Concurrence déloyale des importations et Covid-19 : Les producteurs de lait local interpellent la Cedeao

Les producteurs de lait local demandent aux chefs d’Etat de la Cedeao d’agir, lors du Sommet ordinaire de la Cedeao, pour sauver la filière. Celle-ci souffre de la concurrence des importations et de la pandémie du Covid-19.
La filière lait ouest africaine connaît une crise majeure en raison d’une concurrence déloyale des importations et de la pandémie de Covid-19. A la veille du Sommet ordinaire des chefs d’Etat de la Cedeao, une coalition de 55 organisations de six pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre, membres de la campagne «Mon lait est local», interpelle les décideurs politiques pour agir en urgence en mobilisant le financement de la Stratégie régionale de l’offensive lait pour la mise en œuvre de son premier Programme prioritaire d’investissements. A cet effet, une «marche virtuelle» lancée depuis décembre dernier mobilise les sympathisants et les invite à signer une pétition qui a déjà recueilli plus de 36 mille signatures.
Selon un communiqué, la crise du Covid-19 a entraîné une paupérisation du secteur agropastoral qui fait vivre 48 millions de personnes en Afrique de l’Ouest : «Non seulement on n’arrive pas à vendre notre lait comme on veut, mais on a subi d’énormes pertes. Si cette activité est arrêtée, il va de soi qu’il n’y aura plus de nourriture ni de soins pour notre famille», déplore Alima Tall, productrice laitière au Burkina Faso, dans le communiqué.
Déjà «injustement» concurrencé par des importations de poudre de lait européen bénéficiant de subventions et de tarifs douaniers avantageux, le lait ouest africain a subi les conséquences de la pandémie de Covid-19. Celle-ci a montré partout dans le monde, et notamment en Afrique, l’importance des productions locales. «Alors que le commerce international et les importations sont fortement perturbés, que les transports des biens et des personnes sont ralentis, voire suspendus, que les économies nationales sont durement touchées, produire localement apparaît comme une solution évidente à court et long termes», rappelle le communiqué.
Pourtant, souligne la même source, «les productions locales permettent une autonomie vis-à-vis des importations et des crises internationales, permettent aux producteurs locaux et leur famille de vivre de leur production, de relancer l´économie locale et de créer des emplois et enfin aux consommateurs de disposer en quantité de produits nutritifs et de qualité».
Ce 23 janvier 2021 se tient une importante rencontre des chefs d’Etat d’Afrique de l’Ouest, consacrée notamment à la pandémie du Covid-19. Lors de cette réunion, les responsables politiques prendront d’importants engagements. Pour les producteurs de lait local, c’est l’occasion pour les chefs d’Etat de valider la Stratégie régionale et le Programme prioritaire d’investissements qui proposent des mesures concrètes pour développer la filière «lait local» maintenant et pour les générations futures. «La Cedeao a fait de la filière ‘’lait local’’ un de ses enjeux prioritaires pour les dix prochaines années, mais force est de constater que la mise en œuvre est très lente», déplorent les producteurs.