Pour permettre aux banques centrales de partager leurs expériences diverses et pertinentes afin d’élaborer ou enrichir leur feuille de route en matière de déploiement de l’Intelligence artificielle (Ia) au sein de leurs activités, la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) a organisé, hier, une Conférence internationale sur le thème : «Intelligence artificielle : opportunités et défis pour les banques centrales.»Par Dialigué FAYE –

 La Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest sort des sentiers battus. Contrairement aux sujets traditionnels liés aux objectifs et à la mise en œuvre d’une politique monétaire et de stabilité financière, l’institut d’émission commun aux huit pays de l’Union monétaire ouest-africaine (Umoa) s’intéresse maintenant à l’Intelli – gence artificielle (Ia). La Bceao a organisé, hier, une Conférence internationale sur le thème : «Intelligence artificielle : opportunités et défis pour les banques centrales.» En effet, explique le Gouverneur de la Bceao, «l’avènement de l’Ia constitue une révolution qui change déjà en profondeur de nombreux domaines d’activité et affecte des pans entiers de la société. Ce pouvoir transformateur croissant de l’Ia mérite une attention particulière des autorités en charge des politiques économiques. Le secteur financier se doit de s’inscrire dans ce large mouvement d’introduction de l’Ia dans ses activités.

C’est la raison d’être de cette rencontre dont l’objectif est de constituer un creuset d’échanges sur l’utilisation responsable de l’Ia et les innovations y relatives dans les secteurs bancaire et financier, particulièrement dans le cadre des missions des banques centrales et organes de régulation». Mais, précise Jean-Claude Kassi Brou, «l’utilisation de l’Ia par les banques centrales reste certes encore embryonnaire. Nous sommes au début d’un long processus qui est déjà très avancé dans d’autres secteurs. Cependant, plusieurs banques centrales s’y engagent déjà de manière résolue afin d’être des acteurs responsables de cette révolution qui se déroule à grande vitesse». Et d’affirmer que «de manière plus spécifique, cette rencontre n’a pas pour ambition d’apporter des réponses toutes faites aux problématiques qui se posent. Elle vise plutôt à permettre aux banques centrales et aux participants de partager leurs expériences diverses et pertinentes pour élaborer ou enrichir leur feuille de route en matière de déploiement de l’Ia au sein de leurs activités». «L’Ia ouvre des perspectives exceptionnelles pour nos institutions. Toutefois, comme pour toute innovation, elle comporte également des défis et des risques qu’il nous faut appréhender et contenir pour assurer son efficacité», souligne M. Brou, à l’ouverture de cette conférence présidée par le ministre sénégalais des Finances et du budget. Pour Cheikh Diba, «les banques centrales africaines, à l’instar de leurs consœurs des autres régions du monde, ont pris la pleine mesure du rôle important que peut jouer l’Intelligence artificielle dans l’accomplissement de leurs missions fondamentales, notamment celles de la politique monétaire, de la stabilité financière et du financement des économies». A son avis, «l’utilisation de l’Intelligence artificielle devrait permettre d’affiner les analyses, notamment sur les risques économiques et financiers, et ainsi permettre un soutien accru dans le financement des économies». Ainsi invite-t-il les participants à «examiner les défis en matière d’éthique, de réglementation et de protection des données à caractère personnel que pose l’utilisation de l’Ia. En effet, une gouvernance solide devrait permettre de tirer le maximum de bénéfice de cet outil, en assurant l’intégrité en matière de traitement des informations et leur utilisation». Mais, estime M. Diba, «ces objectifs ne peuvent être atteints sans un engagement fort des différents acteurs de l’écosystème bancaire et financier. Les banques centrales, en leur qualité d’institut d’émission, de régulateur et d’autorité de supervision, devraient impulser cette nouvelle dynamique en vue de renforcer un système bancaire et financier solide et innovant, à même de mieux répondre aux attentes des Etats et des populations».
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