Confidences – Chita sur l’annonce à Raoul Mendy du décès de sa mère : «J’avais proposé qu’on attende la fin du match pour l’informer. Mais les gens m’ont dit Non !»
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Par Amadou MBODJI
– Vainqueur largement en ouverture de l’Uruguay (6-1), le Sénégal s’est ensuite payé le scalp du champion du monde en titre, le Portugal (5-3). Un match assez particulier pour Raoul Mendy. Le buteur des Lions de la plage qui a tenu à jouer, ayant perdu sa mère le samedi, la veille du 2e match de groupe du Sénégal.
Sur cet évènement douloureux, Ibrahima Ndiaye Chita, le Manager général de l’Equipe nationale, revient sur les conditions dans lesquelles Raoul a été informé du décès de sa maman.
«C’est nous qui l’avons informé, à savoir le président de la Fédération, Me Augustin Senghor, qui était là, le président de la Commission du football spécifique, Oumar Guèye Ndiaye, le capitaine Alseyni Ndiaye et le coach Ngalla Sylla. On s’est retrouvés et dans les discussions, j’avais proposé qu’on attende la fin du match pour l’informer. Mais les gens m’ont dit Non ! Laisse-nous le voir et on saura comment lui faire parvenir la mauvaise nouvelle. Et aussitôt j’ai accepté, en pensant au mental du gosse qui a vraiment une foi inébranlable. Et je savais qu’il allait gérer la situation», argumente Chita, joint par téléphone depuis la Russie.
Très malade, la mère de Raoul avait insisté pour que son fils aille en Russie jouer le Mondial
Et ce dernier de poursuivre : «C’est ainsi qu’on l’a appelé dans la chambre de Oumar Guèye Ndiaye. On lui a annoncé la mauvaise nouvelle par l’intermédiaire du président Augustin Senghor. Et lorsque Raoul a pris la parole, il a révélé que pendant la journée, il ne sentait pas bien. En fait, c’est comme s’il sentait qu’on allait lui annoncer une mauvaise nouvelle. Il a ajouté que cette nouvelle ne l’a pas surpris. Parce que lorsqu’il venait ici en Russie, il avait laissé sa mère dans un état très critique. C’est elle qui lui a demandé vraiment de venir quand même jouer son tournoi. Et qu’à son retour elle va le recevoir comme elle avait l’habitude de le faire à chaque fois qu’il se déplaçait», raconte Chita.
«Mais comme Dieu en a décidé autrement, Oumar lui a posé la question de savoir s’il est en mesure de jouer ou pas. Quand il a pris la parole, il a remercié tout le monde, très lucide pour nous dire, comme je l’ai dit plus haut, qu’il a laissé sa maman mal en point. Et c’est elle-même qui lui a demandé de venir jouer le tournoi. Et qu’il ne pouvait que jouer le match comme les autres joueurs.»
Une attitude qui n’a pas surpris Chita qui connaît bien l’homme. «Cela m’aurait étonné qu’il prenne une autre décision. Je le connais tellement bien, je l’ai suivi et c’est moi qui l’ai convoqué en Equipe nationale de beach soccer alors qu’il n’avait que 16 ans. Je le connais. Il a un mental très fort. Il n’y a même pas trois semaines qu’il a perdu sa tante qui l’a éduqué. Même pas un mois, il perd encore sa propre maman. Il parvient à gérer ces deux évènements douloureux», soutient le précurseur du beach soccer sénégalais.
«Il nous a dit de ne pas nous faire de soucis, il va jouer. Et c’est comme ça qu’il nous a soulagés avec à l’arrivée une victoire et un doublé face aux champions du monde en titre. Il fallait le faire !»
Un match qui s’est terminé dans l’émotion avec les larmes des joueurs, staff technique et dirigeants. Mais au bout une victoire… pour la maman de Raoul.
ambodji@lequotidien.sn