 3 janvier et pour au moins trois semaines seront temporaires ou risquent d’être prolongées avec la période hivernale favorable à la pandémie.
Les grandes tournées de Ju­lien Clerc, Orelsan, Hubert-Félix Thiéfaine, M et de ­ Lavilliers prévues en ­ dans des salles aux jauges élevées comme les Zénith risquent d’être revues à la baisse, ce qui va devenir un vrai casse-tête pour les organisateurs et les producteurs. En effet, il y a dix-sept Zénith sur le territoire, qui, de Paris à Lille, disposent de 6000 à 7000 places environ et peuvent être modulables, ce qui réduit d’autant la billetterie et les recettes.

Inquiétude du monde du spectacle
«On est inquiet et dans l’expectative, avoue Daniel Colling, le président des Zénith de Paris, Nantes et Toulouse. Si la situation empire, on va devoir annuler ou reporter certains concerts. Depuis deux ans, on s’est adapté à toutes les situations en informant directement le public, mais on doit aussi se conformer aux décisions des artistes et des producteurs pour lesquels l’enjeu financier est important. De plus, on a beaucoup emprunté pour tenir le coup et j’attends de voir quelles vont être les modalités des aides gouvernementales dont parle le Premier ministre Jean Castex.»
Selon le Prodiss (le Syndicat national du spectacle musical et de variété) pour qui tout le monde a joué le jeu du pass sanitaire et s’est conformé au test du groupe Indochine au printemps dernier, le coup est rude parce qu’il remet en question toutes les dispositions mises en œuvre depuis des mois. Et menace sérieusement le calendrier des concerts prévus en 2022. Olivier Darbois, le président du Prodiss, considère déjà que le premier trimestre 2022 est largement compromis. «C’est un véritable retour en arrière avec des jauges qui passent du taux plein à une réduction drastique parce que beaucoup de grands concerts se déroulent selon la formule debout/assis, déplore-t-il. Cer­tains vont être reportés ou carrément annulés dans la mesure où il y a moins de dates disponibles avec les multiples reports de 2020-2021 sur l’année 2022. Il y a de quoi être inquiet parce que tout l’équilibre des tournées est remis en cause.»
Le Point