Aux côtés de la force militaire française, Barkhane, Bamako ne parvient pas jusqu’ici à régler son problème d’ordre sécuritaire. Sans Paris qui va se retirer du pays, Bamako espère gagner avec des moyens limités là où elle a perdu avec une puissance de feu. Par Malick GAYE

– «La France et ses partenaires engagés dans des missions de lutte contre le terrorisme, à savoir les participants à la task-force Takuba, ont pris la décision de retirer leur présence militaire au Mali», a annoncé Emmanuel Macron. Ce retrait sera effectué «de manière ordonnée avec les armées maliennes et avec la mission des Nations unies au Mali». Pendant cette période, des militaires européens des forces spéciales Takuba «seront repositionnés aux côtés des forces armées nigériennes dans la région frontalière du Mali».
Bamako peut lever les bras en l’air pour savourer sa victoire. Longtemps voulu par les autorités de la Transition, ce retrait de l’ancien colon. «Nous ne pouvons pas rester engagés militairement aux côtés d’autorités de fait dont nous ne partageons ni la stratégie ni les objectifs cachés», et qui ont recours à des mercenaires de la société [russe] Wagner» aux «ambitions prédatrices», a fait valoir le Président français, Emmanuel Macron, lors d’une conférence de presse aux côtés des présidents sénégalais, ghanéen et du Conseil européen.
Le pays navigue dans une instabilité sans nom
Malgré la présence onusienne avec 10 700 soldats au total pendant 9 ans, le Mali n’a pas réglé ses problèmes de sécurité. Pire, le pays navigue dans une instabilité sans nom favorisée par l’appétit du pouvoir d’une Armée lapidée au front et jalouse de la présence française. Le discours anti Français fredonné un peu partout en Afrique occidentale a été exagéré au Mali, comme si la France était la cause de l’insécurité du pays.
Avec ses soldats, Paris et ses partenaires aux côtés de Bamako ont un bilan mitigé voir négatif de la lutte contre le djihadisme. Les autorités maliennes, qui ont remué ciel et terre pour «dégager la France», vont encore sous-traiter la sécurité du pays. Cette fois-ci, les Wagner russes sont montrés comme le messie avec leur passé en République centrafricaine. Ainsi, comment le Mali veut-il gagner la guerre contre le terrorisme qu’il a perdue jusqu’ici avec la force militaire occidentale en limitant ses moyens ? C’est une question à laquelle seules les autorités intelligentes de la Transition sont à même de répondre.
mgaye@lequotidien.sn