Consommation de drogue : Addiction Kush

Le dernier rapport de l’Onudc, publié ce 25 juin, est venu confirmer la consommation de mélanges et de concoctions de drogues, comme le kush, qui s’est rapidement répandue en Afrique de l’Ouest, notamment au Liberia, en Gambie, en Guinée, en Guinée-Bissau et au Sénégal. Ce qui constitue une menace croissante pour la santé publique dans le pays. Et pour corroborer cette crainte, la police a procédé à deux importantes saisies de kush dans la banlieue dakaroise.
Après le 12 juillet, la police a encore saisi, le 15 juillet, une grosse quantité de kush. «Le Commissariat d’arrondissement de Yeumbeul-Comico a procédé, le 15 juillet 2025, à l’interpellation de deux (2) individus dont un de nationalité sénégalaise et l’autre de nationalité étrangère, pour détention et trafic de kush. L’interpellation des suspects fait suite à un renseignement anonyme digne de foi de ce qu’un individu à bord d’une moto Jakarta aurait détenu de la drogue qu’il s’apprêterait à livrer à un client domicilié à Mbed Fass. C’est sur ces entrefaites que le premier nommé a été interpellé avec huit plaquettes de kush soigneusement dissimulées. Un deuxième individu a été appréhendé au Rond-Point Mame Diarra avec un sachet, contenant, après vérification, 125 grammes de kush en vrac. Les mis en cause ont été gardés à vue pour le motif précité. L’ensemble de la drogue ainsi que les motos Jakarta saisis ont été consignés provisoirement aux fins de mise sous scellés», explique la Police nationale.
Aujourd’hui, le kush est en train devenir une habitude de consommation de drogue au Sénégal. Le 12 juillet, c’est le Commissariat d’arrondissement de Yeumbeul qui a procédé, vers 16h, à l’interpellation d’un individu de nationalité étrangère, surpris en plein ensachage de drogue kush à la route des Rarines. Cette arrestation fait suite à un renseignement. Après cela, «une descente sur les lieux a permis la découverte de 174 képas de kush soigneusement emballés dans une chambre». En attendant, il a été placé en garde à vue et est poursuivi pour offre et cession de produits stupéfiants.
L’alerte de l’Onudc
C’est quoi le kush ?
Si sa teneur est incertaine, un rapport de The Global Initiative against transnational organized crime (Gi-Toc), un réseau d’experts de la lutte contre le crime organisé, paru en février 2025, révèle que cette drogue est faite à base de deux psychoactifs très puissants, addictifs et mortels : il contient des nitazènes, des opioïdes de synthèse jusqu’à vingt-cinq fois plus forts que le fentanyl, soit du Mdmb-4en-Pinaca, un cannabinoïde synthétique neuf fois plus puissant que le Thc. «Selon les tests, les deux substances ne sont que rarement mélangées», précise le rapport. En plus de ces psychoactifs, il y a une composition issue des feuilles de guimauve (léger psychoactif), de l’acétone, de la formaline (produit utilisé pour embaumer les morts) et parfois du tramadol.
D’où vient le kush ? Ses premières doses ont été découvertes à Freetown, en Sierra Leone. Finalement, cette drogue a inondé tous les marchés de l’Afrique de l’Ouest, notamment au Sénégal où les saisies se multiplient à cause de son prix abordable. Un paquet ne «coûterait que 15 mille F Cfa»… Selon l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime, l’Afrique de l’Ouest et du Centre est confrontée à un paysage de la drogue en rapide évolution, marqué par une consommation locale croissante, l’émergence de nouvelles substances nocives et le développement de réseaux criminels qui profitent de l’instabilité mondiale.
D’après l’Onduc, l’usage préexistant et émergent de mélanges et de concoctions de drogues, comme le kush, constitue une menace croissante pour la santé publique en Afrique de l’Ouest et du Centre.
«Le kush est une drogue apparue en Sierra Leone ces dernières années, mais qui s’est rapidement répandue dans la région, notamment au Liberia, en Gambie, en Guinée, en Guinée-Bissau et au Sénégal. Des preuves limitées montrent que le kush contient des substances nocives, notamment de puissants opioïdes du groupe des nitazènes et des cannabinoïdes synthétiques», note l’Onduc dans son rapport 2025. Et sa consommation a de graves conséquences : «La crise sanitaire provoquée par cette drogue a conduit le Liberia et la Sierra Leone à la déclarer état d’urgence nationale. En Sierra Leone, le kush a été identifié comme la substance à l’origine du plus grand nombre de personnes suivant un traitement et une prise en charge pour troubles liés à la consommation de drogues. En Guinée, une enquête scolaire a conclu que près d’1% des élèves âgés de 15 à 18 ans consommait du kush, qui est la troisième drogue la plus consommée après le cannabis et les substances inhalées.»
Alors que jusqu’ici la consommation de cannabis reste répandue en Afrique australe, occidentale et centrale, avec une prévalence de consommation au cours de l’année écoulée d’environ 10% de la population âgée de 15 à 64 ans en 2023, l’Afrique connaît une évolution alarmante des marchés dominés par le cannabis vers des écosystèmes de drogues plus diversifiés et plus dangereux. «Dans son rapport, l’Onduc assure que les saisies de cocaïne liées à l’Afrique ont augmenté de 48% par rapport à l’année précédente, et les données de traitement suggèrent que la consommation de cocaïne est généralement en hausse, illustrant comment les niveaux de production record poussent les trafiquants vers de nouveaux marchés et alimentent la consommation de cocaïne sur tout le continent.»
L’Onudc va plus loin : «L’Afrique a représenté 57% de la quantité totale d’opioïdes pharmaceutiques saisis dans le monde entre 2019 et 2023, en grande partie en raison de l’usage non médical de codéine et de tramadol sur le continent. La prévalence estimée de l’usage d’opioïdes en 2023 est d’1, 4% en Afrique, avec un taux particulièrement élevé en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale (2, 35%).» «Sans investissements urgents et soutenus, les conséquences des troubles liés à la consommation de drogues non traitées, notamment les risques sanitaires accrus, les préjudices sociaux et la pression sur les services publics, ne feront que s’aggraver», a déclaré Amado Philip de Andrés, Représentant régional pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre. «Alors que seulement 3, 4% du nombre estimé de personnes souffrant de troubles liés à la consommation de drogues bénéficient d’un traitement en Afrique, le renforcement des interventions fondées sur des données probantes et rentables, fondées sur les principes de santé publique, doit être une priorité», enchaîne-t-il.