Fermeté, telle est la position du Royaume du Maroc sur le Sahara. Celle-ci a été réaffirmée hier par Nasser Bourita, chef de la diplomatie marocaine, lors de la tenue à Marrakech de la Conférence ministérielle africaine sur l’appui de l’Ua (Union africaine) au processus politique des Nations unies sur le Sahara. Ainsi, le Maroc a redit hier son opposition «à tout débat stérile exploitant la question du Sahara marocain et a condamné les manipulations politiques et les surenchères manichéennes».
La question du Sahara tient à cœur le Royaume chérifien. Et la Conférence ministérielle africaine sur l’appui de l’Ua (Union africaine) au processus politique des Nations unies sur le Sahara, tenue hier à Marrakech, n’a pas été une tribune de trop pour Rabat de réaffirmer cette posture. Puisque le Maroc, qui est acquis à une large autonomie du Sahara et appuyé par 38 pays africains dont le Sénégal à travers une déclaration dite de Marrakech adoptée hier par acclamations (voir par ailleurs), s’est voulu, par l’entremise du chef de la diplomatie marocaine, ferme. Le Royaume chérifien proclame la marocanité du Sahara et ne reconnaît pas l’existence de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd), proclamée par le Front Polisario en 1976 et admise en novembre 1984 au sein de l’Organisation de l’unité africaine (Oua), ancêtre de l’Ua.
Rappelant le discours du Roi Mohammed VI lors du retour du Maroc au sein de l’Ua après son départ de l’Oua en novembre 1984, le chef de la diplomatie marocaine a déclaré que «la Conférence d’aujourd’hui (hier) est l’exacte illustration de cette vision royale». M. Nasser Bourita a, en effet, déclaré devant ses 37 homologues et autres représentants de ministres absents venant des quatre coins du continent, que conformément à l’orientation de la politique africaine du Roi Mohammed VI axée sur «les principes de responsabilité, de solidarité et de clarté», le Royaume chérifien s’oppose «à tout débat stérile exploitant la question du Sahara marocain et a condamné les manipulations politiques et les surenchères manichéennes». D’où la conviction du ministre marocain des Affaires étrangères et de la coopération internationale que «cela est le message fort» que portent lui et «tous» ses homologues «ici (Ndlr : Marrakech) réunis». Un «message fort» articulé autour de trois slogans : «non à la division», «non aux chamailleries d’arrière-garde» «oui à la cohésion» et «oui au rassemblement pour les véritables causes prioritaires de l’Afrique».
Une Afrique qui, à travers la Décision 693 adoptée en juillet 2018 par les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Ua, sur la question du Sahara, a décidé de soutenir l’Onu qui est au centre de la recherche du règlement du différend régional sur le Sahara, pour être en cohérence avec la résolution 2440 du Conseil de sécurité de l’Onu. Ce replacement de «la question du Sahara marocain dans son cadre idoine, celui des Nations unies, permet de dépolluer les travaux de l’Ua et d’immuniser l’Union africaine face à toute tentative inappropriée de la dévier du chemin de l’unité et de l’intégration. Elle préserve la cohésion de notre organisation, face à une question qui l’a toujours divisée», fait savoir le ministre marocain des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Nasser Bourita. En agissant ainsi l’Ua, au regard du chef de la diplomatie du Royaume chérifien, «contribue, assurément, à installer la sérénité dans les travaux de l’Ua sur la question du Sahara marocain».
Pour M. Nasser Bourita, cette sérénité a trois dimensions : d’abord «une sérénité à l’échelle de l’Union africaine», puisqu’«en consacrant un mandat exclusif de la Troika, elle met fin à la cacophonie et à la prolifération d’actions à tout va». S’ensuit «une sérénité à l’échelle du continent africain», d’autant que la Décision 693 «rejoint la position de l’écrasante majorité des pays africains présents ici aujourd’hui (hier) et qui soutiennent tous, sans exception, le processus politique au sein des Nations unies». Et enfin, «une sérénité à l’échelle des institutions internationales» puisque «la décision dispose la Troika doit apporter un soutien efficace et un ‘’appui aussi large que possible aux efforts que mènent les Nations unies’’ sur la question du Sahara marocain».