Du 23 au 25 mars se tient à Dakar la 4ème conférence régionale d’Uni Africa. Ce rendez-vous de syndicalistes axé sur le thème «En avant pour une Afrique nouvelle : mobiliser, syndiquer, innover» se veut un moment de réflexion pour les orientations à impulser au syndicalisme qui fait face à un tournant décisif. Le ministre du Travail, Mansour Sy, qui a présidé la cérémonie d’ouverture a exhorté à une lutte syndicale dans le dialogue et la discussion.

Plus de cinq cents dirigeants syndicaux venus de 40 pays d’Afrique principalement et des autres coins du monde se sont donné rendez vous à Dakar du 23 au 25 mars pour se pencher sur les défis et opportunités du nouveau monde du travail pour le continent africain afin «d’améliorer concrètement la situation des travailleurs». «La population africaine devrait doubler ces 20 prochaines années pour atteindre 2 milliards d’individus. Et le nombre de jeunes devrait passer de 452 millions à 1,2 milliard. Une nouvelle classe moyenne de quelque 300 millions de personnes devrait ap­paraître et se concentrer dans de nouvelles mégalopoles. Le nombre de multinationales présentes en Afrique devrait lui aussi se multiplier», a résumé jeudi Uni Africa dans sa déclaration à la cérémonie d’inauguration de la 4ème conférence régionale qui se tient à Dakar et considérée par les organisateurs comme la «plus grande réunion syndicale en Afrique de l’Ouest». Fortune Jugede, présidente de la jeunesse d’Uni Africa, et Bones Skulu, président d’Uni Africa, ont souligné dans leurs discours respectifs la nécessité d’aller de l’avant dans la lutte pour le bien-être des travailleurs. A travers un message vidéo diffusé, la présidente d’Uni global union, Ann Selin, a encouragé les participants à la rencontre assimilant la lutte syndicale à «une course de rallye en voiture» pour laquelle il faudra «endurance et persévérance». «On oublie que le mouvement syndical est appelé à prendre ses responsabilités. Il faut s’inspirer des réussites et des échecs pour garder ce qui peut servir l’Afrique. C’est à nous d’explorer notre trajectoire pour renforcer le pouvoir des travailleurs. La compétence doit prendre le dessus sur la vulnérabilité pour consolider l’action syndicale», a fait savoir dans son allocution Mademba Sock, le secrétaire général de l’Unsas. «Il faudra que les gouvernements investissent dans la formation autant qu’ils le font dans la sécurité», a encore avisé M. Sock, par ailleurs président de l’Organi­sa­tion des travailleurs de l’Afrique de l’Ouest (Otao), parlant de la nécessité d’avoir des travailleurs bien formés. Le secrétaire général de l’Unsas a salué «la démarche d’Uni Africa» à même d’offrir «une alternative réaliste et réalisable». Le ministre du Travail et des organisations professionnelles, Mansour Sy, qui a présidé la cérémonie d’ouverture a appelé les syndicalistes à privilégier le dialogue. Considérant cette 4ème conférence régionale comme un outil de «diagnostic, prospection et critiques du syndicalisme», M. Sy a exhorté à s’éloigner des stratégies qui affaiblissent la mobilisation. «Un syndicat pour observer une mue doit être une force de propositions tout en évitant son émiettement», a-t-il assuré avant de poursuivre : «C’est dans la discussion et la compréhension mutuelle que l’on parvient à trouver les solutions profitables aux syndicats et aux gouvernements. Faites confiance en votre arme», a-t-il exhorté dans son allocution. Le secrétaire général d’Uni global union, structure englobant Uni Africa, est de cet avis. «Il faudra construire des ponts et non des murs», a en fait précisé Philip Jennings, faisant savoir tout de même qu’il faudra des efforts de la part des gouvernants. «Ce n’est pas de cette situation des travailleurs que nous avons besoin en ce 21ème siècle», a-t-il soutenu. La conférence régionale de cette année porte sur le thème «En avant pour une Afrique nouvelle : mobiliser, syndiquer, innover» et ambitionne de révolutionner le syndicalisme dans «ce meilleur des mondes numériques».
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