Bien qu’ayant perdu le contrat de concession de l’eau au Sénégal, la Sde, dont Eranove est l’actionnaire majoritaire, voudrait continuer, même pour un délai assez court. Le Quotidien a appris que la société a approché le ministère de tutelle pour obtenir un moratoire d’un an.

La bataille de l’eau au Sénégal n’aura pas duré longtemps. Il semblerait que face au choix de Suez comme concessionnaire, Eranove, qui est l’actionnaire majoritaire de la Sde, a fini par rendre les armes. Du moins, Le Quotidien a appris que le Dg de ladite Sde a contacté le ministre de l’Hydraulique, Mansour Faye, pour obtenir un moratoire en ce qui concerne l’arrêt de son contrat d’affermage.
Ce fameux contrat, on le sait, a été accordé à une autre compagnie française, Suez. Cela a suscité un gros tollé, et Eranove a obtenu l’appui de plusieurs instances et personnalités, dont certaines affirment se battre contre ce qu’elles considèrent comme une forte présence des intérêts français au Sénégal, en oubliant que les intérêts majoritaires dans la Sde ont toujours été français, depuis la réforme du secteur de l’eau au Sénégal.
Son offre ayant été écartée au profit de celle de Suez, la Sde avait introduit un recours auprès de l’Autorité de régulation des marchés publics (Armp) qui, en conséquence, a suspendu l’attribution, le temps d’étudier le contentieux. Mais il semblerait que Eranove-Sde n’a pas vraiment l’assurance d’obtenir gain de cause.
En effet, la demande formulée auprès du ministre de l’Hydrau­lique Mansour Faye, exprime le besoin pour la société d’obtenir un moratoire d’une année, le temps, pour la compagnie, nécessaire pour préparer une bonne passation de services avec le nouveau concessionnaire.
Les services du ministère de l’Hydraulique déclarent étudier cette proposition de Suez avant de donner une réponse définitive.
Néanmoins, des personnes proches du Cabinet du ministre se disent assez sceptiques quant à la faisabilité de la mesure. Selon elles, il n’est pas garanti que Suez, si l’Armp venait à la confirmer comme nouveau concessionnaire, accepte de gaité de cœur de devoir attendre une année supplémentaire avant de prendre les commandes de la nouvelle société dont elle vient de prendre le contrôle.
De l’autre côté, il faudrait que le gouvernement sénégalais ait la garantie que le perdant de l’appel d’offres, qui viendrait contre toute logique économique à être maintenu de cette manière, continuerait à gérer l’entreprise «en bon père de famille», selon l’expression consacrée. Or, ajoutent ces mêmes personnes, «la Sde ne s’est pas particulièrement mise en avant lors des pénuries d’eau que la ville de Dakar a connues ces derniers temps. Il n’y a pas de raison de penser qu’elle pourrait nous éviter une nouvelle crise si elle continuer aux affaires».
Les choses vont certainement s’éclaircir les jours à venir.
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