Le privé national est convié à saisir les opportunités qu’offre le second œuvre qui correspond à 20% du projet des 100 mille logements sociaux du chef de l’Etat. De son côté, l’Etat est prêt à privilégier les entreprises nationales «à chaque fois qu’elles seront faibles».
Les 100 mille logements sociaux du chef de l’Etat correspondent à 20% de second œuvre, soit 20% de marge. Du carrelage aux portes et fenêtres, en passant par les sanitaires, les défis du second œuvre sont importants. Selon le ministre, c’est à peu près 100 milliards de chiffre d’affaires pour les cinq prochaines années, rien que pour le logement social. Un marché intéressant pour le privé national qui peut compter sur le soutien de l’Etat.
«A chaque fois que vous serez forts, on laissera le marché faire son œuvre. A chaque fois que vous serez faibles, on cherchera à vous protéger. Nous vous protégerons, nous vous privilégierons dans le cadre de mes projets», s’est engagé Abdou Karim Fofana. Le ministre de l’Urbanisme, du logement et de l’hygiène publique et ses collaborateurs rencontraient hier le Club des investisseurs du Sénégal (Cis) pour exposer les projets et programmes de son département, afin de voir comment travailler ensemble à l’atteinte des objectifs, notamment la production de logements décents et accessibles.
M. Fofana exhorte le privé national à imiter le Maroc où, dit-il, le logement a permis de créer 1,4% de croissance pendant dix ans. «Aujourd’hui, nous créons les conditions, c’est à vous de nous donner cette croissance-là. Au Maroc, on a pu créer 1,7 million d’emplois rien que par la politique de logement. C’est à vous chers chefs d’entreprise de donner au Sénégal ce million d’emplois avec l’accompagnement de l’Etat», exhorte le ministre.
Cependant, il y a une exigence. En contrepartie, les entreprises nationales se doivent d’être rapides dans l’exécution des commandes publiques et de tout ce qui est projet d’utilité publique, parce qu’au-delà de l’Etat, les populations attendent leurs logements. «Nous ne pouvons pas nous accommoder de lenteur ou d’absence de qualité. C’est un échange sérieux, mais aussi de vérité entre nous», avertit M. Fofana.
A l’en croire, le Sénégal a plus que jamais besoin de ses entreprises. «Je crois en vous et en votre capacité de relever les défis qui nous interpellent aussi bien en termes de production de logements que d’amélioration du cadre de vie», assure-t-il aux chefs d’entreprise.
Et dans sa réplique, le directeur exécutif du Cis précise : «Nous n’offrons pas de la lenteur et de la qualité défectueuse. Nous offrons de la vraie qualité dans les délais requis.» Abdourahmane Diouf ajoute : «Si nous n’avons pas la capacité technique, nous acceptons que le gouvernement recherche des privés internationaux. Mais en ce moment aussi, nous nous positionnerons comme des sous-traitants.»
Cependant, M. Diouf et Cie ne veulent pas être n’importe quel sous-traitant. «Il peut arriver que vous soyez des sous-traitants de luxe dans des domaines où vous savez que vous n’avez pas de la compétence et demander à ce que le transfert de technologies soit fait pour que dans cinq, dix ans, vous puissiez faire la même chose», a plaidé M. Diouf.
Selon Abdou Karim Fofana, l’Etat doit aider les entreprises locales à développer leurs affaires dans des conditions qui leur permettent d’avoir de la valeur ajoutée, mais aussi de développer leurs activités au-delà du Sénégal, étant donné que le pays est dans une zone Uemoa qui est très concurrentielle. En clair, il s’agit d’aider le privé national à porter l’économie sénégalaise. «Nous ne saurions construire l’émergence sans les entreprises sénégalaises. Nous leur faisons confiance, nous les porterons, les protégerons, les prioriserons», a promis le ministre en charge du logement.
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