Le monde bouge à un rythme effréné. Et ce n’est pas le secteur postal qui prouve le contraire. Menacé par la révolution numérique, le secteur postal est en pleine adaptation partout sur le globe. Naturellement, les régulateurs partagent aussi ce besoin d’adaptation. C’est dans ce sens que la Conférence des régulateurs postaux africains s’organise à Dakar. 32 nationalités se réunissent jusqu’au 25 mai dans la capitale sénégalaise pour s’interroger sur le thème : «La régulation à l’ère du numérique au service d’un secteur postal durable.»
Si le constat est unanime qu’il faut aller dans une co-régulation, l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (Artp) du Sénégal, l’Union postale universelle (Upu) et l’Union panafricaine des postes (Upap) partagent la volonté de l’accomplir sans porter atteinte à la restructuration du secteur. A cet effet, le Directeur général de l’Artp a diagnostiqué le problème. «Le numérique englobe un domaine très large qui ne se limite pas à un secteur particulier, mais transforme le mode d’organisation et de fonctionnement de l’ensemble des secteurs d’activité de la vie économique. Le secteur postal, qui a d’ailleurs déjà amorcé, de manière lucide et courageuse, sa mutation, entrevoit déjà les retombées positives de sa transformation. Le numérique affecte aussi bien les processus et procédures des organisations que les ressources humaines. Il s’agit donc, pour le secteur postal, d’en profiter de sorte à repenser profondément sa trajectoire et amorcer une nouvelle dynamique de développement teintée de performance et de compétitivité», a déclaré Abdou Karim Sall hier, lors de la Conférence des régulateurs. Pour lui, les hormones de croissance du secteur postal résident dans l’appropriation des facilités et raccourcis offerts par le numérique. A cet effet, a-t-il souligné, «loin de la déliquescence, la solidité des entreprises postales et leur utilité pour la collectivité constituent le gage irremplaçable de leur pérennité et de leur rayonnement. Cela passe par des stratégies de revalorisation du métier, surtout le volet logistique avec la filière des colis, à l’ère du commerce électronique et l’appropriation inévitable des opportunités du numérique. La transformation de notre quotidien entraîne un changement de paradigme au niveau de la régulation et nous conduit à basculer, de manière progressive, d’une régulation sectorielle à une régulation intersectorielle ou co-régulation».
Une intention de réguler sans obstruer l’adaptation du secteur que partage le ministre de la Communication, des télécommunications et de l’économie numérique. «L’importance et le rôle stratégique du secteur postal dans le développement socioéconomique, ainsi que sa contribution à la cohésion sociale et à l’inclusion financière de nos pays ne sont plus à démontrer (…) Il s’agit donc aujourd’hui de mettre en œuvre des réformes structurelles pour s’adapter au nouveau contexte et assurer la continuité des activités postales.
En parallèle, les volumes de lettres diminuent et les services au guichet sont de moins en moins sollicités. Les taux d’intérêt sont au plus bas et les marchés financiers en pâtissent, ce qui élargit en permanence le champ des possibilités pour la clientèle. Cette situation nous amène à affirmer que l’avenir n’est plus prévisible, mais je reste quand même convaincu qu’il réserve aussi de nombreuses opportunités pour le secteur», a estimé Me Moussa Bocar Thiam.
Pour le Directeur général de l’Artp, la transformation de notre quotidien entraîne un changement de paradigme au niveau de la régulation et «nous conduit à basculer, de manière progressive, d’une régulation sectorielle à une régulation intersectorielle ou co-régulation. Une des conséquences immédiates de cette évolution est que nous devons disposer de nouvelles connaissances dans des domaines complexes».
Par Malick GAYE – mgaye@lequotidien.sn