Les évènements tragiques en cours à Gaza, ville assiégée et ceinturée par l’Armée israélienne et dont la description donne en vue un théâtre d’opérations, à la fois meurtrières et sanglantes, œuvre d’un acharnement aveugle d’un compact lobby sioniste, éclairent une fois de plus l’opinion sur le caractère particulier du choix des individus à réprimer, des objections codées sur les victimes à éliminer, à gommer de leur terre.

Comment taire ce qui en moi bout et éclate, c’est-à-dire ces images cruelles diffusées en boucle, quasi funestes, qui montrent des femmes et des hommes, des enfants et des moins jeunes, tous saisis d’effroi comme des animaux terrifiés par les éclats d’obus sifflant à tous vents. Gaza est sous un déluge de feu ! Ces populations n’osent même plus fermer les yeux sur un champ de bataille infesté de fumisteries, le mal est profond. La tonalité des bombes projetées en cascade sur les civils, pilonnés mortellement par une Armée super équipée, la destruction des lieux de culte, d’écoles et d’hôpitaux, explique le degré des violences d’en haut et d’en bas. Plus de 11 000 morts dans l’indifférence d’un cabinet de guerre dont les déclarations et conférences de presse se multiplient, toutes entachées de sang. Ils se considèrent comme un peuple éprouvé par l’His­toire, disent-ils. L’ambi­valence de leur statut est dominée par trois mots : la méfiance, la crainte et le rejet, clament-ils.

Le déroulement de la guerre entre Israël et Gaza illustre bien une série de complications qui, historiquement, renvoient aux zélotes juifs qui veulent faire exister un autre monde, le leur, et atteindre un autre temps, celui d’un passé remémoré où la Shoah, englobée sous le concept général de «victimes du nazisme», fait référence à l’extermination des juifs.

Sans être méconnue, la crise entre Israël et la branche armée de Hamas connait deux moments distincts : d’une part, les principes qui motivent les Palestiniens, et qui restent le seul moyen dont dispose un peuple faible confronté à un voisin qui ne connait d’autre loi que le droit du plus fort. Sous ce rapport, la lutte armée devient l’instrument de la restauration de la dignité palestinienne et arabe dans le cadre d’une occupation illégale de ses propres terres. L’attaque surprise, longuement murie par le Hamas, qui a terrassé les forces secrètes israéliennes, est considérée comme un acte d’une barbarie extrême dont seuls les nazis s’étaient rendus coupables ; d’autre part, si cette guérilla urbaine est une action légitime pour les Palestiniens, les Israéliens, eux, considèrent que toute résistance, y compris pacifique, est une forme de terrorisme, donc un délit ou un crime traité par les tribunaux militaires. Saura-t-on la vérité sur le sort des victimes qui ont été exécutées, le nombre exact de détenus dans les camps, les condamnations «extra-judiciaires» et de privation de liberté prononcées par les seules juridictions sionistes, une volonté unilatérale du gouvernement israélien d’effacer la Palestine du Moyen-Orient ?

Donc la guerre disproportionnée entre Israël et le Hamas répond manifestement à un différend dans l’ordre des principes de la souveraineté d’un Etat et le droit de l’individu sous les aspects contemporains du racisme, de l’exclusion et de la discrimination, l’exil, la dispersion et la séparation. Or, la souveraineté de l’Etat de la Palestine à l’épreuve de la force israélienne témoigne de la fausse émotion onusienne où l’on assiste à une passe d’armes strictement politique, portant atteinte à la liberté des Palestiniens face à des voleurs de terres, autres que les Israéliens. C’est là, justement, la source des troubles qui, depuis 1948, n’a pas encore trouvé de remèdes à la situation cauchemardesque qui prévaut au Moyen-Orient et permet d’apprécier tout ce désordre, à cette chasse aux militants du Hamas. Mais, il est clair, le supplice exercé sur le Peuple palestinien pour aussi longtemps que cela va durer, passera par la résistance armée qui, rappelons-le, constitue un acte d’affirmation à l’encontre d’Israël, mais aussi contre les Etats arabes pour les inciter à entrer en guerre à leur tour.

Alors qui pour protéger les Gazaouis ? Qui pour protéger le Peuple palestinien ? La frénésie guerrière, associée spécifiquement au rôle joué par cette coalition-ci (suivez notre regard) composée d’aigles puissants surplombant la bande de Gaza avec ses deux millions d’habitants qui sont aujourd’hui dépouillés de leurs terres et déportés, contraint le Peuple palestinien à un recours à l’action violente qui traduit le refus d’une normalisation politique qui entérinerait la disparition de la cause palestinienne. Pour combien de temps vont durer ces malheurs et malédictions qui s’abattent sur la Palestine, un Etat souverain, et sur les Palestiniens, dignes et fiers héritiers de Yasser Arafat ?
Gallo THIAM