Le directeur du Consortium pour la recherche économique et sociale (Cres) préconise «une taxation susceptible d’augmenter substantiellement les prix» pour faire reculer l’âge de la consommation de la première cigarette, l’industrie du tabac visant les populations les plus vulnérables.
Pr Abdoulaye Diagne intervenait au cours d’un atelier national de renforcement de capacités en faveur d’une application effective des directives de la Cedeao et de l’Uemoa, portant harmonisation du droit d’accise sur les produits du tabac dans les Etats-membres concernés.
Cette rencontre de deux jours (22-23 février) s’est ouverte mardi à Saly-Portudal (Mbour), en vue de créer une synergie d’actions pour renforcer, auprès des acteurs étatiques, des représentants des cellules de l’Uemoa et de la Cedeao, ainsi que de la Société civile, le plaidoyer pour l’application desdites directives.
«L’industrie du tabac vise les populations les plus vulnérables, à savoir les jeunes et les personnes démunies. Les études ont montré que ces personnes justement sont les plus sensibles à l’augmentation des prix des produits du tabac», a relevé le directeur du Cres. Avec «une taxation susceptible d’augmenter substantiellement les prix», il est possible de fait reculer, chez les jeunes et les personnes démunies, l’âge de consommation de la première cigarette, a indiqué M. Diagne. Selon lui, on parvient à diminuer d’autant la quantité de tabac consommée et par la même occasion, on encourage l’arrêt de la consommation chez ces catégories de la population.
Il note que le Sénégal, «tout comme les autres pays de l’Afrique de l’Ouest, est attrayant pour l’industrie du tabac, en raison de sa croissance démographique et de l’augmentation des revenus des différents groupes de population».
«Si nous nous rappelons qu’au Sénégal, les jeunes de moins de 25 ans représentent plus de la moitié de la population, nous nous rendons compte également de toute l’importance que revêtent des mesures visant des augmentations des prix des produits du tabac, à la fois significatives et régulières», a-t-il souligné.
Partant du rôle que l’instrument fiscal doit jouer dans la lutte anti-tabac, les chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) ont adopté, en décembre 2017, une directive régionale sur la taxation du tabac.
Quelques mois plus tard, les chefs d’Etat de l’Union économique et monétaire ouest-africaine ont adopté, à leur tour, une directive sur la fiscalité des produits du tabac.
Une volonté politique de lutter contre le tabagisme qui s’est manifestée à travers l’adoption de ces deux directives, selon Pr Diagne.
«Nous devons saluer ces progrès dans la lutte anti-tabac en Afrique de l’Ouest, mais sans perdre de vue les nombreux défis à relever pour une application effective de ces directives. Si certains de ces défis sont politiques, beaucoup d’autres sont plutôt d’ordre technique», a-t-il indiqué.
La rencontre, selon lui, offre une opportunité de renforcer les capacités des experts nationaux à mettre en application ces deux directives régionales, mais aussi la Convention-cadre de lutte contre le tabac de l’Organisation mondiale de la santé (Oms), ratifiée par le Sénégal et qui enjoint à chaque Etat partie d’atteindre l’objectif de 75%, au moins, des taxes d’accise de la vente au détail des produits du tabac.
Aps