Elle est connue pour son franc-parler et son sens de l’engagement. Christiane Taubira n’a pas manqué à sa réputation. Invitée au premier panel des 49èmes Assises internationales de la presse, elle s’est adressée aux femmes en ces termes : «Si vous n’êtes pas prêtes à prendre le pouvoir, rentrez chez vous et faites la vaisselle.»

«Mesdames, si vous n’êtes pas prêtes à prendre le pouvoir, rentrez chez vous et faites la vaisselle !». Christiane Taubira n’est pas du genre à faire des compromis. Avec elle, ça passe ou ça casse ! Invitée au panel d’ouverture des 49èmes Assises internationales de la presse francophone, l’ancienne Garde des sceaux de la France n’y est pas allée par quatre chemins pour partager le fond de sa pensée sur le leadership des femmes dans les médias. Elle a rappelé son expérience de parlementaire et de ministre de la République française pour montrer la voie. Pour elle, rien n’est figé. Il suffit de savoir ce qu’on veut et d’aller le chercher. Loin de se positionner en donneuse de leçons, Christiane Taubira a affirmé que généralement, la percée des femmes est freinée par ce qu’elle appelle «le syndrome de l’imposture». C’est-à-dire que la femme se dit ceci : «je ne suis pas assez compétente pour ce poste» devant un objectif poste. «On n’a pas de comptes à rendre sur nos compétences. C’est l’envie qui doit nous guider», a-t-elle conseillé aux femmes des médias présentes à l’auditorium de l’Université Mou­hamed VI. Pour Christiane Taubira, c’est l’expérience qui fait la femme. Elle conseille à celles-ci de créer elles-mêmes les conditions de leur éclosion. «La liberté est mon malheur. J’ai perdu ma mère très jeune et je n’avais pas cette figure parentale pour me contraindre à diluer mon discours. Je disais ce que je voulais. Le pouvoir, ça s’exerce. Soit on abdique soit on décide de l’exercer selon son vécu. J’ai choisi d’être moi-même et d’exercer le pouvoir dans un système qui n’était pas prévu pour moi», a-t-elle déclaré.
Quant à Mme Latifa Akhar­bach de l’Agence marocaine de régulation des médias, elle estime que la promotion de la femme dans la sphère médiatique est un «impératif de société». «Rien n’est irréversible quand il s’agit de l’autonomisation des femmes. Il n’est pas question de participation mais plutôt d’un leadership qui va au-delà de la participation des femmes dans les médias. C’est un impératif de société. Le leadership des femmes ne doit pas être considéré comme un cadeau, c’est plutôt un don pour la société car il augmente notre potentiel en tant que société», souligne-t-elle. Faisant ainsi le constat que les «femmes sont moins visibles, moins audibles et par conséquent mal représentées», elle a conclu que cela «pose un problème de société car cela provoque une disqualification des femmes dans l’espace public. C’est une atteinte, un retard de la société». Pour elle, la problématique doit être posée comme une somme des efforts et non le contraire.

Qui gagne dans la promotion des femmes ?
Michelle Bachelet disait ceci : «Quand une femme est devenue leader en politique, ça la change. Et quand il y a plus de femmes, elles changent la politique.» «Changeons la politique qui veut que les femmes soient moins représentées», a-t-elle expliqué tout en donnant les chiffres sur la présence des femmes dans les médias marocains. Plutôt que de voir cette problématique comme une dualité, elle se veut réaliste en demandant à l’assistance d’imaginer ce qu’il est possible de tirer de plus de représentation et des femmes dans la gestion du monde.