«Macky Sall ne doit pas se présenter en 2024.» Le disque ne semble plus d’actualité. Tous ceux qui ont misé sur cette chansonnette pour se positionner politiquement vont devoir revoir leur copie. En plus, le Président sortant a promis «la fermeté» dans la gestion des affaires courantes pour les 8 mois qui lui restent. Une promesse, qui ne va pas plaire au «Patriote» en chef qui a appelé à un «soulèvement», au cas où il serait arrêté. Par Malick GAYE –

Macky Sall a choisi sa place dans l’histoire. Comme  promis en 2016 lors du référendum devant réduire le mandat de 7 à 5 ans, il ne va pas rempiler en 2024. Il a décidé de sortir par la grande porte. Une décision qui en a surpris plus d’un.  En effet, la non-participation de Macky Sall à l’élection présidentielle de 2024 était à la limite un sujet de campagne pour l’opposition. Qui devra, à moins de 8 mois de la Présidentielle, trouver les mots pour convaincre.

Pour autant, même si Macky Sall ne compte pas être dans la grille de départ de 2024, il va continuer à remplir fidèlement sa mission jusqu’au 2 avril prochain, date à laquelle il va passer le témoin. Cette «fermeté» promise dans la gestion des affaires courantes aura sans nul doute une définition particulière chez son opposant le plus radical. En effet, en maille à partir avec la Justice, Ousmane Sonko, qui a appelé récemment à un soulèvement contre l’autorité de l’Etat, devra répondre de ses actes, si l’on se fie à la déclaration de Macky Sall. «Les auteurs, complices et commanditaires des actes, qui ont conduit à la mort» de Sénégalais «vont répondre de leurs actes», a promis le chef de l’Etat. Qui, par la même occasion, a réaffirmé son ouverture au dialogue.

Maintenant qu’il est clair que Macky Sall ne sera pas candidat à sa succession, il n’aura plus le poids d’une image à sauvegarder pour, éventuellement, séduire un électorat. Et cela ne va pas forcément faire l’affaire du «Patriote» en chef. En effet, avec le flou qu’il a entretenu, Macky Sall avait laissé le terreau fertile à l’opposition, qui a obtenu une place plus importante en se basant sur la contestation du 3ème mandat. Avec le F24, l’opposition radicale avait une plateforme pour dérouler son plan. Et par la même occasion, Ousmane Sonko pouvait compter sur cette frange de la classe politique. Devant le fait accompli, le F24 va difficilement trouver une raison de «bloquer le pays» en organisant des manifestations intempestives tout en sachant que les mouvements de la Société membres devront prendre leurs distances avec les partis politiques car leur revendication a été satisfaite. Quel sera l’alibi que l’opposition radicale va avancer pour soutenir Ousmane Sonko dans son appel à la manifestation ? Il fallait forcer Macky Sall à respecter son engagement. C’est désormais chose faite !

Si le F24 n’a visiblement plus de raison d’exister, Mimi Touré qui avait fait de ce sujet son thème de prédilection, elle aussi, devra se trouver une nouvelle raison de tirer sur le Macky.

En prenant la décision de ne point se présenter, le leader de Benno bokk yaakaar réussit à ôter un os précieux à l’opposition et par la même occasion, à fissurer la dynamique unitaire du F24. Que vont faire Aïda Mbodj, Déthié Fall, Cheikh Tidiane Dièye, Bougane Guèye Dany, Abdourahmane Diouf ? Avec la modification prochaine du parrainage, il ne sera pas surprenant de les voir changer de fusil d’épaule.
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