Constat – Crise politico-judiciaire : Le Cercle des intellectuels soufis alerte

Le Cercle des intellectuels soufis appelle toutes les Forces vives de la Nation à méditer les leçons de la loi d’amnistie, en vue de préserver la paix sociale, de renforcer et de garantir la prééminence de l’Etat de Droit au Sénégal.Par Ousmane SOW –
Face à la montée des tensions politico-judiciaires, le Cercle des intellectuels soufis (Cis) rompt le silence. Dans un communiqué, son président, Serigne Fallou Dieng, s’alarme de la tournure prise par la gestion des affaires politiques au sommet de l’Etat. Pour lui, «le recours au judiciaire pour arbitrer les joutes politiques est le reflet d’un manque de confiance dans le débat public et d’une démocratie qui vacille». Selon Serigne Fallou Dieng, les interpellations tous azimuts traduisent une «déficience intellectuelle, un naufrage communicationnel et une contre-performance politique du régime Pastef au pouvoir». Dans la même veine, il estime que cette «paranoïa et ce délire de persécution politique montrent que la redoutable mécanique de la meute pastéfienne, courroie de transmission des ragots sociaux et des potins numériques, a perdu toute sa force de dissuasion». Face à cette situation, le Cis appelle à un sursaut national. Il exhorte «toutes les Forces vives de la Nation à méditer les leçons de la loi d’amnistie, en vue de préserver la paix sociale, de renforcer et de garantir la prééminence de l’Etat de Droit au Sénégal». Cependant, le Cis rappelle que cette loi a déjà «enterré les crimes, l’insurrection politique et la répression sanglante perpétrée par les Forces de défense et de sécurité dans la crise préélectorale», et en conclut que «le dossier Adji Sarr devrait être enterré avec». Par ailleurs, le Cis recommande au gouvernement de «raccrocher sa politique de chasse aux sorcières et sa vaste campagne d’arrestations, conformément aux stipulations de la même loi». Mais ce n’est pas tout, les intellectuels soufis interpellent également la presse, mettant en garde contre un certain voyeurisme médiatique. «Les médias populaires doivent savoir que les mœurs légères des autorités publiques ne sauraient être le seul sujet qui passionne et attire l’attention publique», déclare le président du Cis, regrettant que le débat se limite souvent à des questions de vie privée. Pour le Cis, la priorité devrait être ailleurs : «Le Sénégal ploie sous mille maux, le seul sujet qui compte ne devrait pas tourner autour de la vie privée d’un homme politique.»
Toutefois, le Cis voit aussi dans les récentes secousses politico-judiciaires, «un malaise politique entre le Président et son Premier ministre». D’où cette invitation solennelle à Bassirou Diomaye Faye : «Interrogez votre passé, suivez votre conscience et restez vigilant.» Serigne Fallou Dieng met également le doigt sur un mal structurel qui ronge la démocratie sénégalaise : la méfiance généralisée envers les institutions. «L’un des vrais problèmes de notre vie politique, c’est la perte de confiance dans nos institutions : exécutives, législatives, judiciaires», déplore-t-il.
Pour le Cis, il est indispensable de sortir de cette logique de soutien opportuniste. «A quoi servent nos institutions si on les soutient seulement quand elles nous arrangent ? A quel moment leur fait-on confiance ? Pourquoi prôner l’Etat de Droit quand on veut le contourner dès qu’on est dans l’opposition ?», s’interroge le président du Cercle. Avant de conclure : «Redonnons du sens à nos institutions. Respectons-les, consolidons-les. Pour tous. Pour toujours.»
ousmane.sow@lequotidien.sn