Pour se saisir des terres de Dougar et réaliser son expansion, la société Peacock investments a présenté un décret qui porte, lui, sur des terres attribuées à d’autres opérateurs. Sans titre légal, l’entreprise aurait juste opéré un copier-coller sur un autre titre appartenant à autrui.
Les populations de Dougar et environs auront été victimes de toutes sortes d’avanies dès lors qu’il s’est agi de les priver de leurs terres. Il a été dit à plusieurs reprises que la société Peacock investments qui s’est vu attribuer, en 2010, 72 ha tirés du domaine national par le gouvernement du Président Wade, était censée occuper le terrain initialement attribué, à Diamniadio, à un projet malaisien qui a fini par faire long feu.
En effet, le terrain sur lequel les promoteurs malaisiens avaient même érigé des maisons-témoins se trouvait un peu plus au nord, sur la Rn1, à environ deux kilomètres du site que Peacock a fini par exploiter. Il faut dire qu’entre le départ des Malaisiens et l’arrivée de Peacock investments, plusieurs opérations se sont déroulées. Notamment, la Douane sénégalaise a pris possession des villas-témoins et plusieurs promoteurs ont commencé à bâtir sur les terres alentours. Ce qui fait qu’un quelconque déguerpissement aurait ouvert la voie à de nombreux contentieux. Néanmoins, le promoteur ayant un titre en bonne et due forme aurait pu s’en prévaloir pour imposer son droit. On ne sait par quelle magie le décret qui lui attribue le bail de la zone anciennement occupée par les Malaisiens s’est retrouvée agir pour déposséder des villageois de leurs terres de terroir.
Pourtant, il y a plus scandaleux. Dans sa volonté d’extension de ses projets, la société Peacock a pu se procurer un autre titre foncier, immatriculé 8457, et qui, aux dires de ses responsables, cités par les villageois de Dougar, lui accorderait un autre droit sur 86 ha cette fois-ci, et toujours sur les terres occupées par les villageois.
Faux décret
Néanmoins, les représentants des défenseurs des intérêts des paysans, qui se sont procuré une copie du titre en question, en sont arrivés à la conclusion que le document est un faux. D’abord, il y a le fait que le titre foncier est présenté sans aucun décret d’affectation. Ce qui, aux yeux des experts, n’est pas imaginable : «Un titre foncier est toujours tiré avec un décret présidentiel d’affectation.» Or dans le cas d’espèce, pour contourner cette difficulté, les promoteurs de Peacock sont allés produire le décret 2014-276 pour justifier leurs prétentions.
Malheureusement, le décret en question porte sur une assiette de 628 ha répartis entre «Zone d’activités de Diamniadio -125 ha, Diamniadio Sud – 113 ha, Diamniadio nord Sn Hlm – 390 ha». Rien à voir donc avec des terres de Dougar. Le copier-coller pouvait passer quand on brandit le document d’assez loin. Mais avec le contentieux et le bruit soulevé par cette affaire, toutes les parties scrutent attentivement les arguments et les documents présentés par leurs adversaires.
Ce faux décret entraîne immanquablement un gros doute sur la réalité du titre foncier invoqué par la société Peacock. Ce qui fait qu’aujourd’hui, tout le monde se demande comment un faux pareil peut continuer à prospérer au vu et au su de tout le monde. Les représentants des paysans de Dougar s’indignent de ce que toutes les autorités ont été informées de cette affaire, sans que les choses ne bougent et qu’il ne soit mis fin à cette forfaiture. Le plus grave encore dans l’affaire, c’est de se demander pourquoi les fonctionnaires qui ont pu participer à cette manœuvre n’ont pas encore été sanctionnés.