Le Conseil national du patronat a fait un appel à la paix et au respect du climat socio-économique du pays. Pour le Cnp, le fait de prendre pour cible l’entreprise ne peut perdurer et a des conséquences néfastes sur le développement du Sénégal. Par Malick GAYE –
Préoccupée et fortement éprouvée par les événements tragiques et violents, l’entreprise l’est ! Le Conseil national du patronat (Cnp) a organisé un point de presse pour appeler, entre autres, au calme. Son président, Baïdy Agne, a alerté sur la nécessité d’avoir un climat socio-politique apaisé «avec des parties prenantes qui se parlent, qui s’écoutent et qui privilégient l’intérêt supérieur de la Nation». Pour lui, c’est un besoin pour le pays, et «l’entreprise le veut durable jusqu’à la Présidentielle de 2024, et même pérenne après celle-là». Pour Baïdy Agne, le dialogue doit être une boussole pour orienter le Sénégal vers le progrès. A cet effet, il a expliqué que la participation du privé national au dialogue national, avec toutes les forces vives de la Nation, rentre dans cette logique. «Je dirais qu’en répondant à l’appel du chef de l’Etat, l’entreprise, consciente de ses responsabilités, a invité les citoyens sénégalais à privilégier le dialogue plutôt que la violence à même d’engendrer : la destruction de biens privés et d’investissements des entreprises, la perturbation et/ou l’arrêt d’activités économiques, ainsi que la mise en chômage technique et/ou le licenciement des travailleurs en conséquence», a-t-il déclaré. Avant d’ajouter que c’est la même logique qui a prévalu à la médiation du ministre du Travail. «D’une part, en privilégiant le dialogue social et le consensus social, plutôt que la procédure de non-conciliation et la grève générale des travailleurs, et d’autre part, en refusant l’amplification des tensions sociales dans le contexte politique actuel», a-t-il ajouté.
Ainsi, le patronat a voulu s’inscrire dans une dynamique de tension sociale apaisée, a affirmé Baïdy Agne, pour éviter une crise.
Malgré ces efforts, «la violence s’est installée le lendemain, le 1er juin 2023 : des entreprises du secteur bancaire, du pétrole et du gaz, de la grande distribution, des télécommunications et du numérique ont été brûlées, pillées et vandalisées. Un arrêt d’activités économiques quasi-généralisé pendant 3 jours, des centaines de milliards de francs Cfa perdues en investissements et chiffres d’affaires», a-t-il martelé. Pour le président du Cnp, le fait que l’entreprise soit «ciblée, saccagée, pillée et brûlée, en raison de différends et de divergences politiques», n’est pas acceptable. A cet effet, il a demandé une prise de conscience collective. Car «si cela continue, il faudra faire face à la réalité économique». Qui est un problème d’approvisionnement en hydrocarbures, un secteur bancaire faible, un tourisme moribond, etc. «La vérité, nous la disons : nous risquons de subir une crise beaucoup plus profonde que celles du Covid-19 et de la hausse des cours mondiaux des denrées de 1ère nécessité, sans oublier les chocs exogènes auxquels nous sommes actuellement confrontés. Le Cnp rappelle que les risques d’investir, de créer des emplois, de contribuer substantiellement à travers les impôts au budget de l’Etat, de donner une protection sociale aux travailleurs, ce sont les investisseurs national et étranger qui les prennent», a-t-il rappelé.
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